mardi 27 août 2024

L'Université populaire partage savoirs et savoir-faire

Depuis sa création en 2011, l’Université Populaire Vivarais-Hermitage n’a cessé d’agrandir son offre culturelle en direction de tous les publics.

A côté de la vingtaine de conférences proposées sur des sujets fondamentaux comme la laïcité, le racisme, le handicap ou actuels comme le mouvement hip-hop ou l’Intelligence artificielle, elle propose des visites d’entreprises locales (élevage en basse-cour, fours Panyol, fabrique de pâtes bio, de kaolin…). Mais ce sont surtout ses ateliers (modules) en plusieurs séances qui sont appréciés, ils permettent de se familiariser avec des pratiques concrètes, comme le tournage sur bois, la cuisine, la taille des rosiers ou la réparation de vélos… Et aussi de s’initier à l’aquarelle, l’informatique, le code de la route. Mention spéciale pour les cours de langue, anglais, italien, espagnol, qui rassemblent chaque semaine des amateurs de voyage. Quant au nouveau module « histoires de vie », il collecte les expériences de personnes venues d’autres pays. Un module exceptionnellement gratuit et ouvert à tous, sans inscription.

Robert Gsell fut le premier président de l’UPVH. Ancien directeur de Maison Familiale et Rurale, il a su convaincre à la fois les milieux enseignant et agricole de l’importance d’ouvrir un lieu où se dispensent toutes sortes de connaissances, qui soit convivial et favorise le lien social, si rare dans notre société. S’appuyant sur le modèle d’autres universités populaires, il a présenté dès la première année un programme alliant les arts, les sciences, le patrimoine et les langues, la vie quotidienne et la santé, les nouvelles technologies et la citoyenneté. Une ligne de conduite toujours suivie aujourd’hui.

Environ 450 adhérents et une cinquantaine de bénévoles font aujourd’hui vivre cette association qui s’autofinance presque entièrement grâce aux cotisations (10€) et aux entrées aux conférences (3€ ou 6€). Il faut être adhérent pour participer aux modules, mais ce n’est pas nécessaire pour assister aux conférences. Le but de l’association est de rendre toutes les formes de cultures accessibles à tous. Alors n’hésitez pas, ne restez pas « down », soyez « up » !

Le programme complet sera accessible dès le 1 août dans sa version papier ou en consultant le site internet upvh.fr. Inscriptions en ligne, par téléphone au 0771050772 ou à la MMPT de Tournon à partir du 1 septembre.

Article publié dans le JTT du jeudi 22 août.


mardi 20 août 2024

Trois dames parmi mille roses à Grignan

=Grignan est un village botanique, un des plus beaux de France. Son château de pierre blonde est souvent représenté dominant le village dans un océan de lavande. Mais une autre floraison sublime ses ruelles médiévales pendant toute la belle saison : les innombrables rosiers qui partent à l’assaut des vieux murs, des façades, dans une abondance de couleurs, de formes et d’odeurs. C’est l’œuvre de l’association Pierres et Roses anciennes qui, depuis 1991, entretient une collection exceptionnelle de 500 rosiers botaniques, tous naturels ou hybrides créés avant 1914.

Parmi eux, trois rosiers particuliers rendent hommage aux trois dames emblématiques de Grignan.

La rose « Madame de Sévigné » est le symbole de l’association. L’illustre épistolière est la star de Grignan, le festival de la Correspondance l’honore chaque été en juillet depuis 1996, année du tricentenaire de sa mort. Cette année-là, une rose spéciale a été réimplantée en son honneur : Bourbon à grandes fleurs rose vif, très parfumée, sa floraison s’étale de juin à octobre, et rappelle par son éclat celui de la marquise, femme indépendante, volontaire, moqueuse, dont le bel esprit a traversé les siècles.

Françoise de Grignan, la fille de la marquise, fut la principale destinataire des lettres de sa mère. Elle a transformé le château de son mari, comte de Grignan, en un véritable petit Versailles, qui sert maintenant de scène théâtrale lors des Fêtes nocturnes d’été. Réputée pour sa beauté, ses dépenses, son inconstance, le rosier qui lui est dédié est un buisson de type églantine aux couleurs changeantes, variant du jaune au rouge clair.

Quant à Pauline de Simiane, fille de Madame de Grignan, dont le château est aujourd’hui l’Hôtel de ville de Valréas, elle a connu une vie semée d’épreuves.  Mais c’est à elle qu’on doit la première publication des lettres de Madame de Sévigné, sa grand-mère. Une décision qui mérite bien qu’une rose porte son nom. Une rose discrète qui fleurit en bouquets de grandes fleurs aux pétales doubles et à la couleur rose clair. 

Dans les rues de Grignan, les rosiers s’épanouissent, s’entrelacent, embellissant les vieux bâtiments, amplifiant le charme du village. Un charme soigneusement entretenu par les bénévoles de l’association Pierres et Roses anciennes, qui organise aussi des visites commentées, des rencontres, des animations autour de ces fleurs qui toutes ont une histoire. La promenade à Grignan est un enchantement estival.

Article publié dans le Jtt du jeudi 15 août.

jeudi 15 août 2024

L’hôtel de Clérieu, témoin de l’histoire de Romans

A voir la belle façade classique de l’hôtel de Clérieu place aux Herbes, on pourrait croire qu’il n’est pas contemporain de sa voisine la collégiale romane Saint-Barnard. Erreur ! Les multiples remaniements du bâtiment, au fil des siècles et des propriétaires, ne doivent pas faire oublier qu’il a été édifié dès la création de Romans pour s’imposer contre le pouvoir de l’Eglise.

Romans est née aux alentours de l’an mil. Avant, c’était la campagne, dans laquelle l’évêque de Vienne Barnard décida de faire édifier un monastère et sa collégiale pour s’y retirer en 838. La position géographique était optimale, dans un environnement riche en eau, bois, élevages. On pouvait même y traverser l’Isère par un gué à certaines saisons, ce qui facilitait le commerce. L’abbaye devint maitresse du territoire, et peu à peu autour d’elle marchands et artisans s’installèrent. Mais les relations de pouvoir étaient conflictuelles entre les moines et le seigneur local. Celui-ci, pour affirmer sa puissance, fit construire en face de la collégiale Saint-Barnard, une maison-forte imposante. Dominée par une tour romane de 17m de haut, actuellement incluse dans l’actuel l’hôtel de Clérieu, on y battait monnaie.

Malgré de nombreux pillages et guerres, l’abbaye gagna en puissance, les moines furent remplacés par les chanoines, et la ville de Romans se développa autour d’un florissant commerce de laine. En 1049, fut construit le premier pont en pierre sur l’Isère, pour faciliter le trafic et percevoir un péage. D’où la naissance de la ville de Bourg-de-Péage. Pour protéger la ville les chanoines firent alors construire des remparts, dont subsiste la tour Jacquemart édifiée en 1179. Au XIIIe siècle, la ville se développa hors des remparts. Son importance était telle qu’en 1349 c’est par le traité de Romans que fut signé le rattachement du Dauphiné au royaume de France, symbolisé par le mariage de Jeanne de Bourbon avec le dauphin Charles célébré à Tain. A la fin du XIVe siècle, à leur tour mégissiers et tanneurs s’installèrent au bord de la Presle. Un deuxième rempart fut construit pendant la guerre de Cent ans.

Le commerce de la laine et des peaux étant de plus en plus lucratif, les riches marchands de Romans firent construire des hôtels particuliers en style gothique flamboyant. Parmi eux, Romanet Boffin en 1516 conçut le Chemin de croix des Récollets, réplique de celui de Jérusalem alors inaccessible car occupé par les Turcs. Plus tard, les guerres de religion impactèrent fortement Romans, le Carnaval de 1580 fut le prétexte à une tuerie sanglante. Puis peu à peu l’industrie du drap fut remplacée par celle de la soie. De nombreux couvents s’installèrent en ville. La tannerie prit son essor, un âge d’or qui dura jusqu’au XXe siècle.

L’hôtel de Clérieu, place aux Herbes, résume l’histoire de Romans, avec sa tour romane, sa cour gothique, sa belle façade classique reflétant l’opulence du XVIIIe siècle. Son adresse, rue des Trois carreaux, rappelle qu’au Moyen-Age s’y tenaient trois marchés : celui des herbes, le marché traditionnel et celui des poissons au bord de l’Isère. Un bord de l’Isère totalement remodelé, dominé par l’imposante collégiale Saint-Barnard, où il fait bon flâner, côté Romans comme côté Bourg-de-Péage.

Article publié dans le Jtt du jeudi 15 août

mercredi 7 août 2024

L'île d'Elbe, un paradis italien en Méditerranée

L’isola d’Elba est la troisième grande île italienne ; avec environ 220 km2, elle vient loin après la Sicile et la Sardaigne. Mais c’est un petit paradis de nature, au relief très varié, prisé par les amateurs de plages et de randonnées.

Il faut environ une heure de ferry depuis le port de Piombino, sur la côte toscane, pour atteindre sa capitale, Portoferraio. Une jolie ville de 12 000 habitants, qu’on aperçoit de loin, depuis la mer, dominée par une forteresse médiévale. Comme son nom l’indique, la ville a connu la richesse grâce à l’extraction du minerai de fer, et ce dès l’âge étrusque. Cette richesse a valu à l’île d’être envahie successivement par les Romains, les Ostrogoths, les Lombards, les Sarrasins, les Pisans … jusqu’à son annexion par Florence en 1548. C’est alors que le grand-duc Côme de Médicis ordonna la construction de la forteresse. Napolitains puis Français s’en emparèrent ensuite, avant qu’elle redevienne toscane et italienne.


La curiosité du touriste français arrivant sur l’île, c’est le passage de Napoléon. C’est ici qu’il a débarqué le 4 mai 1814. Le traité de Fontainebleau (11 avril 1814) avait érigé l’île en principauté, pour l’offrir à Napoléon, déchu et exilé après sa défaite. Napoléon a surtout profité de son séjour sur l’île pour préparer son retour. Il y resta 300 jours seulement, jusqu’au 26 février 1815.  L’influence de Napoléon a néanmoins été déterminante dans le développement de l’île, il en améliora toute la gestion, construisant des routes, réorganisant l’administration, la vie urbaine, l’extraction de minerai et les cultures. Et le drapeau en témoigne : il est orné de 3 abeilles impériales.

La Palazzina dei Mulini, résidence officielle de Napoléon, domine la ville. Une simple maison bourgeoise classique, jaune aux volets verts, dont l’exiguïté ne permet pas d’accueillir beaucoup de touristes en même temps. La visite est rapide et sommaire, quelques salles d’apparat, le bureau et la bibliothèque de Napoléon, son austère lit de camp, un buste, les appartements de sa sœur Pauline, soit une enfilade de pièces plus ou moins meublées. Le jardin en terrasse est superbe, il offre une vue splendide sur la mer, le port et le phare. Toilettes à l’abandon, pas de boutique, le tout est assez décevant ! Il faut aller à sa résidence de campagne, la Villa San Martino, à quelques kilomètres, parfaitement restaurée par un mécène russe, pour trouver un vrai musée.

Ce qui fait vivre l’île, et ses 32 000 habitants, ce n’est donc pas le tourisme napoléonien, mais les plages de rêve et la nature propice à toutes sortes de randonnées. Longue de 29 km et large de 18 km, avec des côtes découpées et un relief marqué, dominé par le Monte Capanna de 1019 m, l’île d’Elbe présente une grande variété de paysages : forêts de chênes, eucalyptus,  hêtres, châtaigniers, pins, culture en terrasses, vignobles et vergers, mais aussi maquis et criques de galets ou de sable fin nichées au pied de falaises abruptes. Chaque tournant réserve des vues époustouflantes sur la mer, aux eaux transparentes. Le sous-sol de l’île est extrêmement varié, ce qui en fait aussi le paradis des géologues.

Entre Portoferraio, ses rues escarpées, aux maisons colorées où le linge sèche aux fenêtres, Marina di Campo et sa sublime plage de sable, ou le charmant petit port de Porto Azurro, quelques villages aux maisons de pierre parsèment la campagne. Hébergement assuré pour les amateurs de plage ou de plongée. Quant aux randonneurs et cyclistes, partis découvrir la montagne, les petits ermitages cachés ou les anciennes mines, des refuges les accueillent. L’île d’Elbe est un parc naturel enchanteur, un paradis pour ses visiteurs… en majorité Italiens !

Article publié dans le Jtt du jeudi 8 août.

jeudi 1 août 2024

La passerelle himalayenne du Lignon

C’est la plus grande passerelle de France : 269 m de long, surplombant les gorges du Lignon d’une hauteur d’environ 80 m. Elle permet de relier Saint-Maurice-de-Lignon et Grazac, deux villages de la périphérie d’Yssingeaux, en Haute-Loire. Et ainsi de valoriser cette région des Sucs, en facilitant le passage des cyclistes et des randonneurs au-dessus des gorges. Son succès auprès des visiteurs, grisés par des sensations inhabituelles, est phénoménal. Un léger balancement dans l’air, le vide en dessous pour l’adrénaline, le paysage sauvage alentour, tout concourt à s’imaginer en explorateur de la jungle… En toute sécurité !

Cette magnifique passerelle métallique a été inaugurée en avril 2022, après plusieurs années de gestation. Elle était très attendue du public. Devant la ruée immédiate des curieux, il a fallu organiser l’accueil. 28 000 visiteurs le premier mois, 160 000 en 2022 ! Maintenant le site est parfaitement opérationnel pour passer une agréable demi-journée en pleine nature : de chaque côté, parking obligatoire, toilettes, aires de jeux et de pique-nique accueillantes. Puis sentier d’accès balisé et encadré. Depuis Saint-Maurice, environ 4km de rando assez sportive dans un parc magnifique, puis par monts et par vaux le long des terres agricoles et forestières. Depuis Grazac, le sentier est plus facile, 2,5km seulement. Tout a été planifié pour ne causer aucune nuisance à la nature et à ses habitants. Toutefois le site n’est pas accessible aux poussettes et fauteuils roulants.

A l’entrée de la passerelle, à 7 m au-dessus du vide, un belvédère surplombe l’ouvrage. C’est un point d’observation idéal pour admirer la prouesse technique, la transparence de la structure, qui permet d’observer les spectaculaires gorges du Lignon en contrebas, et d’embrasser toute la beauté du paysage. Une région classée Natura 2000, à la biodiversité remarquable. A visiter sans modération.

Article publié dans le Jtt du jeudi 1 août.