vendredi 27 décembre 2013

Le Musée de Valence a ouvert ses portes

Le 14 décembre 2013, l'opération Portes Ouvertes qui marquait la réouverture du Musée d'Art et Archéologie après 6 ans de rénovation a été un succès phénoménal : 10 000 personnes se sont empressées d'aller visiter les nouvelles structures. Sur cinq niveaux, un parcours valorise les collections de peintures, permet d'apprécier l'architecture de l'ancien palais épiscopal, et initie à l'art contemporain.

Plus encore que les dessins de Hubert Robert, les toiles de André Lhote, ou les mosaïques gallo-romaines, c'est le le belvédère dominant Valence, qui a récolté tous les suffrages. En plein ciel, l'ouverture à 360° offre en effet une vision superbe sur le Vercors et Crussol, le kiosque Peynet, la cathédrale Saint Apollinaire et la vallée du Rhône jusqu'au défilé de Tain-Tournon.

10 000 entrées en un week-end, c'était précisément la fréquentation annuelle du musée avant les travaux, preuve que cette rénovation était une nécessité. Le cabinet d'architectes Jean-Paul Philippon a réussi à intégrer la restauration du palais épiscopal dans des extensions contemporaines, pour un coût total de 23,35 millions d'euros, financés par l'état, la région, la ville et le département de la Drôme. 

Aujourd'hui, 5750 mètres carrés permettent de profiter de 20 000 œuvres d'art. Des activités pédagogiques et des expositions temporaires sont prévues, un jardin et une terrasse ont été aménagés. Une bibliothèque spécialisée en Art et Archéologie propose 10 000 ouvrages consultables sur place. Depuis l'ouverture, la fréquentation ne faiblit pas.
L'accueil du public se fait place des Ormeaux. Un tracé rouge au sol rappelle les contours de l'odéon qui s'élevait jadis entre cette place et le Champ de Mars. Ce fil symbolique relie Valence à son passé Valentia.

site: museedevalence.fr

dimanche 22 décembre 2013

Chronique littéraire : Dans la mer il y a des crocodiles, de Fabio Geda

Une merveilleuse histoire de Noël. Miraculeuse, et pourtant vraie. Pleine de difficultés, de joies et de promesses. Comment naître sous une mauvaise étoile, et s’en sortir ?

Einaiat est un jeune Afghan de l’ethnie Hazara, c’est dire qu’il est condamné à mort dès sa naissance, cette ethnie étant persécutée à la fois par les Pachtouns et les Talibans. A dix ans, pour lui donner une chance de survie, sa mère l’emmène de l’autre côté de la frontière, au Pakistan. A lui de se débrouiller, elle rentre au pays. A pied, en stop, libre ou caché, Einaiat multiplie les combines pour subsister, gagner sa pitance. Un jour, avec son ami Soufi, il décide de quitter le Pakistan. Objectif : l’Italie, où il connait quelqu’un, et espère accéder au statut de réfugié. Pour cela, il faut traverser l’Iran, la Turquie, la Grèce. Un périple de plusieurs années les attend.

C’est toute la vie humble et dangereuse des immigrés qui s’incarne ici. Travail au noir sur les chantiers, exactions policières, expulsions, marches forcées dans le froid et la faim, passages clandestins des frontières. Ce roman expose clairement leur irrésistible envie de venir en Europe, quel qu’en soit le prix. Pourtant le ton du livre n’est pas amer. Au contraire, il est léger, divertissant, car le point de vue des enfants sur leur situation misérable est décalé, plein d’humour et de fantaisie.

Fabio Geda, né à Turin en 1972, est éducateur et écrivain. Après avoir rencontré et écouté Enaiat, il a décidé de raconter son histoire. Grand succès, traduit en 27 langues, son récit est maintenant disponible en poche, chez Liana Levi Piccolo, au prix de 8.50€.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 19 décembre 2013.


jeudi 19 décembre 2013

Lire, écrire, randonner ... à Gstaad

Pour la plupart des Français, Gstaad évoque paillettes et people, Johnny en tête. Pour les Suisses, Gstaad est synonyme de sports, des paisibles randonnées d’altitude aux compétitions de curling, ski, golf, tennis … Le cadre montagneux est superbe, le village préserve son authenticité, les touristes s’extasient devant les inscriptions gothiques sur les chalets anciens, les expositions de cloches rappellent la fabrication traditionnelle de fromage. Les mélomanes se pressent au Festival Yehudi Menuhin. Alors que manque-t-il à Gstaad ?

Un peu de littérature ! Le Literarischer Herbst a pris l’initiative en proposant au public des lectures d’auteurs suisses alémaniques, de Robert Walser à Arno Camenisch. Et en 2014, l’hôtel Gstaaderhof fera écho, en organisant des semaines de promenades littéraires francophones. On pourra découvrir les œuvres de CF Ramuz ou Roland Buti au fil de balades dans un panorama grandiose. Plus encore : des ateliers d’écriture permettront aux participants d’exprimer par mots et par monts leur créativité, de libérer leur imagination. A vos carnets !

Ces semaines de détente culturelle et tonique, accueillies chaleureusement par l’hôtel, sont programmées en mars, en mai, et octobre 2014. 
Les plumes ont rendez-vous sur l’alpage.


lundi 16 décembre 2013

Délice d'hiver : la confiture de barbarine

La réalisation de cette confiture traditionnelle n’est pas difficile, mais elle nécessite du temps et de l’énergie. Le résultat succulent le vaut bien !

D’abord, il faut trouver une barbarine, au marché ou chez un producteur. La courge barbarine ou gigérine (de Gigéri, petite ville de Kabylie), encore appelée citre du côté d’Apt, et méréville vers Carpentras, est une grosse pastèque cultivée dans le sud-est de la France. Elle n’est pas comestible crue, mais sert de base pour une confiture d’agrumes délicieuse.
Ensuite, il faut peler la barbarine, pour en dégager la pulpe. C’est un gros travail, car la peau est très résistante. Retirer les filaments, les graines (vous pouvez les conserver pour les planter dans votre jardin, vous récolterez ainsi vos propres barbarines à l’automne suivant). Enfin débiter la barbarine en morceaux.
Le plus dur est fait. Reste à s’occuper des autres ingrédients.

Recette classique : 1kg de pulpe de barbarine, 3 oranges et un citron coupés en lamelles, avec leur zeste blanchi préalablement, 1kg de sucre, une gousse de vanille. Mettre le tout dans la bassine à confiture, laisser reposer une  nuit. Remuer. Le lendemain, faire cuire à feu doux pendant 1 h puis laisser reposer.
Recommencer l’opération jusqu’à ce que les morceaux de courge soient translucides. La cuisson en plusieurs fois permet de solidifier cette confiture qui a tendance à rester très liquide, elle lui donne une belle couleur ambrée. Mettre en pots, et déguster. Ou l’inverse !

En pratique, chaque cuisinière a sa propre recette, la confiture de barbarine se personnalise de mille façons. En ajoutant les derniers fruits d’automne : pommes, poires, figues, raisins, coings … En modifiant la quantité de sucre, le choix d’épices (cannelle ou gingembre, suivant le goût). On se rapproche alors de la confiture de Noël, une tradition culinaire d’Alsace, le cadeau « fait maison » des gourmands. 

samedi 14 décembre 2013

Chronique littéraire : Grâce, de Delphine Bertholon

Un roman intimiste, qui flirte avec le fantastique.
Après une longue absence, Nathan, jeune veuf chargé de ses deux jumeaux,  revient passer Noël 2011 dans la maison de sa mère, aux environs de Lyon. Mais les retrouvailles ne sont pas simples, trop de problèmes relationnels subsistent avec Grâce, sa mère, et avec Lise, sa sœur. Impossible de se sentir bien, cauchemars et hallucinations se succèdent. La maison cache un secret, est-elle hantée ? Un fantôme semble s’y déchaîner.

La narration des événements qui adviennent pendant les vacances de Noël 2011 alterne avec le journal de Grâce, en 1981, quand le bonheur a disparu, en même temps que Christina, la jeune fille polonaise chargée des enfants. Christina était la joie de vivre, adorée par Nathan, mais aussi par le père, Thomas. Grâce et Lise ont alors découvert la jalousie. Quel drame s’est joué ? Pourquoi Christina est-elle partie ? Pourquoi Thomas a-t-il aussi quitté la maison ? Tout ce passé douloureux enfoui depuis longtemps, jamais exprimé, interdit aux habitants de la maison de vivre normalement.

Ambiance tendue, irrationnelle, caractères fouillés, liens familiaux décortiqués, l’intrigue est bien menée. Il faut attendre le dénouement pour comprendre l’enchaînement du drame, sa logique, dans une campagne étouffante, et envisager une possible reconstruction.
Delphine Bertholon, née en 1976 à Lyon, a publié quatre romans. Elle est aussi scénariste pour la télévision. 
Grâce est disponible en Livre de Poche au prix de 7€.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 12 décembre 2013.

lundi 9 décembre 2013

Festival Entrevues : 'A iucata (le pari) , de Michele Pennetta

En Sicile,  des courses clandestines de chevaux sont organisées de nuit, loin de tout contrôle. Une économie souterraine, avec paris, défis, violence. Une autre mafia, qui reflète l’ambivalence du pays, entre beauté éclatante et sombres trafics. Cet implacable documentaire nous entraîne dans un monde où les chevaux n’ont que la valeur de leurs jarrets. Pas de discours superflu, mais des images fortes.

Un cheval au galop, attelé à un sulky, sur une route panoramique au-dessus de Catane. Nuit et pluie. Une voiture, phares allumés, suit l’équipage. Des hommes courent à côté. Etrange douceur du jour qui se lève, alors que la force sauvage d’un cheval se déploie, incongrue dans la circulation automobile.

Séquence paisible, à l’écurie, cachée dans une ruelle sombre de la ville. Réduit sordide, surveillé par visiophone. Un gamin, Vittorio, nettoie le crottin, change la paille, brosse l’animal. Quelques caresses échangées. Cheval nerveux, toujours entravé, hypersensible aux bruits. Le patron arrive, aboie ses ordres, il faut harnacher, atteler, vite. Des entraînements successifs, toujours en fin de nuit, dans les rues de Catane, entre les voitures. Ou sur la plage, dans un petit matin rose et bleu. Mais pas d’angélisme, le cheval comme le garçon sont tous deux exploités, sacrifiés au dieu Argent.
Le martèlement des sabots, au pas, au trot, au galop, scande le film, staccato du destin résonnant sur le bitume des boulevards. Ordres hurlés du cavalier, halètement du cheval, voix grasses des parieurs, la bande-son dépouillée laisse la part belle au cheval. Au pas, il rentre, épuisé. A l’écurie, la piqûre de dopage l’attend. Les paris sont ouverts.

Déferlante de la course finale, sur une route déserte, dans la montagne. Un duel de chefs, par animaux interposés. Galop surréaliste des chevaux, brun contre blanc, au milieu d’une horde de scooters et motos lancés à plein régime, dans un vacarme de klaxons. Ni la Madone, furtivement invoquée, ni l’Etna majestueux et impassible, au loin, ne peuvent les sauver. Une interprétation moderne des Cavaliers de l’Apocalypse, annonciateurs de catastrophes.


mercredi 4 décembre 2013

Lithographies de Gantner : La collection secrète...

Bernard Gantner est un célèbre artiste peintre, né à Belfort en 1928. Paysages de neige, fermes sous-vosgiennes en grès rose, bords d’étang, arbres calligraphiés, la nature de sa Franche-Comté natale a nourri son œuvre. Puis d’autres lieux l’ont attiré, sa renommée est devenue internationale, il a exposé au Japon, aux USA, en Suisse… Les musées, collectionneurs et amateurs se disputent ses gravures, estampes, aquarelles et huiles.

En 1998, en hommage à son grand-père, maître d’école à Bourogne, qui l’a initié à l’art, et par amitié pour le maire, il a offert à ce village un local, aussitôt appelée Espace Gantner, et une collection de 580 lithographies et eaux-fortes. A charge d’y organiser des expositions. Ce fut le cas lors de l’inauguration.
Puis les temps ont changé, les choix politiques et culturels aussi. L’Espace Gantner est devenu un centre multimédia, les lithographies sont restées au grenier. Plus de dix ans ont passé. 

Bernard Gantner a ouvert son propre musée dans sa maison, à La Chapelle sous Chaux. C’est là qu’il vit, entre forêts et étangs, dans un immense parc paysager.
En 2010, une réorganisation s’amorce : les lithographies quittent leur grenier, pour la mairie. Changement de tutelle. Mais que faire de cette encombrante collection, quand on n’a ni lieu d’exposition, ni budget ? 

2013. Une bibliothécaire motivée s’emploie à mettre en valeur cette magnifique donation, en organisant des expositions ponctuelles, dans la salle… du Conseil Municipal. Paysages roses et verts au printemps, étangs et canaux en été, forêts et ciels dorés en automne, neiges en hiver, elle choisit chaque fois une trentaine de lithographies parmi les 580 à disposition, pour les présenter au public. Un projet émerge enfin : pourquoi pas une arthotèque ? Proposer des œuvres d’art à la location, c’est un concept original. A destination des entreprises, des collectivités ou même des particuliers. Si vous avez envie de changer de décor…