mercredi 29 janvier 2025

Un cinéma et un itinéraire singuliers

Françoise Ferraton présente son film « Krishnamurti, la révolution du silence » au ciné-Théâtre de Tournon. Cinéaste connue sur le plan national, Françoise Ferraton a passé sa jeunesse à Tain dans une famille de vignerons. Rien ne la disposait à une carrière de scénariste et réalisatrice de courts puis de longs métrages, si ce n’est son goût pour la culture et sa liberté de pensée.

Liberté de pensée, voilà qui résonne parfaitement avec Krishnamurti, un des plus grands philosophes du XXe siècle, dont l’enseignement repose sur la conviction que les mutations fondamentales de la société ne peuvent aboutir qu’au prix d’une transformation de la conscience individuelle : « Être à soi-même sa propre lumière, c’est être libre ». Françoise Ferraton a réalisé un film contemplatif, où des images de toute beauté amènent le spectateur à se laisser séduire par la puissance des mots du penseur indien. Sorti en 2024 à Paris, ce documentaire a déjà remporté un vif succès dans les salles de cinéma Art et Essai partout en France.

Françoise est née en 1946, elle a participé à la création de la MJC de Tain en 1968 avec un groupe d’amis, une maison qui a invité de nombreux artistes, peintres, plasticiens, sculpteurs. Elle a décidé ensuite de quitter son emploi de vendeuse de chaussures pour effectuer des études d’animation à Grenoble puis une formation de comédienne à Aix. S’en est suivie une carrière théâtrale pendant 15 ans, particulièrement dans la tragédie grecque.

C’est ainsi qu’un jour de 1986 elle a rencontré Marguerite Duras, écrivaine, dramaturge et réalisatrice, au Festival de cinéma de Digne. Un festival dont la vocation est de relier le langage filmique à d’autres secteurs artistiques. Une certitude s’est alors imposée à Françoise : se consacrer à ce genre de cinéma, et d’abord tourner un court métrage d’après le poème Aurélia Steiner de Duras. Sa vocation affirmée, en 1991, elle a créé sa propre société de productions, Mäya films. En 1992, elle a réalisé « Terres Blanches », un film contemplatif sur Le Rhône et l’Hermitage. D’autres films ont suivi, dont celui présenté au cinéma de Tournon mercredi 29 janvier à 20h et dimanche 2 février à 17h 30 : « Krishnamurti, la Révolution du Silence ».
Une page de méditation nécessaire en cette époque troublée.

Article publié dans le JTT du jeudi 23 janvier 2025.

mercredi 22 janvier 2025

La Confédération paysanne d’Ardèche se mobilise pour l’'avenir de l'agriculture

Salle comble mercredi soir au ciné-théâtre de Tournon pour la projection du film "Vignes sur le fil ", dans le cadre du Festival du film paysan.  Ce festival, proposé par la Confédération paysanne de l’Ardèche et le réseau d’aide ADDEAR 07,
met en lumière les enjeux du monde agricole face aux changements climatique, environnementaux et sociétaux. Du 10 au 19 janvier, 15 projections abordant des thèmes différents, sont programmées partout en Ardèche, suivies d’échanges.

A Tournon, le documentaire sur la vigne a mobilisé les viticulteurs de la Drôme-Ardèche du nord. Ce film a été tourné dans quatre pays méditerranéens, Espagne, Portugal, Italie, Grèce, où le réchauffement climatique est déjà plus marqué qu’en France par trois jeunes ingénieurs agronomes. Ils ont parcouru ces pays et interrogé une soixantaine de vignerons, soumis à des caprices météorologiques de plus en plus graves et fréquents : sécheresse ou inondations, température frisant les 45° ou périodes de gel jamais connues, appauvrissement des sols… Et ils ont écouté et enregistré leurs méthodes pour s’adapter et tenir dans les prochaines décennies.

Végétalisation des vignes, taillage des ceps en pergola, mélange avec d’autres cultures, présence de troupeaux, plantation du porte-greffe bien avant le greffon, réintroduction des cépages traditionnels, partage des équipements … La tendance est de passer à une production moins rentable mais plus adaptée, à se passer d’irrigation car l’eau se raréfie, à ne pas stresser les plants en diminuant le rendement. Leur conviction, c’est que l’homme doit s’adapter à la nature et pas l’inverse.

Ce documentaire a passionné le public et ouvert un échange avec les viticulteurs médiateurs, Régis Gonnet de Glun et Laure Colombo de Saint-Péray, ainsi que Aurélien Mourier, représentant de la Confédération paysanne et Isaure Sellier, une des coréalisatrices du film. Les viticulteurs du public ont déploré qu’aucune véritable recherche n’existe sur le sujet en France, où les cahiers des charges sont très contraignants. Quant aux chambres d’agriculture, dont le système électoral est aberrant, elles ne répondent pas aux problèmes.

La Confédération paysanne, très implantée dans la région, prône une agriculture de qualité et respectueuse de l’environnement, une économie des ressources, la transmission des savoirs, et des conditions de vie décentes pour des paysans. Mais pour qu’elle puisse jouer un rôle, il faut qu’elle soit représentée largement et donc il faut voter pour elle !

Article publié dans le JTT du jeudi 23 janvier 2025.


jeudi 16 janvier 2025

La messe des truffes

Une célébration traditionnelle mais insolite a lieu chaque année le troisième dimanche de janvier, à Richerenches, petit village près de Grignan, haut-lieu de récolte de la truffe noire. On y fête Saint-Antoine le Grand, patron des trufficulteurs, et la truffe y est à l’honneur… dans une messe pas comme les autres !

En attendant l’ouverture de l’église, à 10h, la foule s’agglutine sur le parvis : habitants, trufficulteurs de la Drôme provençale, du Tricastin, mais aussi visiteurs venus de loin pour assister au « spectacle » de cette célébration du Diamant noir. Quand les portes s’ouvrent, l’église se remplit en un clin d’œil, tant pis pour les retardataires qui restent debout dehors. Le décor est en place : l’autel garni de superbes truffes gros format, la Confrérie des trufficulteurs en grande tenue, et la chorale provençale

La messe se déroule normalement jusqu’au moment de … la quête. C’est le moment exceptionnel, attendu par le public curieux. Les photographes sont fébriles, car la tradition veut que chacun dépose une truffe en guise d’obole. Et ce n’est pas un vœu pieux : Le panier, tendu par un membre de la Confrérie, se remplit peu à peu de truffes (les billets sont néanmoins acceptés). Les effluves odorants se répandent dans toute l’église.

Après la messe, tout le monde se retrouve sur le parvis pour la pesée des truffes récoltées. Le prêtre et un membre de la Confrérie du Diamant noir officient sur une balance romaine. Une grande vente aux enchères des truffes s’ensuit, au profit de la paroisse, et les amateurs sont nombreux.

La fête se clôture par un apéritif géant organisé par la mairie. Suivi d’un grand repas sur réservation, comme au temps des Gaulois, qui considéraient déjà la truffe comme un don du ciel.



Article publié dans le JTT du jeudi 16 janvier 2025.


jeudi 9 janvier 2025

Chronique littéraire : Les corps solides, de Joseph Incardona

Il faut un corps solide pour assumer le quotidien, quand on vit comme Anna à la limite de la pauvreté. Elle vend des poulets rôtis sur les marchés, pour assurer sa subsistance et celle de son fils Léo. Mais quand la camionnette qui constitue sa seule richesse, est accidentée, une spirale infernale se met en place. La seule possibilité pour s’en sortir est de participer à un jeu télévisé pour gagner un superbe 4X4.

Le roman social se transforme alors en satire. Les vingt candidats retenus pour le jeu s’affrontent sous le regard voyeur des caméras. Le principe : il faut garder sa main posée le plus longtemps possible sur la carrosserie rutilante, le gagnant sera le dernier à retirer sa main. Le jeu idiot devient sadique au fil des heures, des jours, avec la fatigue, les crampes, les évanouissements … Et le public se régale.

La fin en apothéose permet de reprendre espoir en l’humanité. Espoir représenté par Léo, un adolescent fana de surf, qui soutient sa mère tout au long de l’épreuve.  Finalement, le vrai moteur de l’histoire, c’est l’amour maternel, qui rend les corps et les âmes solides.

Joseph Incardona est un auteur et scénariste suisse d’origine italienne né en 1969 à Lausanne. Il analyse avec lucidité et humour les dérives de notre société et ses romans ont obtenu de nombreux prix. Son roman est disponible en poche chez Pocket.

Chronique publiée dans le JTT.

jeudi 2 janvier 2025

SocialDream, une technologie virtuelle innovante pour mieux vivre


La société SocialDream utilise la réalité virtuelle pour redonner le sourire et l’expressivité aux malades, personnes âgées, handicapés, ainsi qu’aux valides, en les immergeant totalement, grâce à un casque, dans un monde qui autrement leur serait inaccessible. La libération d’émotions positives qui s’ensuit contribue alors à leur bien-être.

Thierry Gricourt, l’entrepreneur et concepteur de la société, a eu le déclic en observant les réactions du public lors de sa présentation de réalité virtuelle à la Foire du Dauphiné. Des visiteurs qui n’avaient jamais essayé auparavant un casque de réalité virtuelle, épatés et ravis par l’expérience, exprimaient leur plaisir et leur sensation de détente, après avoir « vécu » virtuellement un voyage en Polynésie, une visite des Pyramides ou un trek en Laponie. L’idée a immédiatement germé : Sachant que le problème de la santé mentale est un souci majeur de la société, pourquoi ne pas adapter ce concept aux personnes fragilisées ? Et, à une plus grande échelle, pour apporter du bien-être à tous ?

Il a fallu convaincre les instances médicales. Avec son équipe de Bourg-de-Péage, Thierry a mis au point des interventions régulières dans les EHPAD, où les personnes âgées, immergées dans un scénario virtuel à 360°, sortent de leur mutisme, expriment leurs émotions, par des mouvements, des paroles, des interactions. Ainsi, dans la Drôme, au Plovier, au Clos de l’Hermitage, à Escale Répit à Tain, où des patients souffrant de la maladie d’Alzheimer, confrontés à des réminiscences personnelles, comme l’immersion dans leur ancien métier ou leur ancien village, ont immédiatement réagi positivement. Idem dans les hôpitaux, en pédiatrie, où les enfants casqués en RV, se laissent plus facilement soigner lorsqu’ils sont plongés dans une fête foraine ou un spectacle de cirque virtuels. Quant aux malades en chimiothérapie, en dialyse, la réalité virtuelle leur apporte un soulagement par l’évasion.

Ce n’est donc pas un mirage ni une vue de l’esprit. Thierry Gricourt a fait appel à des psychologues, des médecins, des scientifiques, pour mesurer l’impact des séances et établir des preuves de stimulation sensorielle indubitables. Les 40 muscles du visage, la voix, la mobilité, les zones cérébrales ont été enregistrés et analysés. Après 7 ans de recherches, d’expérimentations, les résultats sont probants. La participation en 2023 et 2024 de SocialDream au CES, le salon high-tech mondial de Las Vegas, fut une reconnaissance méritée ouvrant sur les marchés américains et asiatiques.

Thierry Gricourt ne s’arrête pas là. Il veut désormais maîtriser de bout en bout le concept de thérapie par réalité visuelle. Production de films personnalisés, propositions d’exercices de réadaptation, de jeux, de films. Prestation suivie dans les établissements de santé. Et surtout élaboration d’un nouveau casque virtuel, Dreamsens, qui n’aura pas les défauts du casque actuel. Ce casque captera les émotions, les réactions, et sera capable de réagir en fonction d’elles grâce à des capteurs cérébraux. Pour cela, il travaille avec des équipes d’ingénieurs des CEA de Grenoble et Saclay, spécialisées dans les technologies innovantes liées au domaine de la santé.

Inventer et produire des outils thérapeutiques destinés à préserver ou améliorer la santé mentale, sortir les personnes fragiles de leur isolement, ou simplement offrir une séance de bien-être virtuel, les applications du concept sont infinies. Et c’est de Bourg-de-Péage, avec une toute petite équipe, que cette révolution est partie ! Bravo à Thierry Gricourt, à ses géniales illuminations et à son empathie. SocialDream n’est pas un rêve.

Le casque Dreamsens : Certaines personnes ne supportant pas qu’on touche leur visage, avec le casque classique, Thierry Gricourt a élaboré un casque plus grand, sans contact avec le visage ni réglages, et adapté au port de lunettes. Semblable à un casque de moto, ce casque à usage thérapeutique permet de visualiser les vidéos à 360° dans des conditions optimales, comme au Futuroscope. Il est équipé de capteurs sensoriels qui recueillent et analysent les émotions des utilisateurs en temps réel. Relié à une IA, il permettra de réguler les émotions positives et même de prévenir certaines maladies. Un outil puissant grâce auquel chacun pourra changer d’univers, vivre ou revivre des émotions. Ce casque intelligent et bienveillant a obtenu l’innovation award 2024 à Las Vegas. Une consécration pour Thierry Gricourt et son équipe. 

Article publié sur Regard Magazine et sur le JTT du jeudi 2 janvier 2025.