Aristide Bergès (1833-1904) est un de ces ingénieux
ingénieurs acteurs de la révolution industrielle dans la région de Grenoble. Héritier d’une longue tradition papetière, il
a mis au point l’exploitation des ressources hydrauliques de la montagne pour
faire fonctionner ses machines, dont le défibreur, indispensable pour
transformer le bois en pâte à papier. Ses revenus lui ont permis de construire
une superbe villa près de Grenoble, devenue un musée gratuit.
Aristide Bergès arrive dans le Grésivaudan en 1867, après
avoir travaillé dans les chemins de fer, la grande innovation de l’époque. Avec
ses compétences et son esprit novateur, il perfectionne les machines papetières
existantes. La mécanisation change tout, le métal est substitué au bois pour
l’équipement des engins industriels, et le bois remplace les chiffons utilisés
pour fabriquer le papier. C’est l’âge d’or des papeteries dans les Alpes, qui fournissent
à la fois matière première, force motrice et main d'oeuvre.
En 1869, Bergès aménage pour sa papeterie de Lancey près
de Grenoble une première chute d’eau de 200 m, en installant de spectaculaires
conduites forcées qui actionnent les machines. En 1882, il innove encore :
aux turbines actionnées par les conduites forcées d’une chute de 500 m, il
ajoute une dynamo Gramme : il produit ainsi du courant électrique. C’est la
naissance d’une nouvelle énergie, l’hydroélectricité, qui se répand sous le
vocable de « houille blanche ». Bergès la popularise à l’Exposition
universelle de Paris en 1889. En 1896,
il fonde la Société d'éclairage
électrique du Grésivaudan. Non content de fournir de l'électricité à bas
prix à toute la vallée, il alimente la ligne de tramway
de Grenoble à Chapareillan.
Auteur de nombreux brevets, ce patron progressiste, maire de Lancey, participe pleinement à son époque. Il contribue à faire de la région grenobloise un pôle mondial des techniques utilisant l’hydroélectricité. La Maison Bergès, installée sur le site de l’ancienne papeterie de Lancey, est devenue un musée dédié à sa mémoire. C’est une splendide demeure de style Art nouveau, décorée en partie par le célèbre peintre Mucha, où art et industrie se mêlent, témoignant de l’âge d’or de l’inventivité au début du 20e siècle.
La Maison Bergès, musée de la Houille blanche, se trouve à 15 km de Grenoble, à Lancey, Villard-Bonnot. Une visite passionnante, à l’entrée gratuite. Tél : 04 38 92 19 60
Article publié dans le JTT du jeudi 22 février 2024.
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