Le roman écrit en français par l’auteur afghan Atiq Rahimi,
né à Kaboul en 1962, avait obtenu le prix Goncourt en 2008, et un succès mérité.
Le film éponyme, mis en scène par l’auteur, fidèle au texte, est une pure merveille.
Malgré le cadre hostile (Kaboul en guerre, en ruines) et
l’intrigue minimale (une jeune femme monologue devant le corps inerte de son
mari), il se dégage force et beauté du film. Tous les tabous de la société
afghane, enfermement de la femme, domination patriarcale, omniprésence guerrière,
sont ici subtilement remis en question. Et la fin couronne une révolte secrète mais
intense.
Force, beauté, sensualité, sont les principales
caractéristiques de l’actrice iranienne qui porte le film : Golshifteh Farahani. Dans les tâches humbles de
la maison, laver, changer, renouveler la perfusion du blessé, ou courant au
milieu des gravats, des explosions, pour chercher de quoi nourrir ses
fillettes, même en tchador, sa présence lumineuse est indiscutable. Son rôle,
c’est maintenir la vie. Elle
est la vie même, fragile et têtue.
Les hommes à côté ne pensent qu’à détruire, tuer, ils possèdent le pouvoir, mais sont handicapés
des sentiments. La grandeur du film, c’est de montrer comment leur image forte
mais stérile peut se lézarder. A l’instar du mari, blessé d’une balle dans la
nuque, mais pas dans un combat héroïque, non, dans un vulgaire règlement de
comptes.
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