Etrange destin que celui de ce vallon
perdu au milieu des Alpilles. Relief tourmenté, inhospitalier,
arbres tortueux, roches creusées, cavernes inquiétantes, ce fut l'
« Inferno » de Dante, bien avant de servir de décor au
film de Cocteau « Le testament d'Orphée ».
Dès l'Antiquité, on a exploité ses
carrières de calcaire blanc, idéal pour la statuaire et la
construction. Le village des Baux, perché sur son éperon rocheux,
avec son château féodal, en est la preuve éclatante.
L'extraction a creusé des cavités de plus en plus profondes sous
terre, tandis qu'au-dessus, sous le soleil de Provence, le site
attirait les artistes, Daudet, Van Gogh, Picasso, subjugués par le
côté fantastique des paysages. Maintenant, les touristes déferlent
par milliers sur leurs traces.
Les carrières ont cessé leur
activité. Ré ouvertes en Cathédrale d'images dès 1975, pour des
projections publiques, elles ont retrouvé une splendeur inégalée
avec la stupéfiante scénographie lumineuse et sonore installée
depuis 2011, dans le style des Lumières de Lyon.
Le public entre sous terre par des
portes majestueuses taillées dans la roche. Il s'avance dans un
dédale de salles cyclopéennes, d'une quinzaine de mètres de haut,
sur les parois desquelles un déferlement d'images de synthèse
remplit tout son champ visuel. Les œuvres de Van Gogh et Gauguin
s’enchaînent, se mélangent, s'opposent, se répondent. Il ne
s'agit pas simplement de 3D, plutôt d'un sorte de Mégarama à 360°,
qui immerge entièrement les spectateurs dans les champs de
tournesols, d'iris, d'oliviers de Vincent, puis les entoure de
Bretonnes de Pont-Aven ou de Tahitiennes alanguies sur la grève.
C'est féerique, époustouflant, magique, grandiose. Et
l’enchaînement, ou le déchaînement, d'images dure une
quarantaine de minutes.
Au dehors, le village perché des
Baux, un des plus beaux de France pourtant, paraît convenu. Décor
de carte postale : ciel bleu pur, végétation méditerranéenne
agitée par le vent, constructions de pierres blanches accrochées au
rocher. Des ruelles pavées, des maisons soigneusement restaurées en
boutiques ou cafés pour touristes, le château des Grimaldi tout en
haut (en ruines, mais payant). Pas de surprise. Seuls, le superbe
panorama depuis les remparts, et la chapelle des Pénitents
recouverte des fresques de Brayer, permettent de retrouver une
sensation d'émerveillement total.
Si vous passez par la Provence, ne
ratez pas les Carrières de Lumières. Sinon, visitez leur site, qui
donne une bonne idée de l'émotion visuelle ressentie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire