Ali va connaître les camps de harkis, puis les banlieues
tristes, s’efforçant de travailler pour nourrir sa famille, et cacher sa déchéance.
Son fils Hamid, lié par le silence paternel, oubliera ses racines, synonymes de
cauchemar. Ce n’est qu’à la troisième génération que Naïma, fille d’Hamid,
essaiera de comprendre pourquoi on ne parle jamais du passé, de l’Algérie,
pourquoi on n’y va pas. Elle décide d’enfreindre le tabou, d’y aller.
Ce roman brosse l’histoire d’une famille et d’une nation, l'Algérie, entre 1950 et 2015 : la colonisation, la guerre d’indépendance puis
civile, enfin la dictature qui cache son nom. Le peuple est chaque fois le grand
perdant, qu’il reste ou qu’il parte. Une lecture très éclairante de l’histoire
contemporaine, sans jugement, qui explique bien des comportements, des
préjugés, des haines. Et une révélation sur la vie dans les camps de harkis en France,
ainsi qu’en Kabylie actuelle.
Le côté pédagogique resterait stérile sans la chair donnée à
ce roman d’apprentissage. Naïma veut comprendre ce silence familial. Pleine de
contradictions, à l’image de sa nature de Française d’origine algérienne, c’est
au contact d’artistes qu’elle appréhende le mieux la réalité qui l’entoure. Ses
émotions, ses interrogations, les réactions de son corps, parlent à chacun, et
ouvrent sur une réelle empathie pour les damnés de l’histoire.
Le parcours d’Alice Zeniter, née à Clamart en 1986 d’un père
kabyle et d’une mère française, nourrit le cheminement du roman. Actuellement
disponible en poche chez J’ai lu.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 16 mai.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 16 mai.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire