jeudi 26 septembre 2024

L'Accueil Muzolais en Provence

C’est dans deux bus Palisse que 93 adhérents de l’Accueil Muzolais sont partis lundi 16 septembre pour un séjour rando de 3 jours en Provence. Comme chaque année, plusieurs groupes de niveau étaient prévus, depuis les simples touristes jusqu’aux marcheurs confirmés. L’hébergement était assuré le soir dans un village de vacances de La Londe-les-Maures.

Le parc naturel de la Sainte-Baume est un lieu impressionnant, avec sa profonde forêt de pins, hêtres et chênes, dominée par l’impressionnante falaise blanche, au sommet de laquelle les randonneurs ont pique-niqué au soleil. Côté spirituel, la découverte de la chapelle du Pilon, la grotte et le sanctuaire dédiés à Marie-Madeleine a marqué le premier jour.

La traversée en bateau pour la visite de l’île de Porquerolles était au menu du deuxième jour. Plages bordées de pins, d’arbousiers et de bruyères ou falaises abruptes, à découvrir à pied ou à vélo, selon les goûts de chacun. Un bel orage a précipité tout le monde au port en fin d’après-midi.

Et le troisième jour a été consacré au sentier du littoral, à partir de La Croix-Valmer. Un sentier escarpé entre rochers roses, criques invitant à la baignade, forêt de mimosas et d’eucalyptus. De quoi s’enivrer des paysages et des senteurs méditerranéennes, avant le retour à Saint-Jean-de-Muzols, fatigués et contents. Merci aux organisateurs de ces belles randonnées qui allient sport et tourisme !

Article publié dans le Jtt du jeudi 3 octobre.

mercredi 18 septembre 2024

Les mariniers du Rhône

De tous temps, le Rhône a servi de voie commerciale et de passage malgré son débit irrégulier et tempétueux. Depuis les radeaux de bois et pirogues jusqu’aux péniches actuelles, il a été le lieu de nombreuses innovations techniques pour faciliter la navigation. L’âge d’or de la batellerie se situe entre 1800 et 1900, le transport était alors organisé en convois de barques, commandés par la barque capitane.

Ces trains de bateaux utilisaient la force du courant, à la descente, elles étaient dirigées par les mariniers à l’aide de grandes perches graduées, les harpies. Il fallait alors 10 jours pour aller de Lyon à Beaucaire, et 35 pour remonter, halés par des chevaux. Lyon et Beaucaire étaient le siège de grandes foires saisonnières, qui duraient une vingtaine de jours, et permettaient les échanges commerciaux. Les marchandises étaient réparties sur les différentes barques à fond plat, chacune pouvant charger jusqu’à 50 tonnes de matériaux de construction, céréales, tissus, vins, huile…, mais à la descente, il fallait aussi loger les chevaux. Au retour, ce sont eux qui tiraient le train de barques depuis le chemin de halage. Un chemin pas toujours facile, il fallait parfois dételer et utiliser des mules ou des hommes !

Le musée des mariniers et de la batellerie de Serrières retrace l’aventure de ces grands équipages, qu’on ne retrouve sur aucun autre fleuve. Une copie du fameux tableau de Dubuisson, réalisé en 1843, illustre parfaitement la remontée sur le chemin de halage, à la force des chevaux. Le musée présente aussi la vie des habitants du bord du Rhône. Serrières était alors une étape incontournable le long du Rhône, un comptoir où vivaient de nombreuses familles de mariniers, qui se relayaient sur les barques.

Plus tard, vers 1850-1870, la traction par un « toueur » a remplacé les chevaux. C’était un genre de remorqueur qui tractait les barques grâce à un câble installé entre deux points fixes éloignés de 15 km. L'enroulement d'un câble à bord lui permettant de tracter des barges lourdement chargées. Un autre lui succédait plus loin. On peut encore voir à Valence le toueur « Ardèche » construit en 1896, échoué et envasé dans le port de l’Epervière. Puis, avec l’avènement de la machine à vapeur, sont apparus les premiers bateaux et remorqueurs à moteurs à charbon. En 1895, le remorqueur « Pilat » mesurant 60 m de long tirait à lui seul deux barges chargées de 800 à 1000 tonnes de matériel.

Dans le petit musée des mariniers, installé dans l’église Saint-Sornin (14e siècle) on trouve des maquettes de bateaux, des objets de navigation, registres, lanternes, harpies et surtout de belles croix de mariniers. Ces croix protectrices de l’équipage, sculptées en bois par le patron du bateau, étaient dressées en tête des barques. Elles représentaient le cycle de la passion du Christ, auxquelles on ajoutait la représentation de la barque à protéger. Ces croix sont de véritables chefs d’œuvres d’art populaire, témoignant d’une grande finesse dans les détails, les couleurs.

Hélas tous ces objets ne sont guère mis en valeur, entassés, mélangés à d’autres témoignages de la vie traditionnelle locale. Il faudrait imaginer une vraie scénographie uniquement autour du patrimoine marinier pour mieux le faire connaître. Car Serrières est l’endroit idéal pour raconter l’histoire de la batellerie sur le Rhône.

Le musée des Mariniers du Rhône est ouvert du 1er juin jusqu’aux Journées du Patrimoine. Hors saison, s’adresser en mairie. 04.75.33.62.82

 Article publié dans le JTT du jeudi 19 septembre 2024.


dimanche 8 septembre 2024

Le musée Hébert à Grenoble

C’est une maison d’artiste, entourée d’un jardin remarquable, avec vue sur la Chartreuse, qui en plus de son fonds propre, propose des expositions d’art contemporain. Située en périphérie, à La Tronche, la maison est celle du peintre Ernest Hébert (1817-1908), portraitiste renommé, figure de l’académisme, longtemps directeur de la Villa Médicis à Rome.

Mais ce sont deux expositions temporaires originales qui font actuellement venir les curieux. La première, "Monumentales", se découvre dans le jardin, où l’artiste Lilian Bourgeois a posé ses sculptures. Des objets de notre quotidien, bottes, banc, portemanteau, caddie, à échelle XXL qui font paraître l’humain tout petit à côté. Changement d’échelle, changement de statut, provoquent sourires et questions.

La deuxième exposition, "Chic", à l’intérieur du musée est consacrée aux portraits du photographe Denis Rouvre, clin d’œil aux portraits de notables peints cent cinquante ans plus tôt par Ernest Hébert. Les clichés réalisés par Denis Rouvre mettent en valeur la communauté Emmaüs. Des vêtements de seconde main, arrangés avec talent, portés par des modèles SDF coiffés et maquillés, donnent une incroyable prestance aux gens de la rue ... Le résultat est bluffant et interroge sur le pouvoir subversif du vêtement, de l’apparence.

Au musée Hébert, une autre artiste plus discrète, l’épouse d’Ernest, Gabrielle (1853-1934), s’est, elle aussi, exprimée à travers la photographie. Ses clichés de la vie quotidienne en Italie, ses cadrages esthétiques, sa technique, témoignent d’une grande maîtrise. C’est aussi Gabrielle qui a créé le musée après le décès de son époux, rénovant les pièces et le jardin selon leur goût commun pour l’Italie. A elle aussi on doit rendre hommage.

Le musée Hébert est une pépite à découvrir, et il est gratuit ! De nombreuses activités sont prévues lors du week-end du patrimoine, les 21-22 septembre.

Musée Hébert
38700 La Tronche 04 76 42 97 35

Article publié dans le JTT du jeudi 12 septembre 2024.

dimanche 1 septembre 2024

Chronique littéraire : L'heure des femmes, de Adèle Bréau

Adèle Bréau est la petite-fille de Ménie Grégoire. En mêlant fiction, souvenirs et biographie, elle retrace la vie exceptionnelle de cette pionnière qui a libéré la parole des femmes, dans les années 70, et rappelle l’influence de ses émissions à la radio. En tricotant la vie de Ménie avec celle de quelques-unes de ses fidèles auditrices, elle nous plonge dans la société corsetée de l’époque.

La très populaire station de radio RTL ayant décidé de renouveler ses programmes, elle engage Ménie Grégoire en 1967 pour animer une émission destinée au public féminin. Ménie, à 50 ans, n’entend cependant pas se laisser dicter ses choix, elle sait de quoi les auditrices ont besoin : De parler d’éducation des enfants, de vie conjugale, de violences, de problèmes sexuels même, un sujet tabou à l’époque. Et c’est un succès absolu. Des millions de femmes écoutent son émission chaque jour, lui écrivent, interviennent à l’antenne. D’autres harcèlent Ménie, l’insultent comme une femme de mauvaise vie, parce qu’elle ose aborder tous les sujets sans honte.

Ménie Grégoire a connu une autre vie avant l’antenne de RTL. Elle est née et a vécu toute sa vie dans la haute bourgeoise, a fait un grand mariage et trois filles. Puis s’est autorisée à écrire quelques articles sur l’émancipation des femmes, leur travail et la contraception. Ce sont eux qui l’ont fait remarquer du directeur de RTL. C’est ainsi que commence l’émission « Allô Ménie », qui sera diffusée tous les après-midis jusqu’en 1982. Une véritable bouffée d’oxygène pour les femmes qui n’avaient alors aucun droit, et surtout pas celui de s’exprimer.

Ménie a fait évoluer la société, en étant à l’origine de tous les combats féministes. Son influence a bouleversé les rapports entre hommes et femmes. Mais pour les femmes, rien n’est jamais acquis, il faut s’en souvenir encore aujourd’hui.

Adèle Bréau est née en 1978. Blogueuse, journalise, romancière, elle est depuis 2014 la directrice du site internet Terrafemina, la référence actu des femmes. Son roman est disponible au Livre de Poche.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 29 août 2024.