jeudi 29 avril 2021

Balade sportive et culturelle en Ardèche : L'église de Vion et le château d'Iserand

Le village de Vion, à 5 km de Tournon, adossé aux vignes de Saint-Joseph, a une histoire riche et mouvementée. Habité dès l’antiquité, grâce à sa position près du Rhône, il fut ensuite celte, puis romain, enfin carolingien, avant de se développer à partir du Xe siècle comme fief des seigneurs d’Albon (bien qu’enclavé de l’autre côté du Rhône, il était rattaché au Dauphiné viennois et n’appartenait donc pas au royaume de France). La magnifique église romane du XIème siècle, dominant le village telle une forteresse, ainsi que le château d’Iserand, perché sur un promontoire dans les collines voisines, illustrent l’histoire des lieux. 

Une calade bien pentue conduit à l’église Saint-Martin, un des plus vieux monuments religieux d’Ardèche. Du parvis, la vue est spectaculaire sur Vion, les vignes de Saint-Joseph et la vallée du Rhône. L’église, avec son clocher carré percé d’arcatures, était entourée au siècle dernier par l’école de filles, celle de garçons, et le presbytère, aujourd’hui seul le petit jardin de curé, avec sa vigne du Seigneur, est encore dans son jus. 

Le bâtiment est en forme de croix latine, son chevet est massif, mais l’intérieur est de style romano-byzantin, en partie restauré au XIXème siècle, ce qui lui a enlevé une partie de son charme. La principale richesse de la nef est une imposante Pietà en tilleul de la fin du Moyen-Age. Le chœur semi-circulaire et voûté a conservé son caractère roman, il est décoré de colonnettes supportant des chapiteaux avec motifs de feuillages, palmettes, fruits et scènes bibliques. Au centre de l’église, un mystérieux escalier descend vers la crypte, classée aux Monuments historiques, où un vaste couloir voûté dessert des salles souterraines.  Une vasque de pierre, peut-être vestige d’une civilisation gauloise du IIème siècle, et un sarcophage de l’époque carolingienne s’y trouvent.

A environ 4 km, dans la montagne au-dessus de Vion, le château d’Iserand, actuellement sur la commune de Sécheras, fut longtemps propriété du diocèse de Vienne, et donc des seigneurs d’Albon, avant d’être cédé par mariage aux comtes de Tournon au XIIIe siècle. Ce château féodal, ainsi que l’église de Vion, fut pillé et brûlé au XVIe siècle, pendant les guerres de religion. Mais, perché sur son éperon rocheux, en pleine nature, accessible librement, ses ruines conservent une beauté mystérieuse qui en fait un but de randonnée apprécié.

On peut visiter l’église de Vion chaque dimanche grâce à une permanence paroissiale motivée (Tél : 06 02 35 09 99). Puis, par le sentier qui débute au camping de Vion, grimper à travers les chênes et châtaigniers jusqu’à Sécheras. En contrebas, dans un écrin de verdure, se cachent les ruines du château d’Iserand, un site magique à explorer. A travers bois, il ne reste qu’à regagner ensuite doucement la vallée et ses vignes.

Belle balade en Ardèche !

Article publié dans le JTT du jeudi 29 avril 2021.

jeudi 22 avril 2021

Chronique littéraire : Né d'aucune femme, de Franck Bouysse

Un roman cruel, dont l’intrigue palpitante, menée en de courts chapitres, se déroule dans l’obscurité d’une fin de XIXème siècle en France. Drame de la pauvreté, de l’abus de pouvoir, sublimé par la vitalité de l’héroïne, jusqu’à sa libération par la tendresse et les mots.

Rose est une jeune fille de 14 ans, vendue par son père à un maître de forges comme bonne à tout faire. Le service est dur, sous la surveillance d’une marâtre cruelle, le château cache des mystères douloureux. Quand arrivent les sévices, l’étau se referme sur Rose, prisonnière de la folie et des vices du maître. Seul le palefrenier lui accorde un peu d’humanité, avant que la tragédie n'explose. C’est un curé, Gabriel, qui reçoit les carnets où Rose a décrit son calvaire. Il s’en émeut, et peu à peu arrive à dénouer les liens entre le château, l’asile d’aliénés où Rose a été emprisonnée, et deux personnages énigmatiques, Edmond et Charles. Dont l’empathie sera plus forte que la mauvaise donne du destin.

Un roman noir et beau, qui joue avec l’aventure, le fantastique, le romantisme. Et propose un dénouement positif, grâce à l’action conjuguée de femmes fortes et d’hommes tendres.

Franck Bouysse, né en 1965, partage sa vie entre Limoges et sa Corrèze natale. Il est l’auteur de nombreux romans mélodramatiques et policiers.

Son roman est disponible en Livre de Poche.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 6 mai.

jeudi 15 avril 2021

Viviers, 2 000 ans d'histoire et un patrimoine exceptionnel

Viviers est une ville dotée d’un magnifique patrimoine historique, mal connu des habitants de la région. Sa traversée par la nationale 86 ne révèle rien, il faut s’y arrêter et flâner le long du parcours de découverte en libre accès proposé par l’Office tourisme. Départ de la mairie, ancien et majestueux palais épiscopal, dont la salle des mariages est entièrement décorée de fresques à l’italienne, illustrant les saisons et des passages de la Bible.

L’histoire de Viviers, capitale du Vivarais, est riche et tumultueuse, il suffit d’ouvrir les yeux et d’admirer les vestiges pour voir surgir un passé prestigieux. Dans la grande rue pavée, les beaux décors des hôtels particuliers du XVIIIe siècle : mascarons, linteaux, portes… Une Maison des Chevaliers à la superbe façade Renaissance. Puis grimper dans la vieille ville moyenâgeuse, aux ruelles étroites et pittoresques. Portes basses, judas grillagés, verrous énormes, passages voûtés se succèdent jusqu’au sommet de l’éperon rocheux, dominé par la cathédrale Saint-Vincent. La construction romane du XIe siècle fut remaniée en gothique flamboyant au XVIe siècle, par l’évêque Claude de Tournon (oncle du Cardinal François de Tournon). Son chœur lumineux accueille de nombreux concerts en saison. L’esplanade dégagée au pied de la tour crénelée offre une vue spectaculaire sur le Rhône et sa vallée, elle porte le nom de Jules II, le pape mécène de Michel-Ange et Raphaël, qui a fait construire la basilique Saint-Pierre à Rome pendant son pontificat. Et fut d’abord évêque de Viviers en 1477-1478.

Car les évêques de Viviers étaient de puissants princes. La vie de la ville s’organisait alors autour de la cathédrale, de l’évêché, des chapelles. Les chanoines y occupaient les maisons du sommet de l’acropole. Les églises, écoles religieuses, archives diocésaines témoignent encore de ce passé, malgré les carnages perpétrés pendant les guerres de religion. Commencé en 1776, le grand séminaire fut successivement utilisé comme caserne, puis prison, c’est actuellement un centre d’accueil de pèlerins et de retraites, sous le nom de Charles de Foucault, ordonné prêtre lui aussi à Viviers en 1901.

On peut remonter le temps plus loin encore, jusqu’à l’époque romaine, illustrée par le magnifique pont de douze arches de pierre, qui enjambe l’Escoutay. Cette rivière rejoint le Rhône au port de plaisance, lieu d’escale privilégié des navires de croisière avant la pandémie. Car ce sont les touristes étrangers qui apprécient le plus le patrimoine historique de Viviers, où on leur réserve le meilleur accueil.

En plus de son passé prestigieux, Viviers est connue pour son activité de transformation du calcaire local. Des fours à chaux aux cimenteries Lafarge, en passant par les carreaux de mosaïque à motifs médiévaux, tout un patrimoine social et économique, comme la Cité blanche, mérite préservation et rénovation. Les associations locales s’y emploient, dans le but de faire venir un autre public. Et pour finir en chanson, on trouve même à côté de Viviers, sur la D 86, une statue érigée en hommage à Johnny, dans la cour du restaurant « Tennessee ».

A Viviers, on n’arrête pas l’Histoire !



Article publié dans le JTT du jeudi 15 avril 2021.

Uriel formations affiche son nouveau look

Une enseigne flambant neuf est apparue sur la N7, face à la pharmacie du Taurobole. Il s’agit d’Uriel formations, auparavant logée à la pépinière d’Arche Agglo à Tournon, route de Lamastre. La responsable, Nathalie Balbiani, a souhaité une meilleure visibilité pour sa société en plein développement.

Les formations proposées sont multiples : langues étrangères, informatique, bureautique, comptabilité, communication, gestion du stress, et s’adressent à tous les publics, salariés, responsables d’entreprises, particuliers. Les demandes sont nombreuses chez ceux qui doivent s’adapter aux nouvelles normes administratives, au télétravail, prévoir une reconversion, se former aux langues étrangères pour accueillir les touristes, ou simplement avoir envie d’apprendre … le russe, le chinois ou la langue des signes !

Nathalie s’occupe de la stratégie et de la partie commerciale, se déplace en entreprise, accompagne les projets, tandis que Virginie Odeyer accueille le public et se consacre aux tâches administratives. Il faut en effet gérer un planning serré entre les intervenants, tous professeurs certifiés EN dans leur matière, et les stagiaires.

Le coût des formations peut être pris en charge par Pôle emploi ou par les entreprises, chaque salarié bénéficiant d’un compte personnel de 24h de formation par année de présence dans la société. Une formule spéciale pour les particuliers, plus de 60 ans désireux de faire leurs démarches par ordinateur, enfants en révision de langues étrangères, … est à l’étude.

L’archange Uriel, surnommé l’Eclaireur, est associé à la connaissance. Nul doute qu’un tel parrainage plane sur le local chaleureux et fonctionnel de Nathalie à Tain l'Hermitage. 

Uriel formations, 37 avenue Jean Jaurès, 26600 Tain l’Hermitage Tél : 04 27 42 32 53


Article publié dans le JTT du jeudi 15 avril 2021.

jeudi 8 avril 2021

Antoine Bauza, le Maître du Jeu valentinois

Antoine Bauza, est un auteur prolifique de jeux de société. Plus de 30 jeux composent sa ludographie, dont certains ont connu un succès international. Sa dernière création, « Kraken Attack », a été nominée pour l’As d’Or 2021, dans la catégorie enfant, au Festival des jeux de Cannes*. Son fils Estéban, 8 ans, a activement collaboré à la création de ce jeu coopératif qui plonge les joueurs dans l'univers des pirates. C'est la troisième fois que Antoine Bauza voit l'un de ses jeux sélectionné par le jury des As d'Or, qui récompensent chaque année les plus belles créations en matière de jeu de société, au Palais des Festivals & des Congrès de Cannes.

Né à Valence en 1978, Antoine Bauza, après des études supérieures en chimie et en informatique, a passé un Master en jeux vidéo à l'ENJMIN* d'Angoulême en 2003. Il a exercé ensuite comme professeur des écoles, créant des jeux pendant son temps libre. En 2007, son premier jeu « Chabyrinthe » est édité, suivi par « Ghost Stories » en 2008. Depuis 2010 et le succès international de son jeu multi-primé « 7 Wonders » (As d’Or 2011), il se consacre entièrement à la création ludique, animant parallèlement des ateliers de jeux de société et jeux de rôle sur table, dans des ludothèques, salons, écoles de jeux vidéo, magasins…

Antoine partage son atelier valentinois avec deux autres créateurs de jeux, Ludovic et Corentin, ensemble ils travaillent sur des projets personnels ou communs. Son épouse participe aussi à la création graphique. Car élaborer un nouveau jeu est un travail complexe qui nécessite de nombreuses étapes. Il faut d’abord trouver une idée, pour Antoine, cela vient souvent au cours de ses voyages. Ensuite, comme pour une recette de cuisine, il faut inventer un déroulement original à partir de règles existantes. Antoine note toutes ses idées dans un carnet, il y dessine aussi les personnages, les cartes, les supports, met au point les étapes du jeu, les modifications. Puis il les transcrit sur l’ordinateur. Et grâce à l’imprimante 3D, il réalise les premiers prototypes de cartes, jetons, figurines, supports, qui lui permettent de tester le jeu, d’abord en petit comité, puis en élargissant le cercle. Toujours dans son carnet, il note les réactions, relève les erreurs, reprend certains points. Quand enfin Antoine est satisfait du résultat, il lui reste à trouver et convaincre un éditeur de jeux qui assurera la fabrication, la distribution et la traduction du jeu.

Car les jeux de société s’exportent très bien. En Allemagne, dans les pays de l’Est, aux USA, au Japon… Antoine est invité partout à participer à des salons. Plus d’un million de versions de « 7 Wonders » ont été vendues dans le monde, plus que le Monopoly ! En cette année de Covid, s’il n’a pu voyager, il n’est pas amer pour autant, car les ventes de jeux ont explosé.

Les villes de Valence et Romans organisent alternativement un Festival du jeu. Celui de Valence est programmé au printemps 2022, mais à Romans on espère en organiser en août 2021. Antoine y sera en vedette, bien sûr. En attendant, tous ses jeux sont en vente dans les magasins spécialisés, particulièrement à Romans dans la boutique Spoutlink, nouveau temple drômois du jeu de société. 

Le jeu coopératif Hanabi est considéré comme modèle pour l'intelligence artificielle. Amusement garanti à partir de 2 joueurs et de 8 ans !


*L’ENJMIN (École nationale du jeu et des médias interactifs numériques), forme des artistes, des concepteurs, des chercheurs… qui sont aussi des joueurs.

*Le Festival international des Jeux de Cannes est la plus importante manifestation dédiée aux jeux de société du monde francophone. Il décerne l’As d’Or, le prix le plus prestigieux récompensant le meilleur jeu de société édité et distribué au cours de l’année écoulée.

*on peut aussi jouer en ludothèque: https://www.maison-du-jeu-saint-donat.net/

Article publié dans le JTT du jeudi 8 avril 2021.