Tout commence comme Germinal, dans la misère des corons du
Nord, au début du XIXème siècle, mais le style est alerte et caustique. Puis on
traverse les salons mondains de la haute bourgeoisie des Houillères. Chapitre
après chapitre, génération après génération, on suit ainsi deux familles que
tout oppose, sauf le charbon.
Les personnages ? Des hommes qui ne pensent qu’au
travail ou à la fête, des femmes qui subissent le mariage comme une fatalité,
qu’elles soient riches ou pauvres, des enfants abandonnés aux soins des nurses
ou des orphelinats… Bref, un manque d’amour crucial. D’où jaillit enfin la
révolte : en mai 1968, celle de l’héritière de cette double généalogie,
l’auteur, Sophie Chauveau.
Cette grande fresque raconte un siècle de vie en France, on
y rencontre des personnages féminins hauts en couleurs, comme Micheline, la
femme d’affaires ou Angèle, la
cocotte. La riche documentation permet de s’immerger dans ces
milieux totalement différents, avec en arrière-plan les bouleversements sociaux
en France, et l’épopée du charbon,
fleuron national abandonné au profit du pétrole. Au fil des événements, la
balance des richesses s’inverse, jusqu’à ce qu’une petite-fille immature des
uns épouse à Paris dans les années 1950 un fêtard désargenté issu des autres.
Sophie Chauveau, née à Paris en 1953, a écrit de nombreuses
biographies passionnantes sur la Renaissance, des essais artistiques, tout en
militant du côté du Mouvement des femmes. Dans Noces de Charbon, elle mêle avec
brio la documentation, la fiction et la mémoire intime.
Chronique publiée dans le JTT.
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