Ma formation psychologique étant
empirique et parcellaire, j’apprécie les apports théoriques sur le sujet.
J’attendais beaucoup du film « Augustine », d’Alice Winocour, sur
Charcot. Fondateur de la neurologie, précurseur de la psychopathologie, mondialement
connu pour ses travaux sur l’hypnose et l’hystérie, J.M. Charcot (1825-1893) a
été le premier à considérer les fous comme des malades, et à les traiter en
êtres humains. Cela impose un certain
respect. L’épisode présenté dans le film est particulièrement réducteur.
Je ne critique pas le portait
d’un homme austère, taiseux, autoritaire, ambitieux. Il l’était peut-être. Mais
ses rapports avec Augustine ! Voilà sa patiente préférée qui guérit par
hasard, et non grâce à lui. Qui simule une crise d’hystérie publique, pour que
son héros obtienne le soutien de l’Académie. Et finit par faire l’amour avec
lui, thérapie qui a fait ses preuves… Tout est ainsi démoli : Charcot, ses
théories, l’Académie, la déontologie médicale.
Reste une ambiance réussie de
l’époque. Le machisme de la société : L’hôpital de la Pitié-Salpêtrière où
seules les femmes sont malades, soignées par des soeurs, sous le contrôle
d’hommes, qui griffonnent, ordonnent, bougonnent. Les fameuses Leçons, où un
auditoire de messieurs se repait de scènes d’hystérie et d’orgasmes, vécues sous
leurs yeux par des jeunes filles dénudées. Et une fin iconoclaste, avec
renversement de pouvoir. Le jeu des acteurs est impeccable, Soko futée et
charnelle s’opposant à un V. Lindon crédible en scientifique renfrogné.
J’aurais aimé un film sur le rôle
précurseur de Charcot. Les séances de travail présentées n’éclairent nullement ses
théories. Déshabille-toi. Assieds-toi. Couche-toi. Tu as mal ?
Rhabille-toi. Va t-en. C’est frustrant. On est loin d’A dangerous method, de Cronenberg, où les émois amoureux d’une
jeune malade, prise entre Freud et Jung, donnaient l’occasion de confronter leurs
théories, par des dialogues brillants.
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