Les installations de Moulin-sur-Cance en témoignent. On y
trouve les ruines d’une grande filature, qui employait des centaines d’ouvriers
venus du plateau de Quintenas. Un petit hameau s’était développé autour de
l’usine, avec une chapelle, des jardins, des logements. Dans les années 1860,
le conseil municipal de Vernosc accorda au propriétaire une subvention pour
faire construire un pont sur la Cance à cet endroit, afin de faciliter le
passage des ouvriers. Ce pont suspendu, construit d’après les recherches de
Marc Seguin, est le seul témoin de sa démarche technique. Réhabilité par le
Syndicat des Trois rivières en 2012, il a été classé monument historique, et
mérite le détour.
Quelle est donc cette démarche ? Après les ponts de pierre, on construisait dès 1796 des ponts suspendus à des chaînes de grande dimension. Mais les chaînes étaient fragiles. Marc Seguin, issu d’une famille de fabricants de drap de feutres pour la papeterie, connaissait les affres du fil qui casse après une brève surtension. Il avait également remarqué l’étonnante résistance des fils de faible diamètre, qu’ils soient de textile ou de fer. Il imagina que l’on diminuerait le risque en multipliant les fils de même diamètre plutôt que d’utiliser une grosse section. Dès 1821, aidé de ses frères, il chercha à inventer un système de fils métalliques assemblés pour suspendre les ponts. Dans un premier temps, ils construisirent, en 1822, une passerelle derrière leur usine de Saint-Marc sur la Cance. Leur succès conduisit à la construction du premier pont suspendu sur le Rhône entre Tain et Tournon, en 1825. Le pont suspendu de Moulin-sur-Cance fut construit suivant cette méthode en 1860.
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