Le monde de la BD est extrêmement riche et libre. Pas moins de 5000 nouveaux albums sortent chaque année, explorant tous les sujets, tous les styles, pour tous les âges. Et 450 millions de bandes dessinées sont lues en France par an ! Pourtant aucun média n’assure régulièrement leur promotion, considéré comme mineur. C’est l’éminent Collège de France qui a enfin donné, par une série de conférences, ses lettres de noblesse « à cet art qui n’est ni du texte, ni de l’image, mais bien une fusion des deux ». Et dont Laurent Galandon porte haut les couleurs à Valence.
dimanche 23 avril 2023
Laurent Galandon, Bédéiste de combat
Le monde de la BD est extrêmement riche et libre. Pas moins de 5000 nouveaux albums sortent chaque année, explorant tous les sujets, tous les styles, pour tous les âges. Et 450 millions de bandes dessinées sont lues en France par an ! Pourtant aucun média n’assure régulièrement leur promotion, considéré comme mineur. C’est l’éminent Collège de France qui a enfin donné, par une série de conférences, ses lettres de noblesse « à cet art qui n’est ni du texte, ni de l’image, mais bien une fusion des deux ». Et dont Laurent Galandon porte haut les couleurs à Valence.
jeudi 13 avril 2023
Le Chemin de Croix d'Eclassan en Ardèche
Sur la colline du Montbard, qui domine le village d’Eclassan, on commémore la Passion du Christ, le vendredi saint de chaque année depuis 20 ans. A 15h vendredi 7 avril, une procession d’une centaine de fidèles, menée par le Père Sellier, curé de la paroisse Saint-Luc des Coteaux et de Tournon, s’est engagée sur le sentier aménagé à travers bois jusqu’à la chapelle sommitale. Les 14 stations marquées par des stèles sculptées dans le granit blanc ont été l’occasion de prier, chanter, méditer. Et d’admirer la beauté sereine des œuvres.
Ces stèles sont exceptionnelles de simplicité et de réalisme, outre leur représentation liturgique, leur qualité stylistique peut émouvoir même les profanes. L’artiste qui les a sculptées est une femme, ermite dans le sud de l’Ardèche, Françoise Ménétrier. Sollicitée par les paroissiens d’Eclassan, qui avaient vu leur précédent chemin de croix disparaître au fil des siècles, à cause de travaux et d’érosion. Françoise est donc venue choisir les pierres dans la carrière de Montbard, les a taillées, gravées, et installées le long du sentier qui mène à la chapelle sommitale Saint-Abdon-et-Sennen. Sculptrice et peintre, elle a aussi décoré le mur intérieur de la chapelle.
samedi 8 avril 2023
L'Accueil muzolais dans la vallée de l'Ardèche
Les 27 et 28 mars, l’Accueil muzolais a organisé une balade de deux jours en Ardèche méridionale. Plus d’une centaine de participants ont profité de l’opportunité de randonner entre les villages de Balazuc, Vogüé, Labeaume, petits bijoux surgis de la roche. Car la vallée de l’Ardèche est une terre minérale grandiose, où la pierre règne sur le paysage, sous toutes les formes : galets, dalles, rochers, strates, mégalithes, falaises, canyons … Sentiers caillouteux, murets de galets, escaliers taillés dans la pierre, les genoux des marcheurs ont souffert, mais la beauté immuable des paysages en valait la peine !
En randonnant dans cette nature à la fois sublime et rude,
on ne peut qu’être impressionné par la volonté des humains qui l’ont maîtrisée au
prix d’un dur labeur. Champs épierrés pour créer quelques arpents de pâturages destinés
aux chèvres et moutons, terrasses plantées de vignes et d’oliviers, jardins potagers
suspendus, la ténacité et le courage ont permis à nos ancêtres de survivre,
puis de vivre, dans une nature inhospitalière. Tout a changé avec l’essor
touristique : Les villages, leurs passages voûtés, leurs ruelles
tortueuses, leurs maisons et églises de pierre, attirent les vacanciers qui
envahissent en été les bords de l’Ardèche et du Chassezac, eldorado des baignades
et du canoé. Aujourd’hui le réchauffement climatique et la sécheresse viennent
perturber cette économie : l’eau ne coule que parcimonieusement, rivières de
galets et cascades pétrifiées ont remplacé nombre de petits affluents.
Gageons que la résistance humaine à l’adversité saura trouver des solutions, comme ce fut le cas dès la Préhistoire en Ardèche. On pourrait valoriser davantage les dolmens, comme ceux du Ranc de Figère, prodigieux assemblages mégalithiques funéraires. Il faut savoir que l’Ardèche compte plus de 700 dolmens, davantage que la Bretagne ! 138 dolmens sont répertoriés rien qu’entre Labeaume et Ruoms. L’impressionnant site tellurique des Rochers des curés à Chapias, des mégalithes dans les cavités desquelles les prêtres réfractaires à la Révolution se sont cachés, mérite aussi le détour. Ou la visite du Vieil Audon, un village abandonné après la crise de la sériciculture, et rénové depuis 40 ans par une équipe de gens motivés qui en ont fait un lieu d’accueil écologique et coopératif. Des histoires d’hommes, hors des sentiers battus, qui témoignent qu’en Ardèche, il a toujours fallu s’imposer contre la nature.
samedi 1 avril 2023
Les guerres civiles et de religion dans le Vivarais entre 1559 et 1629
C’est le titre de la conférence que Aloïs Debaud, enseignant et historien, a proposé mercredi soir à Tournon. Une tranche de 70 années mouvementées de l’histoire du pays, et creuset d'autres crises postérieures, malgré la volonté de Henri IV.
Pourquoi parler de guerres civiles plutôt que de
guerres de religion ? parce que c’est par là que tout a commencé. La France en
général, le Vivarais plus que tout, ont alors connu une période d’extrême
pauvreté. Mauvaises récoltes, famines, troupes de pillards désœuvrés après les
campagnes d’Italie, vandalisant et égorgeant les paysans, bandits rançonnant
les routes… Plus rien ne fonctionnait, pas même le pouvoir royal après le décès
du roi Henri II en 1559. Des successeurs falots, des nobles se déchirant à la
cour, parti des Guise contre celui des Condé, tous incapables de lever des
impôts pour assurer la sécurité du royaume, religieux accumulant les richesses,
nouvelle classe de bourgeois ne trouvant pas sa place, la contestation contre
les pouvoirs politique, économique, religieux se développait dans tous les
esprits. Le terreau idéal pour adopter les nouvelles idées issues de la
Réforme. C’est donc ainsi que les
guerres de religion ont commencé, la querelle théologique entre catholiques et protestants
paraissant secondaire à côté des dénonciations entre voisins, querelles de
famille, vengeances personnelles, opportunisme et simple vandalisme …
Le Vivarais fut particulièrement marqué par ces exactions.
Aubenas, Privas, Annonay se rallièrent aux idées protestantes, les églises et
leurs richesses furent pillées. A partir de 1560, d’autres villes furent
prises, reprises, re reprises … par des hordes catholiques ou protestantes. Un
des chefs protestants de sinistre mémoire est François de Beaumont, le cruel
baron des Adrets, un ancien militaire des guerres d’Italie, qui en moins de
deux ans mit à sac Lyon, Vienne, Grenoble, Romans, Valence, jusqu’à Avignon et
s’en revint en multipliant les massacres, dont Tournon en 1562, avant de se
fâcher avec Condé et retourner au catholicisme !
Le comte de Tournon, Just II, qui perdit la vie en faisant
le siège de Saint-Agrève en 1563, puis sa femme Claude de la Tour-Turenne essayèrent
de faire cohabiter les deux partis dans leur fief. On espérait la paix, mais
les exactions continuèrent, Annonay fut prise et reprise 6 fois avant de
connaître une pacification relative en 1577. En 1589, l’avènement de Henri IV puis
en 1598 la promulgation de l’Edit de Nantes qui accordait le droit de choisir
sa religion, apaisèrent les esprits. Mais Henri IV fut assassiné en 1610 et les
troubles reprirent. Privas, bastion du protestantisme durant 70 ans, fut
assiégée puis rasée en 1629, juste avant la signature de la paix d’Alès la même
année. La fin de l’époque présentée par Aloïs Debaud, mais pas la fin des
problèmes.
Un public nombreux a écouté cette leçon d’histoire organisée à la salle Brassens par les Amis du Musée et du Patrimoine de Tournon. Beaucoup de questions ont été posées, car les guerres de religion ont fortement marqué le Vivarais. Il faut souhaiter qu’une autre conférence éclaire la suite de cette période troublée, avec la révocation de l’Edit de Nantes en 1685, suivie par la reprise des persécutions et l’exode de nombreux protestants vers l’étranger.