dimanche 14 avril 2013

Femmes pour le Dire, Femmes pour Agir

C’est le nom d’une association qui milite pour l’insertion des femmes handicapées dans la société. Le grand forum, organisé à l’occasion de ses dix ans d’existence, avait lieu à Paris jeudi. J’y étais conviée, via le concours de nouvelles « Etre différente ». Mon texte n’a pas obtenu les honneurs du palmarès, mais j’ai participé au colloque. Etre invitée dans la grande salle des fêtes de l’Hôtel de Ville, en compagnie de l’élite féminine politique, artistique, intellectuelle, ça ne se refuse pas ! Paris vaut bien un aller-retour en TGV.

J’ai été enchantée. Lieux somptueux : ah !  les ors de la République ... Qualité des interventions, aussi, une journée de débats, de conférences, sur le thème Citoyenneté au féminin. Je me suis régalée des exposés de Michelle Perrot, historienne, et Françoise Héritier, anthropologue. Une piqûre de rappel féministe salutaire, des anecdotes rappelant le mépris subi par des femmes jusqu’au XXème siècle, comme Rita Levi-Montalcini, obligée de partager son prix Nobel sur les cellules de croissance, Marthe Gautier, découvreuse oubliée de la trisomie 21. Et avant : La Révolution, refusant l’égalité aux femmes, envoyant Olympe de Gouges à l’échafaud, proclamant la loi  salique... Les politiques présentes, Anne Hidalgo et Roselyne Bachelot, ont été sobres et chaleureuses. Et la présidente non voyante de FDFA, Maudy Piot, est une militante charismatique.


L'organisation logistique m'a épatée : Pour rassembler des centaines de personnes handicapées, il faut prévoir traducteurs en langue des signes, téléscripteur par vélotypie, boucle magnétique pour appareils auditifs, accès pour fauteuils roulants, accueil des chiens d’aveugle. Des bénévoles nombreuses ont encadré, guidé, accompagné le millier d’invités dans une bonne humeur générale. Un buffet somptueux, avec orchestre camerounais, a clôturé la journée.

En tant que provinciale, j'ai été déçue par l'absence totale de relais de FDFA en région. Je suis pourtant une femme qui dit, et qui agit... Mais c'est en projet.
Dehors, magnolias en fleur, carillon joyeux de Notre-Dame : même le printemps est en avance, à Paris !

vendredi 12 avril 2013

Grêle sur les Mille Etangs

La pluie avait cessé, le ciel restait gris. Depuis le Col des Croix, les étangs apparaissaient comme par magie, au détour du sentier, à l’abri d’une futaie, en contrebas d’une prairie, leur éclat métallique agité par le vent. Quelques petits cabanons de pêche, pimpants, fermés pour l’hiver, des hameaux isolés, aux maisons anciennes, aux beaux porches soulignés de grès, sans âme qui vive. Aucun signe du printemps, nos pieds écrasaient feuilles mortes et pommes de pins, des écharpes de brume s’accrochaient aux collines.


Un grondement sourd au loin. Puis un autre. Dans cette nature sauvage, préservée, impossible d’envisager un engin à moteur. Alors ? Les nuages noirs cavalaient dans le ciel. Une grêle soudaine nous a surpris sur un chemin forestier. Pas méchante, l’averse, plutôt une expérience curieuse. Les petits grêlons glissaient sur nos capes presque sans les mouiller, tandis que le chemin blanchissait à vue d’œil. Des millions de billes glacées ont rafraîchi l’atmosphère. Nous nous sommes provisoirement réfugiés dans un ancien four à pain, aux lauzes de grès. Thé, gâteaux, et convivialité, avant le retour sur nos pas, faute de balisage.

Le plateau des Mille Etangs, façonné par les glaciers il y a douze mille ans, valorisé par les moines au Moyen-âge, reste une région préservée et mystérieuse. Les cartes IGN ne sont pas à jour, les points de repères sont indéterminés : rien ne ressemble plus à un étang près d’une maison qu’une maison avec étang. Les autochtones veulent éviter l’invasion touristique, ils méprisent le balisage. Pour visiter cette région bucolique, il faut accepter l’aventure !

Le ciel était nettoyé,  la lumière annonçait l’imminence du soleil, le retour fut pur bonheur. Les couleurs crues explosaient : fougères rousses des
sous-bois, sapins et épicéas vert sombre, landes jaunies, étangs-miroirs lumineux cernés de tourbières, de bruyères, et sous nos pas, un parterre de mousse drue, d’un vert éclatant, souligné par le rose vif des rochers et des murets de grès. Le vent poussait les nuages vers Le Drumont enneigé, qui étincelait au loin, le paysage s’est ouvert, le ciel aussi, le soleil est apparu. Après la pluie le beau temps.

lundi 8 avril 2013

La Cité des Arts de Besançon

Portes ouvertes au public ce week-end, à l’occasion de l’inauguration des lieux. L’architecture est réussie, les grands bâtiments aux façades de bois, verre et aluminium, allusions aux pixels,  respirent l’harmonie et la sérénité japonaise de leur concepteur Kengo Kuma. L’intégration d’une ancienne structure en brique, d’un côté, répond à la beauté pérenne de la tour bastionnée en pierre,  de l’autre. La promenade jardinée le long du Doubs, qui permet d’y accéder, le toit végétalisé, soulignent l’ancrage de la ville dans la nature, et tout le quartier Rivotte bénéficie d’un relooking de prestige.

La Cité des Arts se divise de deux  structures : D’une part le Conservatoire de Musique, qui trouve là un écrin et des conditions de travail idéals. Les salles dévolues aux divers instruments et ateliers, l’auditorium, vibraient des démonstrations et aubades de musiciens épanouis. Et la passerelle supérieure en bois, qui cerne le bâtiment, avec vues sur la ville et la Citadelle, a recueilli tous les suffrages.

C’est du côté du Fonds Régional d’Art Contemporain que j’ai grincé des dents. Autant dire tout de suite que pour moi, l’Art Contemporain est conceptuel, obscur, et élitiste. Il ne parle pas aux émotions, il faut qu’on l’explique. Bref, le contraire de la culture populaire. Comme il y avait foule, je n’ai pas écouté les commentaires, j’ai parcouru en vitesse les deux étages, et je n’ai rien compris au déballage présenté. Une « œuvre »  m’a carrément rendue furieuse : une grande feuille d’alu froissée, posée par terre, ayant l’aspect du papier gras qui entoure un sandwich.  A côté, montant la garde, une jeune employée, priant les visiteurs de ne pas mettre le pied dessus. Cette œuvre interroge notre société. Et moi, je m'interroge : combien a-t-elle coûté au contribuable ?

Ceci m’a rappelé une anecdote à l’ouverture du Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg en 1998 : une des femmes de ménage, le premier soir, avait envoyé le sac poubelle-œuvre d’art rejoindre les autres détritus. Sac-rilège !

samedi 6 avril 2013

Chronique littéraire : L'écologie en bas de chez moi, de Iegor Gran


Un grand pavé dans la mare verte ! Iegor Gran livre ici un pamphlet très ironique contre l'écologie, qu'il qualifie de nouvelle idéologie totalitaire du XXI ème siècle...

Ce n'est pas qu'il soit contre la planète, non, mais il se moque de l'intégrisme des partisans de l'écologie obligatoire et bien pensante. En premier lieu, de son copain Vincent, l'archétype du bobo, qui roule à vélo à Paris, mais passe ses vacances à l'autre bout du monde. Le photographe Yann Artus Bertrand est aussi dans le collimateur, à l'occasion de la sortie de son film Home, distribué comme un manifeste de propagande, grâce à des sponsors qui en profitent pour se faire une pub éhontée et commercer allègrement.

Ce texte polémique est souvent hilarant, tant l'incohérence en matière d'écologie règne, chez les particuliers comme dans les entreprises : Consommez durable, ou équitable, mais consommez. Les slogans verts font vendre n'importe quoi. Iegor Gran traque la contradiction dans les publicités, dans les salons du développement durable, dans les produits dérivés, et nous faire bien rire.

Iegor Gran a obtenu le grand prix de l'humour noir pour ONG, qui racontait la lutte fratricide de deux organisations caritatives se disputant le même immeuble parisien. Il réitère ici ses outrances, en contestant l'écologie à tout prix, et l'uniformité du discours actuel. Il ne propose pas de solutions, mais provoque une saine réflexion sur le sujet.
Ingénieur de formation, né à Moscou en 1964, arrivé à Paris à l'âge de 10 ans, c'est un observateur de la société, mordant et contestataire.
L'écologie en bas de chez moi est disponible en Folio, au prix de 5,65 €.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi  4 avril 2013.

lundi 1 avril 2013

Joyeuses Pâques !

Cette année, un vieux dicton revient à l'honneur : 
"Noël au balcon, Pâques au tison."