En Haute-Savoie, dans la vallée du Giffre, Samoëns est une jolie station de montagne qui a gardé un charme authentique, malgré son succès touristique. Vieilles fermes de bois aux balustres ouvragées, petits greniers isolés, où l’on gardait tout ce qui était précieux, par peur de l’incendie, chapelles dispersées au cœur des hameaux, fontaines … Les randonnées, en été comme en hiver, font découvrir, en plus d’une nature alpine superbe, un patrimoine immobilier préservé. Avec un point commun à toutes les constructions : l’utilisation du calcaire bleu gris des montagnes voisines.
Autrefois, à Samoëns, pas moins de 8 carrières exploitaient cette belle pierre aux allures de marbre. Les maçons et tailleurs de pierre regroupés en confrérie dès 1659 étaient si renommés par leur savoir-faire qu’ils étaient appelés sur les plus grands chantiers à travers le monde. Ils contribuèrent ainsi aux fortifications de Vauban, au percement des canaux voulus par Bonaparte, ils construisirent le château de Voltaire à Ferney et participèrent à bien d’autres constructions à Lyon, Grenoble, et jusqu'en Amérique …
Dans le village de Samoëns, les encadrements de porte et
fenêtres des maisons, les soubassements des fermes, les pierres d’angles, le
bénitier de l’église, et de nombreuses tombes sculptées dans le cimetière voisin
témoignent de cette activité. Deux sculpteurs travaillent encore au village,
qui organise tous les deux ans un symposium international de sculpture sur
pierre. Des artistes contemporains d’envergure créent alors à partir du calcaire
ancestral des œuvres installées ensuite au fil des rues.
Eté comme hiver, Samoëns accueille touristes et sportifs attirés par la montagne. Mais ce village authentique a gardé tout son charme en préservant son histoire, ses traditions, et en cultivant une dimension artistique à travers l’architecture locale et son remarquable jardin botanique.
Article publié dans le JTT du jeudi 24 février.