Pourquoi ces deux dates ? Parce qu’elles sonnent comme
un avertissement des bouleversements climatiques qui nous sont maintenant
familiers. 1976, la grande sécheresse ; 1999, la grande tempête. Entre ces
deux dates, la région aura connu la lutte contre le camp du Larzac, les
attentats contre les centrales nucléaires, Tchernobyl, la vache folle,
l’arrivée des Mammouth écrasant non seulement les prix mais aussi les petits
propriétaires… Tout ce qui a complètement perturbé l’équilibre des campagnes,
les habitudes des paysans et toute la société.
Alexandre a grandi dans la ferme familiale, il ne s’imagine
pas vivre sans sa campagne, ses champs, ses bêtes, et le rythme des saisons. Au
contraire de ses sœurs qui ne pensent qu’à partir à la ville. Alors il va
devoir endosser l’héritage familial et maintenir la ferme. Donc s’adapter,
moderniser, s’endetter. S’éloigner de ses convictions profondes, tout en rêvant
à Constanze, une jeune idéaliste allemande rencontrée à Toulouse lors de
l’élection de 1981.
Personnages fouillés, analyse sociologique efficace,
intrigue soutenue, tout cela dans un style fluide, Serge Joncour connaît bien
son sujet, mieux, il en est issu. On sent toute sa compassion devant un monde
en pleine mutation. Et tout son amour et son respect pour les êtres vivants.
Son roman a obtenu le Prix Femina en 2021. Une
reconnaissance largement méritée pour Serge Joncour, auteur de nombreux romans
sensibles, ancrés dans la vie quotidienne.
Nature humaine est disponible en poche chez J’ai Lu.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 17 mars 2022.
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