Yoann Barbereau proteste de son innocence, veut savoir ce
qu’on lui reproche, mais se heurte au mur de la paperasserie, de la rivalité
entre services et du secret. Il a peut-être déplu par sa liberté de mœurs, de
ton, à une personnalité qui se venge, alors pour le neutraliser, on l’accuse de
pédophilie sur sa propre fille. Une accusation encore plus infâme que
l’arrestation. Emprisonné, il décrit par le menu les turpitudes, les conflits
d’intérêts, les manipulations, les fausses expertises, les aveux extorqués par
une administration omniprésente, opaque et finalement incompétente. Ainsi que la promiscuité dans les cellules, les
sévices, la violence, y compris celle des matons. Rien n’a changé dans les
prisons russes depuis le Goulag !
Côté ambassade de France, le tableau n’est pas joli non
plus. Barbereau est un problème dans une situation politique fragile, il faut
manœuvrer en douceur. D’abord, se taire. Puis ne rien faire. Il semble que les
priorités des diplomates sont, dans l’ordre : se protéger, profiter personnellement de leur
situation, et en dernier servir son pays. Alors, mettre les pieds dans un problème
confus … Au bout de deux ans d’interrogatoires, de séjours en prison, en
hôpital psychiatrique, au secret à l’ambassade, Yoann Barbereau décide de
s’évader. Un récit picaresque, qui reprend à l’envers le trajet de Michel
Strogoff.
Ce récit passionnant est autant un document sur
l’administration russe qu’une œuvre littéraire réussie. Car c’est en partageant
la poésie que Yoann réussit à endurer toutes ses souffrances.
Ce roman est disponible en poche chez Folio.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 12 mai 2022.
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