Adèle Bréau est la petite-fille de Ménie Grégoire. En mêlant fiction, souvenirs et biographie, elle retrace la vie exceptionnelle de cette pionnière qui a libéré la parole des femmes, dans les années 70, et rappelle l’influence de ses émissions à la radio. En tricotant la vie de Ménie avec celle de quelques-unes de ses fidèles auditrices, elle nous plonge dans la société corsetée de l’époque.
La très populaire station de radio RTL ayant décidé de renouveler ses programmes, elle engage Ménie Grégoire en 1967 pour animer une émission destinée au public féminin. Ménie, à 50 ans, n’entend cependant pas se laisser dicter ses choix, elle sait de quoi les auditrices ont besoin : De parler d’éducation des enfants, de vie conjugale, de violences, de problèmes sexuels même, un sujet tabou à l’époque. Et c’est un succès absolu. Des millions de femmes écoutent son émission chaque jour, lui écrivent, interviennent à l’antenne. D’autres harcèlent Ménie, l’insultent comme une femme de mauvaise vie, parce qu’elle ose aborder tous les sujets sans honte.
Ménie Grégoire a connu une autre vie avant l’antenne de RTL.
Elle est née et a vécu toute sa vie dans la haute bourgeoise, a fait un grand
mariage et trois filles. Puis s’est autorisée à écrire quelques articles sur
l’émancipation des femmes, leur travail et la contraception. Ce sont eux qui l’ont
fait remarquer du directeur de RTL. C’est ainsi que commence l’émission
« Allô Ménie », qui sera diffusée tous les après-midis jusqu’en 1982.
Une véritable bouffée d’oxygène pour les femmes qui n’avaient alors aucun droit,
et surtout pas celui de s’exprimer.
Ménie a fait évoluer la société, en étant à l’origine de
tous les combats féministes. Son influence a bouleversé les rapports entre
hommes et femmes. Mais pour les femmes, rien n’est jamais acquis, il faut s’en
souvenir encore aujourd’hui.
Adèle Bréau est née en 1978. Blogueuse, journalise,
romancière, elle est depuis 2014 la directrice du site internet Terrafemina, la
référence actu des femmes. Son roman est disponible au Livre de Poche.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 29 août 2024.
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