Cette histoire est celle de Luigi Ughetto, le grand-père
d’Alain Ughetto, réalisateur du film. Une
histoire qu’Alain ne connaissait pas. C’est après la mort de son père, que, décidé
à connaître ses origines, il est parti faire des recherches de l’autre côté des
Alpes, près du mont Viso, où un village entier s’appelle Ughettera (la terre
des Ughetto …). Et là, il a pu reconstituer grâce à des témoignages, des
archives, l’histoire de ces émigrés italiens qui ont traversé non seulement la
frontière, mais la faim, le froid, la fatigue, le fascisme et deux guerres. Avec
un accueil pas toujours amical à leur arrivée ! Après s’être intégrés, ils
n’ont plus jamais reparlé des difficultés endurées.
Alain Ughetto est plus qu’un réalisateur, c’est un bricoleur
de génie. Son film est exceptionnel car c’est un film d’animation, où les
personnages sont des marionnettes en silicone, les maisons en carton, les murs
en sucre, les arbres en brocolis… Et pourtant on y croit ! Poésie, humour
et système D font du film un pur moment de bonheur. Pas étonnant qu’il ait reçu
un accueil triomphal par le public, et raflé le premier prix au festival de
cinéma d’animation d’Annecy.
Cerise sur le gâteau, ou plutôt sur le panettone, les Drômardéchois peuvent prolonger le plaisir en allant visiter l’exposition « Luigi, le premier, est parti » au Centre du Patrimoine Arménien à Valence. Tous les décors, les objets, personnages, utilisés pour le film y sont présentés, car il a été fabriqué à Valence, aux studios Foliascope. On reste stupéfaits devant l’inventivité des artistes et le travail réalisé. Une superbe performance locale.
Le Centre du Patrimoine arménien, espace culturel dédié à toutes les émigrations, présente à travers « Luigi, le premier est parti » un éclairage complet sur l’émigration italienne, explorant les racines communes aux nombreux descendants d’Italiens de la région. Un film, une exposition, qui évoquent la grande histoire à travers celle d’une modeste famille italienne emblématique … A déguster à tout âge.
Expo visible jusqu’au 12 mars au CPA, 14 rue Gallet à
Valence
Film actuellement dans les cinémas de Romans et Valence.
Article publié dans le Jtt du jeudi 23 février.