lundi 3 août 2020

La Camargue à vélo, jour 2 : des Saintes-Maries-de-la-Mer à Aigues-Mortes

Après une bonne nuit réparatrice pour les mollets et les fesses, et un petit-déjeuner copieux, nous prenons congé. Mauvaise surprise : en sortant mon vélo du garage, nous réalisons que le pneu n’est plus dégonflé mais carrément crevé. Heureusement, un loueur de vélos proche accepte de le prendre en charge, pendant que nous achetons les provisions pour la journée. Il est nécessaire de prévoir au matin le pique-nique et la réserve d’eau, car nous ne savons pas si nous rencontrerons sur le parcours un village, un magasin. En une demi-heure, le pneu est changé, le vélo chargé.

Départ 9 h 30, par la route départementale. Lauriers et bigognes éclatants s’étalent sur les murs des maisons basses. Direction le bac du Sauvage à 6.5 km, un bac à câble rustique qui permet de traverser le Petit Rhône. Il fait la navette gratuitement entre les deux rives. Nous y prenons place avec nos vélos, en compagnie de deux automobiles et quatre cavaliers avec leur monture, c’est cocasse. La traversée ne dure que quelques minutes, et nous voilà en Petite Camargue. Changement de département, de région, puisque nous passons en Occitanie, et aussi d’environnement.


Le long du Petit Rhône, des manades se succèdent. Des troupeaux de taureaux noirs cherchent l’ombrage. Plus loin, des chevaux blancs s’approchent, en quête de nourriture. Puis des vignobles à perte de vue. Les publicités des domaines incitent à découvrir le « vin de sable », une curiosité locale. Les cépages classiques, cabernet, merlot, syrah … plantés sur un terroir sableux, présentent des qualités gustatives différentes, les rosés et les gris de Listel sont célèbres. L’histoire précise que seules les vignes plantées sur le sable ont survécu au phylloxéra qui a ravagé les vignobles du Midi vers 1875, d’où leur popularité.


Une pause fraîcheur au château de Montcalm, vieille demeure du XVIIIème et grand domaine viticole. Nous résistons à la tentation de déguster, par crainte de ne plus pouvoir avancer. La route rectiligne longe des canaux envahis de renoncules d’eau. Derrière les haies de tamaris, on devine les roselières et rizières, où hérons, cigognes, canards s’ébrouent librement.

A Gallician, après 30 km de parcours, il est temps de pique-niquer.  Nous retrouvons la Viarhôna, qui longe le canal du Rhône à Sète. Une halte ombragée nous attend à côté du petit port fluvial. On y rencontre d’autres cyclistes. Un café tout proche nous permet de découvrir le village, et finalement nous cédons à l’attraction de la Cave de Gallician ! (Il ne nous reste plus que 17 km à faire). Pas de dégustation, pourtant, pour cause de Covid … mais des précisions sur les vignes du pays : surtout ne pas confondre les Costières du Gard avec les rosés de Provence ! Nous repartons avec deux bouteilles pour tester le vin au retour.


Nous empruntons la Viarhôna pour la fin du parcours. Elle longe le canal du Rhône à Sète sur d’immenses portions rectilignes. Avec le soleil et le vent de face, c’est un trajet long et assez pénible. Enfin le canal se divise en deux branches, nous empruntons celle qui va vers le Grau-du-Roi. Aigues-Mortes n’est plus très loin. Une tour fameuse l’annonce : La Carbonnière. C'est une tour de guet massive, construite au 13ème siècle au milieu des marais, passage obligé avec péage pour atteindre Aigues-Mortes. Belle construction médiévale.

Voilà enfin à l’horizon les remparts et les tours d’Aigues-Mortes. Notre hôtel est proche, en bordure des fortifications construites par Saint-Louis. 48 km aujourd’hui, c’est moins qu’hier, mais j’ai eu du mal à la fin, peut-être parce que c’est le deuxième jour, et que je ne suis pas aguerrie ? Il me faut un peu de repos avant d’aller visiter la capitale de la Petite Camargue.

Un plan au carré, entièrement ceint par une superbe muraille dorée au soleil. Intérieur piéton et touristique. A travers les portes massives, on aperçoit la campagne, et au loin les montagnes de sel des salins du Midi (triste lieu de mémoire du massacre des Italiens en 1893). Des ruelles fleuries, des boutiques, une église fortifiée hélas fermée pour travaux, et une grande place dominée par la statue de Saint-Louis, qui a embarqué ici deux fois pour les croisades, en 1248 et en 1270. 
Reste à trouver la bonne adresse pour manger : ce sera le bistrot Paiou, situé dans une petite rue à l’écart, qui propose carpaccio de taureau et agneau grillé.  Accueillant et délicieux.
Retour à l’hôtel sous un magnifique coucher de soleil rose et rouge qui illumine l’austère Tour de Constance et son reflet dans l’eau. Puis le long des bateaux endormis sur le canal, idéal pour faire de beaux rêves.



Article publié dans le JTT.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire