mercredi 31 juillet 2024

Chronique littéraire : Une histoire de résistance ... dans la Drôme

Un beau roman d’amour et d’aventure, qui permet de vivre le déroulement des principaux événements advenus au maquis du Vercors, entre 1943 et 1945, en s’attachant à de sympathiques personnages fictifs.

Paul le jeune instituteur, Sam le pilote écossais, Lucien le chef charismatique du réseau, développent amitié et solidarité, malgré les difficultés et le danger, dans leur refuge montagnard près de Corrençon. De là ils peuvent surveiller la région, exécuter les ordres reçus par radio, récupérer des armes larguées par avion à Vassieux … Mais il faut être vigilant pour échapper aux miliciens, aux trahisons, aux nazis. D’un bout à l’autre du Vercors, de la Bourne au col de Rousset, les résistants se dépensent sans compter pour faire vivre une France libre, jusqu’à faire sauter la voie ferrée qui passe le long de la Drôme … Un attentat qui ne sera pas sans conséquences dramatiques pour chacun d’eux. En particulier pour Lise, la jeune institutrice fiancée à Paul.

Jean-Pierre Roche, en bon Drômois, mêle à cette épopée guerrière son amour pour les paysages sublimes du Vercors, ainsi que son le goût pour les vignes locales. Une manière d’instiller un peu de beauté et d’espoir dans cette épopée tragique parfaitement racontée.

« Une histoire de Résistance » est publiée aux éditions Les Trois Colonnes.

Chronique publiée dans le Jtt du 8 août.

mercredi 24 juillet 2024

La Guinguette au bord du Rhône

Tous les lundis de l’été, à partir de 18h 30, des soirées foodtrucks, dans une ambiance musicale, se déroulent dans le parc situé au bord du Rhône à Tain, entre la piscine Linaë et le camping. Un public de tous âges est au rendez-vous, séduit par l’accueil à l’ombre des platanes, la diversité des offres gourmandes et l’atmosphère guinguette au bord de l’eau...

Pas moins de 10 foodtrucks proposent burgers, pizzas, salades, sushis, crêpes, gaufres, bières, jusqu’à 22h30. Il y en a pour tous les goûts. Tables et chaises sont installées, le parking assuré… De plus, chaque premier lundi du mois, on peut assister à un concert live gratuit. 

Que demander de plus ? Simplement que cette belle initiative de la ville de Tain recommence chaque été !

Article publié dans le Jtt du jeudi 11 juillet 2024.

jeudi 18 juillet 2024

Festival Vochora : Métissage musical entre Incas et conquistadors


C’est à un concert atypique que l’ensemble La Chacana, sous la direction de Pierre Hamon, a convié le public assemblé à l’église de Tain l’Hermitage samedi soir. Ce spécialiste des instruments précolombiens (=datant d’avant l’arrivée de C. Colomb) avait concocté un programme évoquant le métissage de la musique amérindienne avec celle des conquérants espagnols.

Une première partie a permis de découvrir les instruments traditionnels fabriqués par les Incas, Aztèques et autres Amérindiens entre -500 et +500. Etranges ocarinas de terre cuite, flûtes en plumes de condor, tambour et tambourin en peau, grelots en bois. Des instruments retrouvés dans les fouilles, mais sans aucune indication musicale. C’est tout l’art de Pierre Hamon d’avoir su recréer l’univers sonore et magique de ces civilisations perdues : Hymne au soleil, sifflets de la mort, danse de l’Inca…

Dans la deuxième partie, les musiciens ont interprété quelques œuvres de musique espagnole du XVIe siècle. Une musique classique plus familière à nos oreilles. Luth, harpe, guitare ont accompagné les voix chaudes des chanteuses. Puis le syncrétisme, c’est-à-dire la fusion entre les deux cultures, a opéré. De cette époque subsistent des documents écrits, grâce au Codex Trujillo (XVIIIe siècle) et les morceaux interprétés ont mêlé les instruments classiques d’Europe aux rythmes des flûtes de Pan, quenas, maracas, tambours.

Une touche contemporaine a terminé le concert avec la bande originale du film Pachamama, écrite par Pierre Hamon. Bravo à lui et à ses interprètes, Ananda Brandao aux percussions, Bor Zuljan et Louis Capeille aux instruments et Clémence Niclas au chant, pour cette belle initiation à l’histoire de la musique.

Article publié dans le Jtt du jeudi 18 juillet.

jeudi 11 juillet 2024

La cuisinière des Kennedy était drômoise

Vendredi soir, la librairie « Au Détour des mots » à Tournon a fait salle comble lors de l’accueil de Valérie Paturaud, une autrice dont le livre séduit les journaux et radios locales. Ce roman raconte le destin exceptionnel d’Andrée, une petite fille abandonnée à la naissance, placée dans différentes fermes autour de Nyons, et qui deviendra une cuisinière si prisée qu’elle travaillera pendant vingt ans aux USA pour la famille Kennedy. Une vie passionnante, ancrée dans l’histoire contemporaine, autour d’une femme à la forte personnalité.

C’est la gerbe de fleurs portant la mention « de la part de la famille Kennedy, with love » déposée à l’enterrement d’Andrée en 1999 à Colonzelle, près de Valréas, qui a déclenché l’enquête de Valérie Paturaud. Elle a peu à peu reconstitué le parcours d’Andrée, déposée à sa naissance dans un foyer de Charité à Marseille en 1907.  Grandement aidée par les dossiers de l’Assistance publique, qui, à l’époque, tenait un véritable journal de toutes les pupilles de l’état  jusqu’à leur majorité. Rien n’était laissé au hasard, les enfants devaient être éduqués correctement, on inspectait régulièrement leur santé, leur scolarité, les vêtements alloués chaque année, et la bonne conduite des familles d’accueil envers eux.

C’est ainsi qu’Andrée a grandi dans différentes fermes de la Drôme, entourée d’autres enfants, bien traitée, aidant à la cuisine dès son plus jeune âge, puis plus tard assurant les repas de noces, les fêtes alentour. Une fois mariée, en 1927, elle a transformé en restaurant le « Café de la poste » de son mari à Venterol. Elle le quittera plus tard, ainsi que son mari, pour partir Lyon, avec sa fille sous le bras. La cuisine des Mères lyonnaises ayant achevé sa formation, elle est entrée au service de plusieurs grandes familles, jusqu’aux Rogers, des Américains richissimes qui vivaient une partie de l’année à Cannes. C’est eux qui l’ont convaincue de les accompagner à New-York, dans les années 1950. Et les Kennedy étaient leurs amis proches. 7

Une autre vie a commencé pour Andrée, de Yannis Port à Palm Beach, employée par Rose Kennedy, figure tutélaire de la tribu, puis par son fils Ted. Confrontée au modernisme triomphant et à la jet-set, alors qu’elle venait de la France profonde, Andrée s’est adaptée. Aux années flamboyantes ont succédé les drames, assassinats de John, puis de Bob, accident de Ted… Andrée assurait la nourriture, le service, s’occupait des enfants, avec discrétion et dévouement. A la retraite, revenue en Drôme provençale, en 1974, elle a retrouvé et gâté sa fille, ses petits-enfants. Et même reçu la visite des enfants Kennedy !

Valérie Paturaud a mis en mots avec succès cette vie extraordinaire. Elle a enrichi la soirée d’anecdotes sur ses recherches, les rencontres avec les petits-enfants d’Andrée, leurs témoignages, les courriers, les recettes... Après Nézida, publié en 2020, qui racontait le destin d’une jeune Drômoise protestante née en 1856 près de Dieulefit, Valérie travaille maintenant sur une histoire d’amitié entre deux Drômois que tout oppose, durant la première guerre mondiale. La Drôme provençale, où elle vit, et ses histoires méconnues, représentent pour elle une source d’inspiration et un lieu idéal pour s’adonner à l’écriture.

« La cuisinière des Kennedy » est publié aux Editions Les Escales, « Nézida » est disponible en poche aux éditions Liana Levi.

Article publié dans le JTT du jeudi 11 juillet. 

jeudi 4 juillet 2024

La Pangée, une spectaculaire curiosité géologique

La Pangée (mot qui signifie « toutes les terres » en grec et latin) désigne un continent unique qui était autrefois formé des six continents actuels de la Terre. Il a aujourd'hui disparu. Il existait à l'époque du Mésozoïque, il y a environ 240 millions d'années. Les Dinosaures pouvaient alors marcher à pied sec sur toute la surface de la Pangée, qui était entourée par la mer. Ensuite, ce supercontinent s'est fracturé en quatre parties, d’abord Amérique et Eurasie, puis Europe et Afrique, laissant les océans s’engouffrer dans les fissures et les continents actuels s’éloigner les uns des autres.

Selon certains spécialistes, le centre de la Pangée se trouvait à La Baume-Cornillane, un petit village de la Drôme. Cette position, à l’intersection des deux grandes failles, est symbolisée par la Côte de la Pangée, une arête rocheuse verticale de plus de 10 mètres de haut, soulevée lors de la formation des Alpes, il y a 60 millions d’années. Cette curiosité géologique, pas scientifiquement prouvée, mérite la visite.

Depuis 2008, un “sentier de la découverte ” créé par la commune de la Baume-Cornillane, avec la participation des écoliers, renseigne sur les mouvements tectoniques qui ont fait émerger la Côte. Cette crête rocheuse offre un point de vue remarquable sur la plaine de Valence, les montagnes du Vivarais et de la Raye. La jolie balade sur ces contreforts du Vercors permet aussi de découvrir les ruines du village médiéval et du château des Cornillan, grande famille de seigneurs locaux, dont les armes étaient trois corneilles. Il n’en reste aujourd’hui que quelques murailles, notamment le donjon bâti vers le XII e siècle.

La promenade se poursuit à travers une nature sauvage jusqu’à la grotte (baume) de la Dame, qui a donné son nom au village. La dame, c’est Catherine de Cornillan, qui adopta au XVIe siècle la religion réformée. Le village fut alors la proie de combats acharnés et la grotte servit de refuge aux villageois pendant les guerres de religion. Derniers témoins de cette époque, les petits cimetières protestants qui ponctuent la campagne environnante.

La Baume-Cornillane bénéficie d’un riche passé. Au présent, c’est une belle nature préservée, départ de plusieurs randonnées. « Cerise » sur le gâteau, vous pouvez même manger la Pangée ! C’est un biscuit savoureux, censé représenter le continent initial il y a quelques 250 millions d’années, mis au point par les pâtissiers de Valence et Romans. Son originalité ? Ce gâteau est toujours vendu avec une part manquante, représentant la faille initiale de la Pangée. Fourré d’abricots de la plaine valentinoise, d’amandes de la Drôme provençale, de miel de montagne, il est représentatif de notre département. La Drôme, au cœur de la Pangée, au cœur du monde !


Article publié dans le supplément Eté 2024 de La Tribune.