Dans le dernier costume, on n’emporte rien, puisque c’est le
linceul. Celui dans lequel Chamseddine Marzoug, pêcheur à Zarzis au sud de la
Tunisie, près de la Lybie, inhume les migrants anonymes morts en Méditerranée,
dont il recueille les corps abandonnés sur la plage. Un homme dévoué et
modeste, mais obstiné, qui poursuit son travail malgré les difficultés. Autour
de qui Laurent a brossé le quotidien de Zarzis, où se mêlent pêcheurs,
passeurs, touristes, migrants rescapés ou en attente de départ.
Laurent Galandon est Valentinois, auteur reconnu de plus
d’une quarantaine de BD depuis vingt ans. Un auteur humaniste, dont les thèmes
sont toujours des sujets de société. En 2018, il découvre le travail de
Chamseddine à travers un film de Hugo Clément, qui le révèle au grand public. Chamseddine, ancien pêcheur, membre du
Croissant Rouge, a déjà enterré des centaines de personnes depuis douze ans
dans son Cimetière des inconnus. Invité
au Parlement européen en 2018, il plaide pour la prise en considération de la
tragédie migratoire et réclame un nouveau terrain afin de continuer à donner
une sépulture digne aux migrants décédés.
Laurent a donc pris contact avec Chamseddine et est allé
passer 15 jours chez lui, pour s’immerger dans Zarzis, plaque tournante de
l’immigration clandestine. Le récit choral qu’il en a tiré « Le dernier
costume n’a pas de poche » montre la lutte au quotidien de Chamseddine
pour apporter humanité et dignité aux vivants comme aux morts qui l’entourent.
Le Centre du Patrimoine Arménien ne pouvait passer à côté
d’une telle histoire. L’exposition construite à partir des planches et photos
de Laurent Galandon a ouvert dimanche 16 février, devant un public nombreux et
motivé. Elle est enrichie par les apports théoriques de deux ethnologues, qui
rappellent que 31 283 personnes ont disparu en mer durant les 10 dernières
années, sans compter ceux dont les corps n’ont pas été retrouvés.
L’actualité de Laurent Galandon est trépidante en ce début
d’année, puisqu’il vient d’être récompensé par le Fauve jeunesse au festival de
BD d’Angoulême pour son dernier récit « Retour à Tomioka » sur
l’après Fukushima. Une BD qui va bientôt devenir un film d’animation dans les
locaux du studio Foliascope de Saint-Péray. De la Tunisie au Japon en passant
par Valence, Laurent Galandon essaie de contribuer à une prise de conscience de
la société devant les injustices. Qu’il pratique lui-même, pas seulement en
écrivant, mais en accueillant régulièrement de jeunes réfugiés à son domicile. Un
message de foi en l’humanité.
Dernières BD de Laurent Galandon : « Le dernier
costume n’a pas de poche » chez Futuropolis et « Retour à
Tomioka » chez Dargaud.
Laurent sera présent au festival de BD « Bulles en Drôme » début mai à Eurre.
Article publié dans Regard Magazine de Mars 2025.
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