jeudi 24 octobre 2024

De la politique à la littérature: Mireille Clapot et le Liban

Mireille Clapot, députée de la Drôme de 2017 à mai 2024, n’a pas simplement adhéré à l’étiquette En Marche, c’est une vraie marcheuse au sens premier du terme. Après avoir fréquenté les chemins de nombreux pays, elle a randonné à l’été 2022 à travers le Liban. Et comme l’écriture est une de ses passions, elle en a tiré la substance d’un nouveau roman : « Le dompteur du Loup-sentier au Liban », où elle trace un portrait réaliste de ce pays, à travers les aventures d’un groupe de jeunes randonneurs.

Le Liban vit actuellement une tragédie meurtrière, comme il en a connu tant d’autres au fil de son histoire. Les 18 communautés qui le composent n’arrivent pas à s’entendre, chacune se bat pour conserver ses privilèges. L’état est inexistant, les hommes politiques corrompus. A défaut d’électricité il faut acheter des générateurs. A défaut d’eau potable, il faut acheter des bouteilles. La crise économique a fait exploser le chômage, le clivage entre riches et pauvres est énorme, la vie quotidienne extrêmement difficile pour ceux qui n’ont pas d’argent. Pourtant les Libanais aiment profondément leur pays.  « Si vous avez compris le Liban, c’est qu’on vous l’a mal expliqué », plaisante Mireille Clapot.

Tout cela constitue le décor du récit, qui est aussi un roman d’aventures, de dépaysement, et d’initiation. Michel, guide de montagne, accompagne une petite troupe de cinq ados en crise dans un trek de deux semaines à travers les montagnes du Liban. L’objectif est d’apprendre à vivre ensemble, malgré des origines différentes. Comment une « princesse » de Beyrouth, une jeune chiite voilée, un réfugié syrien, un musicien homo, et une chrétienne en surpoids vont-ils se confronter, s’apprivoiser, se supporter ? C’est tout l’enjeu du livre. Les embûches du sentier ne les ménagent pas, balisage disparu, saccage de la montagne, méfiance des villageois, fatigue, faim, soif… Les tiraillements internes sont inévitables. Un apprentissage de la tolérance, avec l’espoir que les jeunes générations libanaises arriveront un jour à vivre ensemble.

Mireille Clapot, après deux mandats de députée de la Drôme, a perdu son siège à la suite de la dissolution de l’Assemblée nationale en mai dernier. Mais ses engagements humanitaires, ses actions en faveur de la mobilité douce et de l’accès au numérique sont maintenant relayés par Arche Agglo. C’est l’important.  Pour le reste, si vous comprenez la politique actuelle, c’est qu’on vous l’a mal expliquée !

« Le dompteur du Loup-sentier au Liban » est disponible aux Editions des Impliqués.

Article publié dans le JTT du jeudi 24 octobre 2024.

samedi 19 octobre 2024

La Mofette de Neyrac, une étonnante curiosité géologique

Qu’est-ce qu’une mofette ? c’est une fissure d'origine volcanique d’où émanent certains types de gaz, souvent toxiques, principalement du dioxyde de carbone. Elle s'oppose aux fumerolles par l'absence de soufre. Les exhalations pestilentielles dégagées expliquent son nom, le même que celui de la mofette, animal connu pour sa puanteur.

A Neyrac-les-Bains, petite station thermale du pays des volcans d’Ardèche, se trouve une des trois seules mofettes d’Europe. Soigneusement grillagée, on peut y pénétrer avec un guide, et comprendre sa dangerosité grâce à l’installation réalisée par le plasticien Bruno Nury : une roue entraînée par des vasques d’eau portant des bougies qui s’éteignent dès qu’elles s’approchent du sol. La mofette a d’ailleurs été appelée le chemin de la mort pendant très longtemps. On y trouvait des animaux morts, les habitants y apportaient même en été leurs matelas pour se débarrasser des puces !

Le nom de Neyrac fait référence à la présence d'eau, il provient probablement du nom du dieu gaulois Nérios, divinité personnifiant la source thermale (latinisé en Nerius). Les thermes furent créés dès l'Antiquité. En 121 av. J.-C. les Romains furent les premiers à bénéficier des eaux pour soigner les maladies de peau et les rhumatismes, puis les thermes connurent un nouvel essor au Moyen Âge pour guérir les lépreux. Ensuite, jusqu’à la Révolution, Neyrac n’est plus visité que pour sa mofette de gaz carbonique et les visiteurs se contentent simplement de boire son eau.

Le déclin se poursuit jusqu’en 1983, quand la municipalité de Meyras décide de réhabiliter la station thermale. Le limon thermal de la station, d'origine volcanique, d'une teinte ocre rouille, associé à une argile très pure devient le fleuron du traitement thermal. Neyrac est en effet dominé par le volcan du Souilhol, et construit sur le site comblé du Maar Doris, son cratère d'explosion. Ce type de maar se crée lorsqu'un magma (lave) très chaud 1200 C° rencontre l'eau contenue dans le sous-sol à plusieurs centaines de mètres de profondeur.

De nos jours, les nombreux curistes qui profitent du limon thermal à Neyrac ne savent guère qu’ils passent sur un volcan endormi (et pas éteint !). Pourtant la Mofette est là pour le rappeler. Et même les baigneurs, au niveau de l’Office de tourisme, peuvent observer le phénomène dans l’Ardèche où quelques remontées de gaz carbonique sous forme de bulles éclatent à la surface de l’eau.

« On a vu souvent
Rejaillir le feu
De l'ancien volcan
Qu'on croyait trop vieux. » chantait Jacques Brel…


Article publié dans la Tribune de Montélimar le jeudi 31 octobre 2024.

vendredi 11 octobre 2024

Chronique littéraire : Humus, de Gaspard Koenig

Un roman innovant, dont le principal sujet est le ver de terre, ses bienfaits, son utilisation. Il y a quand même deux protagonistes humains, Arthur et Kevin, qui se rencontrent pendant leurs études d’agronomie. Au départ, tout les oppose, leur milieu, leurs idées, mais tous deux se passionnent pour l’enrichissement que les vers de terre peuvent apporter aux sols appauvris par les produits chimiques. Ils deviennent d'inséparables complices.

Après avoir obtenu leur diplôme d’ingénieur agro, ils se tournent vers deux voies opposées. Arthur, le fils de bourgeois, reprend la ferme abandonnée de son grand-père pour y vivre de permaculture. Et Kevin, fils d’ouvriers, se lance dans une entreprise de vermicompostage. Chacun doit surmonter de nombreuses difficultés pour réaliser son projet. Le temps passant, ils se radicalisent dans deux postures opposées, le traditionnel contre l’industriel. Leurs projets, leur amitié y survivront-ils ?

A travers ces deux itinéraires, Gaspard Koenig décrit une société agricole perdue entre deux excès. Il nous introduit dans les coulisses des milieux politico-mondains des décideurs ou dans celui des militants écolo-anarchistes. Tout peut changer, basculer, sauf l’obstination des vers de terre continuant à enrichir la terre de leurs déjections.

Gaspard Koenig, philosophe, essayiste, romancier, connaît ces milieux et s’amuse à les caricaturer tout en partageant une solide documentation avec le lecteur. Né à Neuilly en 1982, il a déjà été prof, plume de Christine Lagarde, acteur, il a aussi fondé un parti politique. Un homme qui ne manque pas d’idées neuves et en fournit la preuve dans ce roman subversif.

Humus est disponible en poche chez J’ai Lu.

hronique publiée dans le JTT du jeudi 24 octobre 2024.

jeudi 3 octobre 2024

Soirée olympique au Détour des Mots

Jeudi 26 septembre, l’équipe de la librairie tournonnaise proposait une lecture théâtralisée du livre « les Olympes », réalisé sous la direction de Carole Trébor. Un ouvrage qui présente huit portraits de femmes fortes, d’athlètes qui ont lutté pour pouvoir pratiquer leur sport au même titre que les hommes. En natation, judo, tennis, marathon, football… ces femmes ont osé affronter les tabous de leur époque. Carole Trébor a voulu leur rendre hommage en cette année olympique.

Les deux comédiennes de la troupe Carrelage Collectif, Juliette de Ribaucourt et Sarah Bretin, ont mis en scène deux de ces destins, Gertrude Ederle et Rena Kanokogi, avec une gouaille réjouissante, alternant stricte lecture et pitreries judicieuses. Le public ravi par la prestation originale et loufoque a applaudi chaleureusement.

Après un échange avec Carole Trébor et Jo Witeck, deux des autrices des portraits, une séance de dédicaces a clôturé cette soirée jubilatoire consacrée aux « guerrières » qui ont ouvert la voie du sport aux autres femmes.

Le livre « Les Olympes » est édité chez Albin Michel et disponible en librairie au prix de 15.90€.

Article publié dans le Jtt du jeudi 3 octobre.

mardi 1 octobre 2024

Bravo aux Amis du patrimoine larnaggio

Les journées du patrimoine ont connu un grand succès à Larnage. Dès 15h samedi 21 et dimanche 22 septembre, une petite foule attendait devant la mairie, pour suivre une randonnée exceptionnelle, sous la conduite d’un bénévole, Yves.

D’abord direction le château médiéval de Larnage, admirablement situé au milieu des vignes de Crozes-Hermitage. Edifié au 12e siècle, sur un socle granitique, rénové au 16e siècle, il fut en partie détruit lors des guerres de religion, puis abandonné et pillé. Sa situation dominante même a été occultée par des collines de résidus des carrières. Mais ses deux tours reliées par d’imposantes murailles en imposent encore. Et le cadre est exceptionnel !

C’est surtout l’histoire des carrières des Terres Blanches qui motivait le public. Ces carrières de kaolin ont été exploitées depuis l’époque romaine, d’abord pour produire des tuiles et des briques. La présence de nombreux potiers a aussi été attestée par la découverte de multiples tessons au Moyen-âge. Puis des usines de produits réfractaires se sont installées au 19e siècle. Actuellement l’entreprise Panyol de Tain en est toujours exploitante.

Depuis le début de l’année 2021, les adhérents de l’association des Amis du patrimoine Larnaggio, ont entrepris d’aménager et mettre en valeur le site des anciens bassins de délavage et de séchage des carrières de kaolin. Il a fallu débroussailler, retirer des volumes de terre, reconstruire les entrepôts, collecter des objets et documents. Grâce à quoi, Patrick a pu expliquer in situ le travail d’exploitation du kaolin, qui a fait la richesse de Larnage, bien avant les abricots et la vigne !

Merci aux bénévoles du Patrimoine Larnaggio qui ont accompagné les visites lors de ce week-end. Mais surtout bravo à tous les amis de l’association, pour leur investissement régulier, leur travail colossal, qui a permis de mettre en valeur et faire connaître cette histoire industrielle fondatrice du village. Car le nom de la commune, Larnage, provient du latin arenaticum qui signifie « sable ».

Article publié dans le JTT du jeudi 17 octobre.