Au musée de Tournon, une salle dédiée
au poète Charles Forot, mentionne son influence culturelle, avec sa
maison d'édition, le Pigeonnier, et son aréopage d'artistes, le
sculpteur Marcel Gimond, le graveur Jean Chièze, le peintre Pierre
Boncompain, le musicien Vincent d'Indy... Mais il faut aller à
Saint-Félicien visiter la maison de l'artiste, pour comprendre
comment cet Ardéchois charismatique a réussi à faire de son
village un centre artistique vivant, digne des plus grands salons
parisiens, pendant toute la première moitié du vingtième siècle.
Le label " Maison d'écrivain "
est désormais acquis. Lors des visites guidées, Hélène et Thérèse
font revivre avec passion la vie et l’œuvre de l'enfant du pays,
dont elles se souviennent avec émotion.
Charles Forot est né en 1890. Sa mère,
prématurément veuve, rejoint la propriété maternelle, le
Pigeonnier, avec ses enfants. Là, Charles vit des années heureuses,
petit campagnard dégourdi, courant les bois, dénichant les nids,
attrapant les truites à la main. La pension au lycée à Valence,
puis Annonay, n'en est que plus rude ! Atteint de la maladie de Pott
en 1906, il doit interrompre ses études et s'aliter pendant 3 ans.
Cette longue réclusion lui permet de développer son imaginaire et
sa curiosité, stimulé par des échanges réguliers avec son oncle,
un prélat romain cultivé, Mgr Battandier.
A Paris, étudiant à la Sorbonne, il
se lie d'amitié avec de nombreux artistes et intellectuels, dont
certains sont aussi ardéchois. Toute sa vie, il cultivera ces liens,
invitant régulièrement ses amis à passer de longues semaines au
Pigeonnier. Avant l'heure, il invente ainsi le concept de résidence
d'artistes. Pendant la Grande Guerre, le Pigeonnier devient un refuge
providentiel pour les Parisiens, qui peuvent y créer librement. De fructueux échanges d'idées émerge en 1920 la création d'une
maison d'édition : Charles Forot décide de publier ses écrits
et ceux de ses amis, dans des plaquettes de qualité, illustrées par
les meilleurs graveurs et peintres du moment, comme Jean Chièze ou
Jos Jullien. Ainsi paraissent almanachs, recueils de poèmes,
documents, livres d'art, signés Paul Valéry, Charles Maurras, Louis
le Carbonnel, Gabriel Faure ...
Mais l'activité ne s'arrête pas là !
Charles et son épouse Geneviève voyagent, se passionnent pour le
théâtre, le folklore, la botanique, la céramique... En 1925,
première représentation de la troupe de théâtre du Pigeonnier,
sur la terrasse, devant 500 personnes (chacun apporte sa chaise !) .
C'est le début d'une longue tradition de théâtre au village,
reprise aujourd'hui par Felixval. A l'exposition universelle de
Paris, en 1937, Charles Forot promeut le Vivarais à travers ses
poteries et son mobilier. Puis lance avec Marie-Madeleine Bouvier en
1938 le groupe folklorique Empi et Riaume, dont le succès s'est
amplifié au fil des ans. Jusqu'en 1958, il multiplie les initiatives
artistiques en Ardèche, tout en continuant d'éditer ceux qu'il
aime. L'âge mettra un frein à ses activités, le poète s'éteindra
en 1973.
Charles Forot a développé à
Saint-Félicien une vie culturelle de qualité et fédéré les
initiatives locales. Aujourd'hui, le village profite de cet
investissement artistique associatif. Sa maison, ouverte au public,
entend perpétuer son œuvre en encourageant les créations,
lectures, expositions, ateliers. Quant aux ouvrages édités par Le
Pigeonnier, on peut encore les consulter à la Bibliothèque de
Saint-Félicien, qui conserve ce précieux patrimoine.
Visites guidées du Pigeonnier : de
juin à septembre, dimanches et jours fériés.
Renseignements à l'office de Tourisme
de Saint-Félicien : 04 75 06 06 12.
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