Je viens de lire un article du
Monde sur le sujet, qui m’a fait un bien fou. Un philosophe, François L’Yvonnet,
vient de publier un essai chez Fayard : L’intégrisme de la
rigolade. J ’ai réalisé combien, moi aussi, j’en avais marre de la dérision. Des bons
mots qui remplacent les mots porteurs de sens. Si on entend le message d’un
homme politique une fois, on entend mille fois son discours détourné.
L’important est passé au second plan. Il faut d’abord rire. Cette inversion
systématique des valeurs me hérisse.
On a l’obligation de se marrer le
matin à la radio, le soir à la
TV. Les humoristes ont-ils remplacé
les prières rituelles ? Est-ce le signe d’une société
malade ? Est-ce que se moquer fait du bien au moral ? Non, Car si l’humour,
le rire, est revigorant, l’ironie est plutôt malsaine, elle qui se fait aux
dépens des autres.
C’est difficile de lutter contre les
humoristes. Individuellement, ils ont la phrase assassine, le raccourci
fulgurant, la parole qui fait mouche. Ils me font peur, à moi qui manque de
répartie. Ils me font peur aussi parce qu’ils représentent ensemble un pouvoir
terrible : plus d’émission sans eux, qui permettent de faire monter
l’audience, qui rapportent, qui engrangent les bénéfices d’un système sur
lequel ils crachent. Ils ne jouent plus leur rôle de critiques, ils n’ont plus
rien de subversif, et contribuent à la désinformation. Moi, je n’arrive même plus à les identifier, tant leurs
recettes sont les mêmes. Ils trichent.
Je ne pense pas être capable de
lire entièrement l’essai qui leur est consacré, je ne suis pas philosophe. Mais
j’aime les mots, et j’apprécie que l’auteur leur redonne tout leur sens. « L’impertinence
règne, au lieu de la
pertinence. L ’irrévérence au lieu de la révérence. Mais le
contraire de la soumission, ce n’est pas l’irrespect ! »
Bonjour
RépondreSupprimerEntièrement d'accord avec vous sauf que je suis moi même humoriste et que je saurais user de répartie si jamais je me trouvais en face d'un de ceux qui se croient drôles. En vérité les humoristes (ou prétendus tels) ne font que se copier et naviguent dans le superficiel. Ils n'ont aucune culture personnelle. Ce sont de petits singes qui caricaturent les autres et vendent leur camelote que parce qu'"ils dépeignent les travers d'autrui et savent si bien croquer nos petits défauts" (selon la propagande publicitaire utilisée pour vanter chacun d'eux). L'humour gagnerait à être subtil, gracieux, intelligent. C'est ce que j'essaie de faire sur mon blog (les bons mots de fabiano). Je dis bien "j'essaie" Mais pour ne pas être enfermé dans l'humour je me lance aussi dans la poésie, la vraie. Je plains ces humoristes "one man show" qui vendent tous la même soupe et qui
tombent dans l'aveuglement d'une gloire dérisoire.
Vanitas vanitatum !
Merci pour votre article et pour votre blog
Fabien Janssens