Le Verdon est une rivière tumultueuse
qui prend sa source à 2819 m près du col d'Allos et se jette dans
la Durance 175 km plus bas, à Vinon, près de Manosque. Il a creusé
un canyon vertigineux, le plus grand d'Europe, avec des falaises
hautes de 700 m. Curieusement, celui-ci n'a pas connu la notoriété
précoce de son grand frère étatsunien, déjà Parc national en
1919. La faute à l'enclavement de la Haute Provence, sa pauvreté,
l'absence d'infrastructures routières. Et le danger à pénétrer dans les
gorges, aux crues redoutables. Seuls les locaux connaissaient
quelques accès au torrent, depuis leurs villages perchés, ainsi que
la présence de grottes habitées dès le paléolithique (60 sites
préhistoriques découverts, dont le musée de la Préhistoire de
Quinson conserve les collections).
A la fin du 19ème siècle, le Touring
Club de France et le Club Alpin commencent à promouvoir le site
sauvage et spectaculaire des gorges : aménagement d'un sentier
d'accès au Verdon, d'une route en corniche, avec belvédères, et
d'un refuge. Mais le cours du Verdon reste inaccessible. Par ailleurs
un problème plus global se pose : assurer l'approvisionnement
en eau potable des villes comme Aix, Toulon et Marseille, dont la population
explose. Solution : Capter les eaux abondantes du Verdon et donc entreprendre
des travaux hydrauliques. Des tunnels de dérivation, des canaux sont construits à la pioche par des centaines d'ouvriers piémontais.
En août 1905, l'exploration complète
des gorges du Verdon est tentée par le spéléologue, géographe et
hydraulicien Edouard-Alfred Martel. C'est une aventure dangereuse,
mais parfaitement préparée. Une quinzaine d'hommes, dirigés par
Martel et guidés par Isidore Blanc, l'instituteur du pays, fin
connaisseur des lieux, arrivent en 4 jours à descendre le canyon du
Verdon de bout en bout. Leurs lourdes embarcations sont
endommagées dans les remous, portées dans les chaos rocheux, les
bains forcés sont nombreux, le matériel éparpillé. Le
ravitaillement n'est pas toujours assuré depuis les falaises, mais
tout le monde s'en sort vivant. Le Verdon a été vaincu, toute la presse relate l'exploit.
Les relevés de Martel puis d'autres
scientifiques servent à élaborer de nouveaux
travaux hydrauliques. Cinq barrages et autant de retenues d'eau sont édifiés entre 1929 et 1975.
Les terres agricoles voisines bénéficient alors d'une irrigation bienvenue, l'eau potable est acheminée en ville. Les routes d'accès se
multiplient et le tourisme se développe rapidement.
Depuis les lacs de Sainte-Croix et
d'Esparron, on peut maintenant pénétrer dans les gorges jadis
infranchissables, se promener en pédalo ou en paddle dans une partie
du canyon. On peut aussi randonner sur l'aérien sentier Blanc-Martel, long d'une vingtaine de km environ. La région du Verdon est devenue en
1997 un Parc Naturel Régional. Actuellement ses 188 000 hectares
accueillent plus d'un million de touristes chaque année. Lacs et
torrent aux eaux turquoise, sentiers de randonnées, routes en
corniche, points de vue sublimes, c'est le lieu privilégié de tous
les amateurs de nature, de sport, de faune et flore sauvages.
A voir :
Le film Verdon Secret, qui retrace l'épopée Blanc- Martel avec des images spectaculaires.
Article publié dans le JTT du jeudi 28 septembre 2017.
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