Remarqué par la qualité de ses dessins, il est envoyé à Paris en 1772,
dans l’atelier du grand architecte Victor-Louis Chalgrin, qui signera l’Arc de
Triomphe quelques années plus tard. Entre 1772 et 1774, Kléber s’initie à
l’architecture néo-classique, sobre et géométrique, qui s’inspire de
l’Antiquité. Il dessine plusieurs projets, tout en menant une vie d’étudiant
débauché. Aimable et généreux, orgueilleux et bagarreur, il accumule les
dettes, les aventures, sa famille finit par lui couper les vivres. Il passe
même quelques jours en prison à Besançon après un duel contre un prétendant
éconduit.
En 1774, Kléber revient à Strasbourg, cherche en vain
du travail. Il se sent coincé, son tempérament fougueux
bouillonne. Le destin le favorise : un jour, dans une taverne, il défend deux
officiers bavarois pris à parti par une meute d’assaillants. Les Bavarois
apprécient son intelligence, sa stature, son courage et lui conseillent de
s’engager dans leur régiment, où ses qualités seront reconnues. Ils intercèdent
pour lui, et en 1775, Kléber reçoit une promesse d’engagement chez les cadets
du prince de Bavière. A Munich il devient adjoint au professeur de fortifications.
Sa prestance, son niveau militaire et la qualité de ses dessins d’architecture
le font repérer par le général autrichien Von Kaunitz qui le prend à son
service à Vienne. Mais on lui refuse le grade mérité de capitaine en 1782, Kléber démissionne et rentre à Strasbourg en 1783. Son demi-frère François-Martin Burger, inspecteur depuis 1780 des
bâtiments publics en Haute-Alsace, lui cède sa place d’architecte à Belfort.
En octobre 1784, Kléber s’installe place d’Armes. Il doit gérer toutes les constructions des villes et communautés de
la région de Belfort. D’abord, la reconstruction de l’église de Chèvremont, terminée en
1787. Puis la réalisation d’un clocher pour l’église
de Larivière. Ensuite l’hôpital de
Thann, les maisons des chanoines de Lure. Enfin la gestion de l’abbaye de Masevaux, les
jardins privés du château de l’abbesse à Florimont. En 1784, Kléber réalise des plans pour la future mairie de Belfort, En paysagiste de talent, il dessine aussi les plans du jardin du château d’Etupes,
résidence de la famille de Wurtemberg qui règne sur Montbéliard. En 1789-1791, il construit le château de
Grandvillars pour Charles de Péseux, seigneur du lieu.
Dès 1789, Kléber adhère aux idées révolutionnaires. Avec ses amis, à
Belfort, il refait le monde. Mais la guerre avec la Prusse et l’Autriche menace. Kléber est détaché
en janvier 1792 auprès du général Wimpfen à Neuf-Brisach. La suite, c’est une
carrière fulgurante d’officier : Kléber est promu lieutenant-colonel en mai dans l’armée du Rhin. Puis général
après ses exploits à Mayence. Envoyé en Vendée, puis à l’armée de Sambre-et-Meuse, il multiplie les victoires. En 1797 il est
présenté à Bonaparte, le vainqueur d’Italie. Kléber est séduit, voilà l’homme
fort dont la France a besoin pour se relever du chaos. Bonaparte projette la conquête de l’Egypte. Kléber embarque avec lui
à Toulon le 18 mai 1798.
En Egypte les batailles s’enchaînent, tandis qu’en France le Directoire
perd pied. Bonaparte décide de rentrer prendre le pouvoir. Il laisse le
commandement de l'armée d'Égypte à Kléber, le 22 août 1799. Kléber arrive à
tenir le pays. Le 14 juin 1800, alors qu’il discute avec l’architecte
Protain des plans de sa résidence, un
fanatique syrien l’assassine d'un coup de poignard dans le cœur. Après avoir tant de fois frôlé la mort comme général, c’est en
architecte que Kléber s’éteint.
Article publié dans l'Esprit Comtois n°17 (été 2019).
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