A la croisée de la Journée de la Femme et du Conclave, j’ai
trouvé une histoire encore plus bluffante que celle du Pape des pauvres : la vie
de la Papesse Jeanne …
Elle commence au début des années 800, après la mort de
Charlemagne. Jeanne est une petite fille très intelligente, écrasée par son
père, un chanoine borné. Eh oui, les religieux sont mariés, mais ne manifestent
aucune sensibilité pour autant. L’époque est rude, c’est l’Age des
Ténèbres : Francs, Normands, Sarrasins et Saxons s’étripent, chrétiens et
païens s’entretuent au nom du Ciel, les hommes battent femmes et enfants, les
élèves subissent les sévices des professeurs, peste et lèpre déciment la population. Les
superstitions, l’illettrisme, la misère, la barbarie complètent le tableau. Malgré
ce contexte violent, Jeanne va réussir à suivre son chemin, un chemin rempli
d’embûches, de sacrifices mais aussi de lumière et de gloire.
Comment est-ce possible pour une fille, considérée comme un simple
morceau de viande à l’époque ? Eh bien, elle décide, après de brillantes études
de latin et grec dans une abbaye allemande renommée, de se déguiser en garçon, pour
pouvoir prendre l’habit de moine dans un couvent lointain. Ses compétences
médicales, religieuses et littéraires l’entraînent de Germanie jusqu’à Rome, à la cour du pape Léon,
à qui elle succède en 855.
Et comment le subterfuge est-il découvert ? Quand la Papesse Jeanne
accouche en public !
Si vous cherchez sur Internet, vous verrez que nombre
d’auteurs, de Boccace jusqu'à Yves Bichet, se sont emparé de cette histoire légendaire, pour
écrire romans, scénarii et autres pamphlets. Moi, j’ai lu l’ouvrage de Donna
Cross, un récit historique très documenté sur le IXème siècle,
période obscure, où quelques lueurs apparaissent : goût du savoir, des
voyages, reprise des constructions urbaines. L’intrigue est palpitante, les personnages hauts en couleur sont mus
par une impressionnante volonté, et une belle romance amoureuse pimente le tout.
Une lecture fascinante.
Ce qui accrédite la légende, en l’absence d’archives,
détruites après le scandale : l’existence d’une chaise percée au Vatican, par
laquelle le Pape, jusqu’au XVème siècle, se devait de montrer discrètement ses testicules* à un serviteur, pour éviter
toute méprise. Ainsi que la carte de la Papesse dans les tarots, symbole de la
polémique antipapiste qui s’est développée ensuite autour d’elle.
*« Duos habet et bene pendentes » ( Il en a deux,
et bien pendantes )
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