Un livre prémonitoire, écrit avant la guerre en Ukraine, qui montre comment Poutine a accédé au pouvoir suprême et entend bien y rester.
Le mage du Kremlin, ce n’est pas Raspoutine, mais l’éminence
grise de Poutine, celui qui a mis en scène son ascension fulgurante. C’est un
homme issu du milieu artistique, Vadim Baranov. Un nom d’emprunt pour le véritable
stratège de la communication, qui œuvra en sous-main à la cour du nouveau Tsar.
Disparu depuis de tous les radars…
Ce pseudonyme permet à l’auteur d’ajouter de la fiction à un
état des lieux parfaitement réaliste du fonctionnement du pouvoir russe. Car
tous les autres personnages sont bien réels. Oligarques et courtisans se
disputent les faveurs du Tsar, prêts à tout pour rester en grâce. Poutine joue
avec eux, sans aucun état d’âme, il les utilise puis les relègue, exil doré ou
prison dans le meilleur des cas, simple élimination sinon.
Vadim Baranov, son conseiller spécial, sait utiliser tous
les rouages de la communication pour mettre en scène les projets conquérants du
Tsar, de la guerre en Tchétchénie à celle d’Ukraine, en passant par les Jeux
olympiques de Sotchi. Il surpasse les autres conseillers en misant sur
l’irrationnel de l’âme russe pour faire campagne. Et ça marche pendant quelques
années. Mais Baranov lui aussi est sur un siège éjectable, comme tous les
autres.
Giuliano da Empoli, ancien diplomate, professeur à Sciences Po, sait de quoi il parle. Binational italo-suisse, il nous offre un éclairage saisissant sur l’histoire contemporaine, l’avènement de Poutine et l’établissement de sa politique dans la durée. La mise en scène hégémoniste qui prépare à l’agression de l’Ukraine, voire plus, fait froid dans le dos. Ainsi que l’analyse critique de la société occidentale en déshérence aussi. Quelle sera la suite ?
Un grand roman, passionnant et instructif. Publié maintenant en livre de poche chez Folio.Chronique publiée dans le JTT du jeudi 22 février 2024.
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