La pluie avait cessé, le ciel restait gris. Depuis le Col
des Croix, les étangs apparaissaient comme par magie, au détour du sentier, à
l’abri d’une futaie, en contrebas d’une prairie, leur éclat métallique agité
par le vent. Quelques petits cabanons de pêche, pimpants, fermés pour l’hiver, des
hameaux isolés, aux maisons anciennes, aux beaux porches soulignés de grès, sans âme qui vive. Aucun signe du printemps, nos pieds écrasaient feuilles
mortes et pommes de pins, des écharpes de brume s’accrochaient aux collines.
Le plateau des Mille Etangs, façonné par les glaciers il y a douze mille ans, valorisé par les moines au Moyen-âge, reste une région préservée et mystérieuse. Les cartes IGN ne sont pas à jour, les points de repères sont indéterminés : rien ne ressemble plus à un étang près d’une maison qu’une maison avec étang. Les autochtones veulent éviter l’invasion touristique, ils méprisent le balisage. Pour visiter cette région bucolique, il faut accepter l’aventure !
Le ciel était nettoyé, la lumière annonçait l’imminence du soleil, le
retour fut pur bonheur. Les couleurs crues explosaient : fougères rousses
des
sous-bois, sapins et épicéas vert sombre, landes jaunies, étangs-miroirs
lumineux cernés de tourbières, de bruyères, et sous nos pas, un parterre de mousse drue,
d’un vert éclatant, souligné par le rose vif des rochers et des murets de grès.
Le vent poussait les nuages vers Le Drumont enneigé, qui étincelait au
loin, le paysage s’est ouvert, le ciel aussi, le soleil est apparu. Après la
pluie le beau temps.
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