Un livre érudit, qui décortique le vingtième siècle, pour
des vacances studieuses.
Contrairement à ce que suggère le titre, l’important n’est
pas ici le roman d’amour, mais le contexte historique, social et culturel. De la Belle Epoque à la
guerre d’Espagne, puis à l’embrasement
mondial, entre Barcelone et Lyon, guerres et crises sociales se succèdent, tandis
que les filatures traditionnelles évoluent en grands trusts industriels,
Rhône-Poulenc, Rodiaceta.
La narration démarre en 1917 : Deux familles espagnoles
quittent leur misérable campagne, andalouse pour les uns, catalane pour les
autres, espérant mieux vivre à Barcelone. Ce sont les aïeux de l’auteur, pris
dans les tourments des premiers combats sociaux, de la guerre de 1914, de la
révolution russe et la crise de 1929.
En parallèle de l’itinéraire de ces ouvriers rebelles, le
destin de familles lyonnaises riches et puissantes : les Gillet, les
Poulenc, les Férié, d’abord simples soyeux, puis industriels dans le textile artificiel
et la chimie.
Exerçant un pouvoir absolu sur Lyon, utilisant les progrès
technologiques, multipliant les alliances internationales, même en temps de
guerre.
La fresque sociale se poursuit avec l’histoire d’Antoni et
Isabel, qui se rencontrent à Barcelone en 1925. Une vie pleine d’espoirs
commence pour eux, réduite à néant par la guerre civile de 1936, puis celle de
1940. Fuite, exil en France. Avant les retrouvailles et l’intégration, ils
connaitront le malheur, des camps de
réfugiés espagnols des Hautes Alpes, aux camps de concentration nazis, en
passant par les combats de résistants dans le Vercors.
Vincent Borel, né à Gap en 1962, passionné de musique, a
publié plusieurs ouvrages historiques. Dans ce livre, il rend hommage à ses
ancêtres espagnols, en nous faisant parcourir à leur suite le 20ème siècle. Son
vocabulaire est précis, savant, parfois lyrique, mais c’est surtout sa riche
documentation qu’il faut saluer. Une prodigieuse leçon d’histoire moderne.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 2 août 2012.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 2 août 2012.
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