Randonnée nature dans les hautes gorges du Verdon. Le mythique sentier
Martel n'étant pas à notre portée, notre objectif est plus
modeste : le paisible chemin des pêcheurs, tout au fond du canyon,
au bord de l'eau. Pour y parvenir, il faut quand même dégringoler
près de 300 m, sur un sentier abrupt et caillouteux, et sous un
soleil de plomb.
Du col de l'Olivier où nous sommes garés, la vue est
impressionnante sur les hautes falaises, que les vautours survolent
en spirale. Notre guide explique. Le Vautour fauve, à l'envergure
imposante d'environ 2,5 mètres, au bec recourbé, aux serres
acérées, n'est pas le prédateur terrifiant qu'on imagine. Malgré
sa taille c’est un oiseau incapable de capturer une proie vivante.
Son poids (8 à 10 kg) ne lui permet pas de se déplacer en vol battu
très longtemps. C'est un oiseau planeur qui se laisse porter par les
mouvements d’air pour s’élever sans effort à plusieurs
centaines de mètres au-dessus du relief ou parcourir de grandes
distances. Quand il a mangé un dixième de son poids, il ne peut
plus s'envoler ! C'est ainsi qu'il a été éliminé de Provence
il y a un siècle.
Depuis 1999 les vautours ont été réintroduits dans les hautes
falaises des gorges du Verdon, à cause de leur rôle essentiel dans
la chaîne alimentaire. Ces rapaces nécrophages sont les éboueurs
de la nature. Ils consomment les charognes et éliminent bactéries
et virus. Limitent la propagation des maladies, les sources de
pollution et protègent les nappes phréatiques dans les massifs
calcaires perméables. Ces géants des airs, au long col duveteux,
au plumage fauve ourlé de noir et à la collerette blanche vivent
désormais en colonie sur les falaises de Barbin.
Revenons à nos chamois. La descente dans les gorges offre de belles sensations. Les couleurs éclatantes, ciel bleu, Verdon
émeraude, caché tout au fond entre rochers blancs et buissons
sombres piquetés des premières nuances automnales. Les odeurs de thym, de sarriette, de cade, de buis, dont on
fait les boules cloutées. Le chant des oiseaux, des grillons, des
cigales. Le Verdon, qui d'en haut semblait un filet d'eau paisible
se révèle un torrent puissant, aux remous violents. On ne le voit
pas, mais on l'entend rugir entre les rochers, puis on sent la
fraîcheur qu'il dégage.
Enfin, voilà le sentier des pêcheurs. Le
lit du Verdon s'élargit, quelques bancs de galets le freinent,
ménageant des coins de baignade, mais il faut être courageux et
vigilant, car il est glacé et le courant est fort.
Un bain de pieds revigorant, un solide pique-nique et une pause à l'ombre
permettent d'affronter la remontée. D'abord le long des fantastiques
cascades de tuf, sèches en cette saison, en passant par les vertes
terrasses de Saint-Maurin, où s'ébattent les papillons, puis
jusqu'à la route des crêtes. Les vautours continuent de planer infatigablement
au-dessus des falaises. Nous rêvons d'un courant ascensionnel pour
humains...
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