C'est une chaise de bistrot, une simple chaise Thonet, qui
soutient l'héroïne, Maria, dans sa tentative de reconquérir sa dignité. Car
Maria a été tondue à la Libération, par une bande de résistants haineux. Elle
avait aimé un capitaine allemand.
Le drame des femmes tondues, au mépris de toute justice, à la
fin de la guerre en 1944-45 est un thème qui n'a guère été traité.
Pourquoi ? Parce qu'il met à jour plusieurs réflexions morales
dérangeantes. Pourquoi tondre les femmes, qui ont aimé des Allemands, alors
qu'elles n'ont nui à personne ? Est-ce pire que faire du marché noir, ou
obéir avec zèle aux nazis sous prétexte qu'on est fonctionnaire ? Pourquoi
les Américains libérateurs, ainsi que les administrations françaises, ont-ils
laissé faire ? Qui s'arroge le droit de punir et pourquoi ? Que
penser de la lâcheté ou des encouragements de la foule présente ? Quels
comptes se règlent derrière cette pratique ? Une vengeance sexiste, un
besoin d'affirmer sa virilité ?
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 29 juin.
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