Ces deux sites sud-américains prestigieux sont classés à
l’Unesco. Mais si le Machu Pichu, ancienne cité inca du XVème siècle perchée
sur un promontoire rocheux au Pérou, est une destination touristique très
fréquentée, il n’en est pas de même du Qhapac Ñan, « chemin royal »
en quechua, contemporain et tout aussi exceptionnel.
Le Qhapaq Ñan, c’est la Grande route de l’Inca, un réseau de communication monumental s’étendant sur environ 6000 km, le long de la
Cordillère des Andes, depuis la Colombie jusqu’au sud du Chili à travers
Equateur, Bolivie, Pérou, Argentine. Il permettait à l’Inca de contrôler son
Empire, de déplacer ses troupes depuis la capitale Cuzco, d’assurer le transport
des marchandises. Les coursiers à pied pouvaient, grâce à un système de relais
extrêmement efficace, véhiculer l’information à une vitesse étonnante. Le
réseau a permis l’unification de cet empire immense et hétérogène, un des mieux
organisés du monde sur le plan administratif. Il reste un trait d’union entre
les différentes cultures andines. Le réseau complet, avec ses voies
transversales vers le Pacifique et l’Amazonie, comptait plus de 20 000 km.
C’est un des travaux les plus gigantesques entrepris de la main de l’homme.
Hélas, ce patrimoine historique, parsemé de trésors précolombiens, mais malmené
par les intempéries, les destructions, les choix politiques, est en grand
péril.
Une des parties les mieux conservées (130 km) est la voie
mythique qui conduit, à travers la Vallée sacrée, de Cuzco jusqu‘au Machu
Pichu, situé à l’est de la Cordillère des Andes, à 2438 m d’altitude, aux
limites de la forêt amazonienne. Une randonnée de quelques jours, réservée aux
sportifs aguerris car les conditions sont rudes. Pour les touristes ordinaires,
accéder au Machu Pichu demande une autre organisation, car aucune route ne
dessert le village de Aguas Calientes, en contrebas du site. Après
Ollantaytambo, il
faut emprunter la voie ferrée installée dans l’étroite faille que le tumultueux
rio Urumbamba a percée dans la montagne. Un voyage impressionnant, car les
wagons passent au ras du torrent bouillonnant qui charrie des rochers. A Aguas
Calientes, il reste à grimper 400 m encore, à pied ou en navette, jusqu’à
l’entrée du site.
Cet isolement explique pourquoi le Machu Pichu, construit
par l’empereur Pachacútec vers1440, abandonné lors de l’effondrement de l'empire inca, a été oublié durant des siècles. C’est l’archéologue américain
Hiram Bingham qui a redécouvert la cité en 1911.
Des photos, publiées par le National
Geographic, ont ensuite fait la notoriété du site. Le spectacle est sublime :
la magnifique cité s’étend sur la crête entre deux sommets, le Machu Picchu,
« vieille montagne » et le
Huayna Picchu « jeune montagne ». Sa construction a été parfaitement
maîtrisée par les Incas, qui ajustaient les pierres au millimètre, sans
utiliser de liant. La population d’environ 1000 habitants à son apogée bénéficiait
de toutes les commodités, système d’irrigation, cultures en terrasses,
habitations, greniers, bâtiments civils, religieux.
Le climat chaud et humide entraîne des changements de décor
spectaculaires. Au matin, la brume cache le cadre montagneux, laissant planer
le mystère sur la cité, puis le soleil perce et les vestiges émergent peu à peu
des nuages, c’est magique. « Machu
Picchu est un voyage à la sérénité de l'âme, à la fusion éternelle avec le
cosmos, là-bas nous sentons notre propre fragilité. » Pablo Neruda.
A lire : A la recherche de la grande route inca, de
Laurent Granier et Megan Son.
Article publié dans le JTT du jeudi 3 janvier 2019.