mercredi 18 avril 2018

Chronique littéraire : Avant que les ombres s'effacent, de Louis-Philippe Dalembert


On croit tout connaître sur la guerre de 1939-45. Et on découvre ici une prise de position courageuse, symbolique et pourtant méconnue : en 1939, l'état Haïtien vota un décret autorisant ses consulats à délivrer des passeports à tous les Juifs qui en feraient la demande. Seul pays à proposer l'asile sans contrepartie. Une opportunité que saisira le docteur Ruben Schwarzberg.

Ruben est le héros principal du livre. Né en Pologne, réfugié enfant à Berlin où il a fait ses études de médecine, il doit tout abandonner pour fuir avec sa famille les pogroms antijuifs initiés par Hitler en 1938. S'en suivent une série de péripéties, emprisonnement à Buchenwald, traversée de l'Atlantique sur le Saint-Louis, un navire affrété par les demandeurs d'asile, qui sera refoulé partout et devra revenir en Europe, emprisonnement dans un camp en France, séjour enchanteur à Paris … avant de pouvoir émigrer à Haïti, terre d'accueil.

Haïti est le deuxième héros du livre. Un pays bouleversé par les séismes, au passé rebelle, au présent chaotique, à l'économie corrompue, la misère omniprésente, mais où le mélange des populations a donné naissance à une joie de vivre, une capacité d'accueil, une tolérance aux autres cultures qui en fait une terre promise pour les victimes du génocide.

Louis-Philippe Dalembert, né à Port-au-Prince en 1962, professeur à Paris, dépeint son pays et le nôtre avec une tendresse caustique, il manie aussi bien l'amour que l'humour, le lyrisme que le détail des faits historiques. Son hommage à la position pleine de panache de son pays en 1939 est instructif et passionnant.

"Avant que les ombres s'effacent" est maintenant disponible en poche chez Points.

Chronique publiée dans le JTT.

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