dimanche 7 octobre 2012

Val d'Enfer ... Carrières de Lumières

Etrange destin que celui de ce vallon perdu au milieu des Alpilles. Relief tourmenté, inhospitalier, arbres tortueux, roches creusées, cavernes inquiétantes, ce fut l'  « Inferno » de Dante, bien avant de servir de décor au film de Cocteau « Le testament d'Orphée ».
Dès l'Antiquité, on a exploité ses carrières de calcaire blanc, idéal pour la statuaire et la construction. Le village des Baux, perché sur son éperon rocheux, avec son château féodal, en est la preuve éclatante. L'extraction a creusé des cavités de plus en plus profondes sous terre, tandis qu'au-dessus, sous le soleil de Provence, le site attirait les artistes, Daudet, Van Gogh, Picasso, subjugués par le côté fantastique des paysages. Maintenant, les touristes déferlent par milliers sur leurs traces.

Les carrières ont cessé leur activité. Ré ouvertes en Cathédrale d'images dès 1975, pour des projections publiques, elles ont retrouvé une splendeur inégalée avec la stupéfiante scénographie lumineuse et sonore installée depuis 2011, dans le style des Lumières de Lyon.
Le public entre sous terre par des portes majestueuses taillées dans la roche. Il s'avance dans un dédale de salles cyclopéennes, d'une quinzaine de mètres de haut, sur les parois desquelles un déferlement d'images de synthèse remplit tout son champ visuel. Les œuvres de Van Gogh et Gauguin s’enchaînent, se mélangent, s'opposent, se répondent. Il ne s'agit pas simplement de 3D, plutôt d'un sorte de Mégarama à 360°, qui immerge entièrement les spectateurs dans les champs de tournesols, d'iris, d'oliviers de Vincent, puis les entoure de Bretonnes de Pont-Aven ou de Tahitiennes alanguies sur la grève. C'est féerique, époustouflant, magique, grandiose. Et l’enchaînement, ou le déchaînement, d'images dure une quarantaine de minutes.

Au dehors, le village perché des Baux, un des plus beaux de France pourtant, paraît convenu. Décor de carte postale : ciel bleu pur, végétation méditerranéenne agitée par le vent, constructions de pierres blanches accrochées au rocher. Des ruelles pavées, des maisons soigneusement restaurées en boutiques ou cafés pour touristes, le château des Grimaldi tout en haut (en ruines, mais payant). Pas de surprise. Seuls, le superbe panorama depuis les remparts, et la chapelle des Pénitents recouverte des fresques de Brayer, permettent de retrouver une sensation d'émerveillement total.
Si vous passez par la Provence, ne ratez pas les Carrières de Lumières. Sinon, visitez leur site, qui donne une bonne idée de l'émotion visuelle ressentie.


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