Superbe salon « Art et tradition du fil », avec exposition
de l’atelier « Si les points m’étaient comptés » au musée de
Brebotte (90). Cette cinquième édition magnifie le talent des doigts de fée, en dévoilant
toutes les techniques de broderie, couture, patchwork...
Sur deux étages, le foisonnement d’œuvres exposées surprend.
D’abord les Diairis, jolies coiffes traditionnelles de Montbéliard, de velours
noir rebrodé de perles. Puis les réalisations de l’atelier brebottais : Nappes, coussins,
marquoirs, serviettes, au point compté, détournant avec humour proverbes et
chansons. Et tous les stands d’amateurs ou professionnelles, rivalisant de
créativité. On vient de Bretagne ou d’Alsace, de Suisse ou de Paris, on brode ou on coud, seule, en
club, ou en couple. On vend bobines et cabas, pochettes et carnets, fils et
tissus, canevas ou rubans. Côté modèles, les dessins naturalistes de MT
Saint-Aubin attirent l’œil par leur délicatesse.
Et puis, tout au fond du musée, l’exposition de « Jours
sur toile » est une pure merveille. Une technique difficile, très prisée,
puisqu’un service de table est parti à Washington pour la Maison Blanche. Comment
fait-on ? Au départ, il faut tirer délicatement des fils dans la toile,
pour donner une transparence, regrouper ensuite ceux qui restent en faisceaux,
les rebroder avec finesse, pour obtenir des dentelles arachnéennes. En laissant
libre cours à son imagination et à sa compétence.
Un savoir-faire traditionnel, et le moyen d’arrondir les
fins de mois dans les fermes des Vosges saônoises au siècle dernier, et jusque dans les années 1960. A l’époque, chaque brodeuse reportait au fur et à mesure les
modèles des jours qu’elle inventait sur une pièce de tissu personnelle, qui lui
servait de mémoire, et d'essai. Une de ces brodeuses, voyant la
fabrication de "jours sur toile" disparaître, a photographié tous les modèles de ses
connaissances, et a constitué ainsi un recueil recensant les différents
types de jours. Elle a ensuite initié des stages, pour assurer la transmission de ce patrimoine artistique. C'est ainsi que la brodeuse présente au salon peut faire connaître cet art, tambour en
main, et explications passionnées à l’appui.
Non, la broderie n’est pas démodée, au contraire. A Brebotte, le club du mercredi accueille toutes les générations, dont une quinzaine de jeunes. La responsable le proclame : ici, on entrelace créativité, habileté, et convivialité.
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