Quelle chance pour une femme de vivre en France en 2022 ! Le récit réaliste de la soumission totale des femmes dans les riches familles peules du Cameroun semble se dérouler sur une autre planète, et pourtant…
Soumission, acceptation, patience, sont les règles de base de cette société musulmane. Le père est un être supérieur, qui a toute autorité sur ses filles, c’est lui qui décide un jour de leur mariage avec le prétendant de son choix. Pas question d’y échapper, et chacune à leur tour les filles doivent se résigner à un mariage arrangé, où leur mari aura tous les droits.Ramla voulait faire des études, la voilà mariée à un
éminent personnage politique, qui peut la couvrir de bijoux si elle est docile,
ou la fouetter sinon. Hindou est mariée de force à un cousin alcoolique et
drogué, qui la viole et la bat. Tout se passe au vu et au su des membres de la
famille, mais l’omerta règne dans les riches propriétés où cohabitent plusieurs
épouses et des dizaines d’enfants. Les manœuvres de séduction, les jalousies
entre clans, la menace de répudiation, exacerbent les complots, les sournoiseries,
dans un monde soumis à la tradition, à la religion, à une hiérarchie rigide.
Safira, la co-épouse de Ramla est responsable du bon fonctionnement de la
maisonnée, mais elle a aussi le pouvoir de détruire sa jeune rivale, pour conserver
sa place de première… Il ne reste aux femmes que ces objectifs pervers : lutter
pour rester la préférée, lutter pour bénéficier des largesses du maître.
Un statut duquel Djaïli Amadou Amal s’est échappée,
après avoir connu le mariage forcé et ses violences. Née en 1975 au Nord Cameroun, cette écrivaine
de langue française utilise sa plume pour dénoncer le sort fait aux femmes de
son pays au nom de la tradition et de la religion. « Quand tu entres dans une famille polygamique, tu
dois être aveugle et sourde. Que tes yeux ne voient rien, tes oreilles
n'entendent rien, ta bouche ne dise rien ». Militante pour Femmes du Sahel,
défenseure de l’identité peule, ses romans mondialement connus sont couronnés
de succès. Un espoir de libération pour ses compatriotes.
« Les
impatientes » est maintenant disponible en poche chez J’ai lu.
Chronique publiée dans le Jtt du jeudi 8 septembre.
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