Juché sur un éperon rocheux au-dessus de la vallée de la Daronne, le village de Pailharès, à 7 km de Saint-Félicien, est un havre de paix, départ de belles randonnées au milieu d’une nature préservée. L’importance passée de ce village est documentée dès le Xe siècle. C’est à travers l’observation de son patrimoine bâti qu’on peut reconstituer son histoire. Anne Schmitt, directrice de recherches en archéométrie à l’université Lyon 2, et maire de la commune, a brillamment partagé ses connaissances dans une conférence donnée à Tournon mercredi soir par les Amis du musée et du patrimoine.
Si on a retrouvé des traces de vie dès l’âge du bronze, puis sous la domination romaine, c’est à partir du Xe siècle que l’importance de Pailharès est reconnue. La Vicairie de Pailharès s’étendait alors jusqu’à Saint-Jean-de-Muzols tandis que la Seigneurie correspondante, dominée par le château de Rochebloine, s’étendait jusqu’à Nozières. Un vaste territoire, qui devint par suite une enclave du Forez en 1296, lors du mariage de la fille du seigneur local avec le comte Hugues, dauphin du Viennois. Et ce jusqu’à la Révolution.
L’église Sainte-Marie avec ses divers agrandissements et rénovations, ainsi que de nombreux détails sculptés dans les pierres des maisons, illustrent l’histoire de ce village fortifié. Son plan carré était ceinturé par trois tours et par l’église. Anne Schmitt a détaillé, d’après ses recherches, l’évolution et l’organisation des bâtiments, ainsi que celles des hameaux alentour : prieuré, moulins, commanderie, maison forte. Une vie locale riche et active s'y est développée. Au recensement de 1893, Pailharès comptait 1884 habitants, répartis entre le centre habité par les artisans et les hameaux où logeaient les cultivateurs. Alors qu’au dernier recensement de 2017, on ne compte plus que 244 habitants. Anne Schmitt a proposé de compléter sa conférence par une visite sur place le samedi 13 avril, une opportunité accueillie chaleureusement par un public très motivé.
Article publié dans le JTT du jeudi 25 avril 2024.