La découverte, au sud de l'Ardèche,
en décembre 1994, par les spéléologues Chauvet, Brunel et Hilaire,
de cette grotte a bouleversé le monde de l'archéologie. Restée
intacte car l'entrée était masquée par un éboulis depuis des
millénaires, cette immense cavité incrustée de cristaux, jonchée
d'ossements d'animaux de la période glaciaire, conservait des
centaines de peintures rupestres. Les scientifiques alertés furent
émerveillés par la qualité et la diversité des peintures. Leur
âge ? environ 35 000 ans avant notre ère, reculant ainsi les
débuts supposés de l'art pariétal. Les artistes du paléolithique
ont utilisé les irrégularités des parois, les ombres, la
perspective, pour donner l'illusion du mouvement et du volume,
témoignant d'une technique parfaitement maîtrisée, et d'une grande
connaissance du monde animal.
Pour ne pas commettre la même erreur
qu'à Lascaux, où l'ouverture au public, modifiant les conditions
atmosphériques, a engendré une dégradation inexorable des
peintures (de 15 000 ans postérieures), la décision de fermer le
site fut prise rapidement. Seuls quelques scientifiques peuvent
actuellement pénétrer dans la grotte Chauvet, pour un temps très
court.
Le réalisateur Werner Herzog a été
autorisé à filmer l'intérieur en 3D. Il a réalisé La grotte
des rêves perdus, un document
où l'esthétique de l'art pariétal se mêle à la magie minérale
des lieux. Stalactites, stalagmites, concrétions étincelantes,
squelettes calcifiés apparaissent et disparaissent à la lumière
des torches, encadrant un bestiaire de quatorze espèces différentes,
mammouths et rhinocéros, chevaux et lions exceptionnels de réalisme.
Ce film, aux images superbes et
émouvantes, malgré une fin discutable, aide à promouvoir un
grand projet. D'une part, la construction d'un fac-similé de la
grotte, pour ouvrir au public ce fabuleux témoignage des débuts de
l'humanité. Les mesures au laser ont permis de réaliser une
maquette totalement fidèle. L'ensemble pédagogique et culturel de
grande envergure, où seront restituées l'ambiance et les
peintures, financé par le département, la région, les affaires
culturelles, devrait ouvrir ses portes en 2014.
D'autre part, la Grotte Chauvet-Pont
d'Arc est candidate à l'inscription au Patrimoine de l'UNESCO. Une
inscription qui engendrerait une renommée touristique mondiale, et
donc un bouleversement économique et social dans la vallée de
l'Ardèche. Un pari sur l'avenir.
Le premier obstacle, c'est que la
France ne peut présenter que deux projets à l'UNESCO, et la
concurrence est rude. La Grotte Chauvet n'est qu'une des candidates à
la candidature.
Soutenez la Grotte Chauvet en la
faisant connaître, et en signant la pétition sur son site ! Sa candidature est amplement justifiée :
quel meilleur symbole du patrimoine de l'humanité que les œuvres
des artistes du paléolithique ?
Et puis, l'intelligence des hommes
préhistoriques au service du développement du vingt-et-unième
siècle, quelle belle leçon d'humilité !
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