Il existe à Gréoux, un petit musée
privé, consacré aux jouets anciens, ouvert trois après-midis par semaine. De quoi
exciter la curiosité, malgré une certaine méfiance devant les 7,50
€ réclamés à l'entrée. La maison est typiquement provençale,
haute, tuiles romaines, murs mitoyens, volets de bois peints en bleu. A l'intérieur, jolis
carrelages fleuris des années cinquante, balustres de fer forgé.
Mais il est difficile de s'y mouvoir : du sol au plafond, sur deux
étages et une dizaine de pièces, pas un espace nu ! Une
accumulation compacte de vitrines, poupées, clowns, ours en peluche,
jouets, miniatures. On se sent étouffé, sans savoir où donner de
la tête, c'est trop, c'est kitsch...
Et puis arrive l'employé, un homme
empressé, volubile. C'est lui qui
a tout installé, les vitrines, les décors, les tapisseries,
l'électricité dans les différentes maisons de poupées. Il nous
fait remarquer la vaisselle de Moustiers, le
mobilier d'époque, les costumes, les dentelles à la main... et la mise en scène. Détaille la
collection de vélos miniatures, du grand bi au tandem, les voitures
de pompiers, les trains électriques, les bateaux, les santons, les
poupées régionales et internationales. On commence à se repérer
dans l'immense fouillis.
Quand la propriétaire nous rejoint,
c'est le grand jeu. Elle raconte l'histoire de sa collection, les
achats effectués depuis plus de cinquante ans en salle des ventes,
partout dans le monde, les dons d'autres collectionneurs, les legs
après décès, les recherches dans les brocantes, et même à la
décharge. Les coups de coeur, les rencontres, la concurrence. Le travail de
restauration, de mise en valeur, le souci de la reconstitution
historique. Le vertige de la collection.
Derrière l'énumération d'anecdotes, toute son
histoire se profile. Femme de diplomate, elle a vécu dans
17 pays, rapporté des pièces
uniques de ses voyages, landau indien, poupée navajo, objets rituels... Et installé enfin son immense collection dans sa maison de Gréoux. Poupées de
porcelaine, de chiffon, de papier mâché, automates, mannequins
habillés par de grands couturiers, Bella, Gégé, Barbie... Pièces
anciennes, rares et chères, et poupées de pacotille cohabitent
dans un décor de manèges enchantés, de vaisselle de lutins, de
chefs d’œuvre de maitrise et meubles copiés de l'école Boulle. Un
hallucinant voyage dans le passé, dans l'enfance.
Après deux heures d'écoute et d'observation passionnantes, une
question se pose. Que deviendra cette superbe collection, dont on ne voit
qu'une partie, la cave et le grenierdes croulant aussi sous les stocks inutilisés ? Un musée municipal ? Non, dit la dame. A Gréoux, on ne
s'intéresse pas à ma collection. Mais j'ai déjà eu des
propositions privées. La dernière ? Un Chinois, qui rachète tout !
http://www.museedespoupees.com/active.php
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