Mon séjour à Saint-Pétersbourg
coïncidant avec la semaine de la Francophonie, j'ai pris contact
avec l'Institut Culturel Français de la ville et proposé d'animer
un atelier d'écriture en français, sur le thème Dis-moi dix
mots. C'est ainsi que je me suis retrouvée vendredi 20 mars
devant l'école bilingue n°171, avenue Maïakovski. Une belle façade classique, derrière la porte cochère un concierge
à son guichet, et un immense vestiaire bourdonnant d'élèves.
Première surprise : tous portaient l'uniforme, costume noir, chemise
blanche et cravate pour les garçons, jupe et veste noirs, chemisier
blanc ou noir pour les filles. Plus loin, une cour intérieure, où
plusieurs groupes de lycéens rangés sagement observaient l'éclipse
de soleil. Un professeur nous a conduits au 4° étage, le temps d'apprécier l'attitude respectueuse des élèves, qui s'effaçaient pour nous
laisser passer dans les escaliers, devant les portes.
Dans la salle une dizaine d'élèves de
15-16 ans et leur prof de français m'attendaient. J'ai distribué les
plaquettes apportées de France. Les mots proposés étaient éclectiques,
certains franchement inusités : amalgame, bravo, cibler,
gris-gris, inuit, kermesse, kitsch, sérendipité, wi-fi, zénitude.
Lecture à voix haute, explications détaillées de leur sens, avant
d'utiliser ces mots. Comme dans toute classe, des
élèves motivés, d'autres passifs. Devant eux une simple feuille de papier mais un beau smartphone ! Après un échauffement individuel, leur niveau de
français étant hétérogène, j'ai proposé un jeu collectif autour des sons. Ils ont accroché, et se sont lancés dans la recherche de mots et l'écriture de phrases. Le temps a passé d'autant plus vite qu'en Russie les cours durent 45 minutes, suivis de 15 minutes de pause. Quand la sonnerie a retenti, les élèves se sont envolés comme une nuée de pies noires et blanches, après
m'avoir remerciée.
Retour à l'Institut français, sur
Nevski Prospekt, l'artère chic de la ville. Petit détail
historique : c'est dans cet imposant bâtiment que Sacha Guitry
est né en 1885, son père dirigeait alors la troupe de comédiens de
la Cour Impériale. La responsable, qui avait participé avec plaisir à l'atelier, m'a proposé un cappucino au café voisin.
L'occasion de bavarder en toute complicité, d'échanger nos points de vue, un plaisir du
voyage. Dans ma quête de documents sur Quarenghi, je me suis renseignée
sur la possibilité de visiter la Bibliothèque d'archives russes.
Elle m'a alors raconté l'histoire extraordinaire du Fonds Voltaire …