Dès le XVIe siècle, une communauté protestante importante s’était développée des Cévennes au Dauphiné. Les guerres de religion entre catholiques et protestants qui suivirent ont décimé villes et villages de ces régions, dont Poët-Laval. En 1598 Henri IV instaura l’Édit de Nantes, accordant la liberté de culte à tous, et la paix s’installa. Hélas un siècle plus tard, en 1685, Louis XIV révoqua cet Édit, et les persécutions envers les protestants reprirent. Nombreux furent ceux qui décidèrent alors de quitter la France plutôt qu’abjurer leur foi. Environ 200 000 huguenots partirent ainsi pour la Suisse et l’Allemagne, terres protestantes. Hommes déterminés, compétents et laborieux, ils contribuèrent au développement de ces pays, tandis que la France perdait une partie de ses forces vives.
Le sentier des Huguenots suit l’itinéraire historique de cette migration, à travers l’Ardèche, la Drôme et l’Isère. Sur 1800 km, fruit d’une coopération internationale, il rejoint l’Allemagne, via Grenoble, Genève, Zürich. Son logo est facilement identifiable sur les panneaux : c’est une petite silhouette bleue en costume d’époque. Un topoguide détaille toutes les étapes ce sentier européen, répertorié GR 965, qui peut se faire à pied, à cheval ou à vélo. La partie française compte environ 374 km et 29 étapes, Poët-Laval dans la Drôme est un des points de départ, d’où on gagne Dieulefit, Bourdeaux, la Chaudière, Pontaix, Die, les Nonières… On peut aussi partir de Mialet, cité martyre dans les Cévennes, puis rejoindre Poët-Laval par Vallon-Pont-d’Arc.jeudi 3 mars 2022
Le sentier des Huguenots à travers la Drôme
Poët-Laval, sur son promontoire dominant le Jabron, est un des plus beaux villages de France, avec son donjon, sa chapelle, sa commanderie, et son musée, où est conservé un des premiers temples de France. Haut lieu du protestantisme, ce village aux ruelles fleuries est aussi le point de départ d’une randonnée qui raconte son histoire : le sentier des huguenots.
Ce chemin historique rappelle le plus important exil que la France ait connu. Un sentier de fuite, mais aussi d’espoir. Il est labellisé « itinéraire culturel du Conseil de l’Europe », car il illustre concrètement le lien entre les différents pays et cultures de l’Europe et l’enrichissement mutuel à travers les frontières. Un rappel salutaire, à l’heure où d’autres chemins sont parcourus par d’autres migrants.
Article publié dans le JTT du jeudi 3 mars.
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