Emma a été internée quand elle a cassé une vitre dans la filature où elle travaillait depuis l’âge de dix ans. John est tombé en dépression, après la perte de son enfant. Clem est une intellectuelle bourgeoise qui refuse de se marier avec un vieil ami de ses parents. Ils ne sont pas fous, mais pourtant ils sont prisonniers dans ce gigantesque asile de plus de deux mille personnes. Leur liberté est aliénée, ils vivent sous la contrainte et les coups, prisonniers d’un système carcéral qui les exploite, les broie et les retient à vie. Le plus fou, c’est peut-être le psychiatre, le docteur Charles Fuller, qui expérimente sur eux ses théories.
Le bal du vendredi, dans la belle salle d’apparat en fait partie. La musique, l’exercice, la rencontre avec l’autre sexe, cette parenthèse en société permet-elle de revitaliser les âmes perdues ? Une théorie qui ne tiendra pas face à l’eugénisme alors très en vogue dans les milieux politiques.
La description du fonctionnement de l’asile, gigantesque entreprise agricole qui vit en autarcie fait frémir. L’évolution des personnages est intéressante, Ella et John parviendront-ils à s’évader pour vivre une vraie vie ? Un style poétique, mais proche de la nature et de la vie concrète. Le roman se passe en Angleterre, mais il pourrait se passer partout où on enferme les personnes non conformes à la règle. Emouvant, passionnant, bien documenté, il nous fait réfléchir.
Anna Hope est à la fois actrice et écrivaine. Elle est née en 1974 à Manchester (Royaume-Uni).
Son roman « La salle de bal » est actuellement disponible en poche chez Folio.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 7 novembre 2019.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire