14h, nous sommes huit à affronter
la tourmente, sur le parking de l’auberge. Environ 25 cm de neige fraîche au
sol, des rafales. Ambiance Antarctique, température -1°, ressentie -6° précise la météo. Aucune visibilité. Le blizzard glacé attaque à l’horizontale, l’équipement
maximum est de rigueur. Nous chaussons les raquettes pour la première fois de
l’hiver, pas convaincus. Eric nous entraîne dans la forêt en contrebas, là où
le vent ne souffle pas. Et la magie de la neige opère. Vallon ouaté, arbres en
tenue de soirée, ruisseau scintillant, on oublie nos doutes. Quelle
chance d’être ici, de profiter de cette nature superbe ! Moment
privilégié, on se sent tellement mieux qu’en ville, où la pluie doit être sinistre…
C’est au retour au sommet que les
choses se gâtent. Les voitures sont congelées. La couche de neige épaisse, tassée
par la dameuse, forme des bourrelets chaotiques à la sortie du parking. Le jour
faiblit, tout est blanc, on ne distingue pas le ciel de la neige. Il faut partir,
vite. Nettoyage des vitres, déblocage des portes, des essuie-glaces, rangement
du matériel. La première voiture, courageuse, démarre mais stoppe juste devant un amas de neige, il faut contourner
l’obstacle, elle repart. La deuxième voiture, téméraire, la suit trop vite, et se plante
dans le tas de neige. Aïe ! Solidaires, on pousse, mais ça ne suffit
pas. Eric trouve une pelle et dégage les roues, ouf, elle peut repartir.
Eric part en dernier, pour rassurer tout le monde. La nuit est tombée,
la route est glissante, la visibilité mauvaise. Il est prudent, pas le moindre
coup de frein, qui mettrait le véhicule en travers. Moi ? Je me sens complètement
sereine : traverser l’enfer blanc en voiture avec Eric, en discutant littérature, c’est
comme regarder Croc-Blanc attaqué par les loups, du fond de son canapé…
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