Une page d’histoire de l’Italie, à travers une région
méconnue : le Haut-Adige, ou Sud-Tyrol. La dualité du nom illustre le
problème : ce bout de territoire autrichien, livré à l’Italie en 1919, a
été italianisé de force, victime de répression ethnique, puis de terrorisme
dans les années 1960. Après une longue rébellion, cette région multiculturelle
a enfin obtenu un statut autonome. Pacifiée, bénéficiant de l’ouverture des
frontières et de l’avènement du tourisme, c'est maintenant une destination de
vacances privilégiée.
Le roman de Francesca Melandri raconte le parcours de deux femmes
: Eva, fille d’aujourd’hui, bien intégrée dans l’opulent Haut Adige, et sa mère,
Gerda, native du Sud Tyrol miséreux, alors de langue allemande. Un monde macho,
où Gerda, fille-mère rejetée par sa
famille, n’est arrivée à s’en sortir, que par son travail de cuisinière. L’enfance d’Eva est aisée, mais elle a sa part d’ombre :
l’absence du père. D’autant que Vito, figure paternelle de substitution, les a
abandonnées inexplicablement après leur avoir fait connaître le goût du
bonheur. C’est à sa demande, qu’Eva entreprend un long voyage en
train, du Haut Adige jusqu’en Calabre, pour recueillir ses dernières paroles.
Et comprendre.
En toile de fond, l’histoire de l’Italie, de Mussolini
à Aldo Moro, et le portrait d'une
société patriarcale, religieuse, qui évolue vers la mixité sociale
et la tolérance.
Francesca Melandri, écrivain et scénariste née à Rome en 1964, mélange chronique historique et carnet de voyage. Son roman riche et passionnant atteint une dimension universelle grâce à des personnages aux aspirations proches des nôtres.
Francesca Melandri, écrivain et scénariste née à Rome en 1964, mélange chronique historique et carnet de voyage. Son roman riche et passionnant atteint une dimension universelle grâce à des personnages aux aspirations proches des nôtres.
Eva dort est
disponible en Folio au prix de 7.90€.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 3 avril 2014.
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