Vendredi soir, la librairie « Au Détour des mots » à Tournon a fait salle comble lors de l’accueil de Valérie Paturaud, une autrice dont le livre séduit les journaux et radios locales. Ce roman raconte le destin exceptionnel d’Andrée, une petite fille abandonnée à la naissance, placée dans différentes fermes autour de Nyons, et qui deviendra une cuisinière si prisée qu’elle travaillera pendant vingt ans aux USA pour la famille Kennedy. Une vie passionnante, ancrée dans l’histoire contemporaine, autour d’une femme à la forte personnalité.
C’est la gerbe de fleurs portant la mention « de la
part de la famille Kennedy, with love » déposée à l’enterrement
d’Andrée en 1999 à Colonzelle, près de Valréas, qui a déclenché l’enquête de
Valérie Paturaud. Elle a peu à peu reconstitué le parcours d’Andrée, déposée à
sa naissance dans un foyer de Charité à Marseille en 1907. Grandement aidée par les dossiers de
l’Assistance publique, qui, à l’époque, tenait un véritable journal de toutes
les pupilles de l’état jusqu’à leur
majorité. Rien n’était laissé au hasard, les enfants devaient être éduqués
correctement, on inspectait régulièrement leur santé, leur scolarité, les
vêtements alloués chaque année, et la bonne conduite des familles d’accueil
envers eux.
C’est ainsi qu’Andrée a grandi dans différentes fermes de la Drôme, entourée d’autres enfants, bien traitée, aidant à la cuisine dès son plus jeune âge, puis plus tard assurant les repas de noces, les fêtes alentour. Une fois mariée, en 1927, elle a transformé en restaurant le « Café de la poste » de son mari à Venterol. Elle le quittera plus tard, ainsi que son mari, pour partir Lyon, avec sa fille sous le bras. La cuisine des Mères lyonnaises ayant achevé sa formation, elle est entrée au service de plusieurs grandes familles, jusqu’aux Rogers, des Américains richissimes qui vivaient une partie de l’année à Cannes. C’est eux qui l’ont convaincue de les accompagner à New-York, dans les années 1950. Et les Kennedy étaient leurs amis proches. 7
Une autre vie a commencé pour Andrée, de Yannis Port à Palm
Beach, employée par Rose Kennedy, figure tutélaire de la tribu, puis par son
fils Ted. Confrontée au modernisme triomphant et à la jet-set, alors qu’elle
venait de la France profonde, Andrée s’est adaptée. Aux années flamboyantes ont
succédé les drames, assassinats de John, puis de Bob, accident de Ted… Andrée
assurait la nourriture, le service, s’occupait des enfants, avec discrétion et
dévouement. A la retraite, revenue en Drôme provençale, en 1974, elle a
retrouvé et gâté sa fille, ses petits-enfants. Et même reçu la visite des
enfants Kennedy !
Valérie Paturaud a mis en mots avec succès cette vie extraordinaire. Elle a enrichi la soirée d’anecdotes sur ses recherches, les rencontres avec les petits-enfants d’Andrée, leurs témoignages, les courriers, les recettes... Après Nézida, publié en 2020, qui racontait le destin d’une jeune Drômoise protestante née en 1856 près de Dieulefit, Valérie travaille maintenant sur une histoire d’amitié entre deux Drômois que tout oppose, durant la première guerre mondiale. La Drôme provençale, où elle vit, et ses histoires méconnues, représentent pour elle une source d’inspiration et un lieu idéal pour s’adonner à l’écriture.
« La cuisinière des Kennedy » est publié aux Editions Les Escales, « Nézida » est disponible en poche aux éditions Liana Levi.
Article publié dans le JTT du jeudi 11 juillet.
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