lundi 4 février 2013

Chronique littéraire : Rien ne s'oppose à la nuit, de Delphine de Vigan


La sombre histoire d’une famille, joyeuse, puis déchirée, que Delphine de Vigan essaie de comprendre, après le décès de sa mère. Elle enquête, mais les échos contradictoires n’apportent aucune réponse à la question fondamentale : Pourquoi Lucile, sa mère, belle, fantasque, et névrosée, lui a-t-elle tant manqué ?

Le puzzle se met en place à travers trois épisodes chaotiques, apportant chacun leur lot de douleurs et de joies. Lucile est née dans une famille bourgeoise nombreuse. Amour et gaieté règnent, grâce à la chaleur de Liane, la mère. Mais les tragédies se suivent, le bonheur s’effrite, et le père, Georges, règne par la terreur.
Puis les années passent. Lucile, mariée avec Gabriel, a divorcé très vite, est passée dans d’autres bras, jusqu’à ce que la maladie mentale la rattrape. Mère de Delphine et Manon, elle sombre dans la démence et la drogue. Internements, crises, les fillettes subissent les changements d’humeur, de foyer, la précarité, la peur.
Enfin, à 50 ans passés, Lucile connait une rémission, elle peut enfin vivre normalement,  suivre une formation, s’investir dans un travail, et profiter de ses petits-enfants. Mais le cancer la rattrape.
Récit tortueux, dramatique, dans un style écorché vif. Delphine de Vigan multiplie les scrupules, les interrogations, tente de comprendre, sans affirmer, sans juger. Lucile a-t-elle été violée à 16 ans ? La maladie bipolaire explique-t-elle ces relations chaotiques avec ses filles ? Personne ne peut plus répondre. Il lui faut accepter les non-dits, le silence, la souffrance passée, constitutives d’elle-même et de son écriture.

Delphine de Vigan  née en 1966, est l’auteur de plusieurs romans à succès, dont No et Moi, Les Heures souterraines
Rien ne s’oppose à la nuit, Prix France-Télévisions 2012, est sorti en livre de poche au prix de 7.60€.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 31 janvier 2013.

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