Week-end pascal en vallée du Rhône, suite.
L’estomac plein, le frigo aussi, d’autres plaisirs m’interpellent. Plaisir des yeux : La végétation printanière, en avance d’un mois sur notre Territoire : cerisiers et poiriers blancs, lilas et glycines mauves, tamaris et arbres de Judée lumineux. La floraison des pêchers est terminée, dommage, c’est le moment que je préfère, la région est alors d’une beauté immatérielle, avec ses vergers roses mousseux, comme des nuages en lévitation.
Pour JP, la première activité, c’est le
bilan végétal de nos deux terrasses. Le gel de février et la sécheresse de mars
ont causé plus de dégâts que d’habitude : Un laurier vieux de quinze ans,
et le grand cèdre sont morts. La vigne et le pistachier reprendront-ils ?
L’olivier semble en forme. Le houx et le buis s’en tirent bien. Le petit tamaris
est fleuri. JP va s’occuper d’eux, arroser, tailler, déterrer, rempoter.
Le plus pratique, c’est de commencer par aller à la
coopérative agricole de Tain. A côté du matériel professionnel, on y trouve
quantité de boutures, plants, semis, de saison. JP revient avec un nouveau
cèdre, une bougainvillée mauve et un palmier. Monte les sacs de terre apportés
chez nous (la bonne terre, dans le Territoire, on n’en manque pas) et
entreprend de réaménager les jardinières, retirer les végétaux secs, aérer les
vivants, adapter le contenant au contenu. Tandis que j’épluche mes kilos
d’asperges.
Quand il a terminé, le coup d’œil sur les terrasses est
agréable.
Dans la région, quelques jardins remarquables se
visitent. Le jardin zen d’Erik Borja est
à notre programme. Paysagiste de réputation internationale, Borja a réalisé des
jardins d’inspiration japonaise partout dans le monde, dont la célèbre Bambouseraie
d’Anduze. Il se trouve que son « laboratoire » est situé juste à côté
de Tain, en Drôme des Collines, au bord de l’Herbasse. Un superbe jardin de
trois hectares, cerné de vignes et vergers fleuris.
Erik Borja maitrise à la perfection le mariage de l’eau, du
minéral et du végétal. Pas de plates-bandes fleuries, mais des volumes
sculptés, des étagements verticaux, grands arbres, buissons, et mousses,
bordures, vivaces à leur pied. Des tableaux végétaux en relief, traversés de
chemins sinueux, dallés de pierres anciennes. Cascades et étangs, où coassent
les grenouilles. Jardin de méditation, avec ses roches étranges, son gravier
ratissé, jardin de thé, avec maisonnette et érables. Jardin de bambous et
portique flamboyant. Jardin de promenade entre chênes et conifères. Dégradé de
verts, l’ensemble est conçu pour être beau en toutes saisons.
Ce qui fait l’originalité et la beauté de ce domaine, c’est
la maitrise de la perspective, et de l’agencement des couleurs, des textures et
des formes. Quelques arbres délicatement fleuris, camélias, magnolias dominent loniceras
taillés en nuages, viornes rares, bambous dénudés jusqu’à mi tronc. A leurs
pieds s’épanouissent iris japonais, coussins de bruyère et graminées variées. Une
grande leçon de jardinage.
JP en tire quelques conclusions. Et au matin de Pâques, dès
9h, nous arpentons la fête des fleurs de la Roche de Glun, dans le cadre
idyllique du golfe des Musards. Tous les pépiniéristes de la région s’y sont
donné rendez-vous, et la profusion de plantes, de fleurs, d’arbres est un régal
pour les yeux. Collection de cactus, de bulbes, rosiers anciens, plantes
méditerranéennes, vivaces, rustiques, aromatiques, on ne sait plus où donner de
la tête.
Je choisis un basilic pourpre, JP une menthe bergamote, puis
nous craquons pour des dipladenias jaunes et rouges, un rosier liane couvert de
boutons, des œillets bicolores, des genêts roses et blancs, les iris japonais
de Borja…
Tout ça, c’est pour fleurir notre jardin de Delle ! Pour
emporter avec nous un peu de Vallée du Rhône. Le coffre de la voiture ressemble
à une serre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire