jeudi 28 juillet 2016

Une expo qui décoiffe : Ben à Hauterives

L'artiste et performeur Ben est à l'origine de l'exposition estivale installée au Château d'Hauterives. Créer chaque été une exposition innovante, tout en respectant l'esprit du célèbre Facteur est une gageure. Mais Benjamin Vauthier, alias Ben, artiste mondialement connu, est l'alter ego... idéal. Lui aussi ponctue ses travaux de petits commentaires narcissiques ! Ses écritures blanches sur fonds noir ont envahi notre vie quotidienne. Apparemment anodines, elles véhiculent une philosophie (im)pertinente, reflet de notre époque. Mais alors que son illustre prédécesseur exaltait dans ses aphorismes le travail, l'effort, la solitude, c'est du côté de la jouissance, de la convivialité et de la provocation que se tourne Ben. En février 2016, il intitule son expo : Le Palais idéal des ego étranges. « Pourquoi Le Palais idéal des ego étranges ? Parce qu'à côté du Palais idéal du Facteur Cheval tout devient étrange, vous, une simple pomme, l'univers et ses trous noirs ».

Sur les deux étages du Château d'Hauterives, Ben expose ses compositions hétéroclites en compagnie de celles de ses amis. Et il n'en manque pas : Depuis plus de cinquante ans, son atelier de Nice est le creuset de toutes sortes d'expériences artistiques. Le principe de l'art brut est simple : Une idée germe, l'exécution est réalisée avec les moyens du bord, sans chercher à faire beau, le résultat doit exprimer l'idée de départ. Ce n'est pas toujours convaincant, mais ça donne à chacun l'envie d'essayer. Puisque la finalité, comme l'écrit Ben, c'est de montrer que « Tout est Art ». On trouve donc à Hauterives des œuvres non conventionnelles, naïves ou humoristiques, parfois réussies, parfois choquantes ou ridicules. Les adultes sont perplexes, les enfants adorent, la polémique s'est installée. Il a fallu isoler dans une pièce les œuvres sulfureuses, qui pourtant ressemblent plus à des blagues de potaches qu'à des profanations dangereuses.

Après l'incontournable visite au Palais Idéal, celle du Château d'Hauterives constitue un contrepoint … idéal. Elle propose l'humour et la détente, dans le cadre verdoyant et ombragé de la colline. Un environnement naturel tel que l'a connu le Facteur : Galaure roulant ses galets, jardins florissants et majestueuses frondaisons du vénérable cèdre.

Le palais idéal des ego étranges, c'est à Hauterives du 29 avril au 28 août 2016.
Ben expose aussi à Montélimar : Je suis ce que je suis, du 25 juin au 31 décembre 2016.

Article publié dans le JTT du jeudi 28 juillet 2016.

jeudi 21 juillet 2016

Balades littéraires, musicales et gourmandes à Tain l'Hermitage

En acceptant d'affronter la canicule, samedi après-midi, les participants à cette plaisante initiative de l’association Tain, Terre et Culture ont redécouvert leur ville autrement, à travers une promenade conviviale agrémentée de parenthèses culturelles. Originaires de la région, ils ont été ravis par l’originalité de la formule, qui permet d’allier randonnée, littérature, musique et gourmandise. Un concept qui correspond parfaitement à la vocation de l’association Tain, Terre et Culture.

Le parcours à travers les vieilles rues de la ville, du Rhône aux vignes, puis des vignes au Rhône par des chemins secrets, a permis de découvrir des ambiances de Tain différentes, inhabituelles.  Pendant les pauses  ombragées, le public a écouté des textes de J. Proal, Colette et B. Clavel, et savouré des moments de musique, interprétés par Mireille et Claude, à la flûte et l’accordéon. Saluons l'opiniâtreté de Mireille luttant contre le mistral qui s'engouffrait dans sa flûte, et faisait valser les partitions, et Claude, portant courageusement son accordéon de 15 kg sur 4 km malgré la chaleur !
La balade s'est terminée en chansons dans la Chapelle de la mairie.  Puis un goûter dans les jardins, préparé par les bénévoles de l’association, (merci aux établissements Valrhona et Pitot), a joyeusement clôturé l’après-midi.


Les prochaines Balades musicales, littéraires et gourmandes auront lieu samedi 23 juillet et samedi 6 août. Rendez-vous à 16 h, derrière la mairie.
Et le dimanche, les balades d’Ernest, le long du Rhône, font découvrir la faune sauvage aux enfants.
Toutes ces promenades sont organisées par les bénévoles de TT&C.

Article publié dans le JTT du jeudi 21 juillet 2016.

vendredi 15 juillet 2016

Concert de charme à l'Hôtel de la Villeon

Quand la chaleur estivale écrase la vallée du Rhône, quoi de plus agréable qu'une soirée dans la fraîcheur d'un jardin ? Cette année, le partenariat entre le festival Vochora et l'hôtel de la Villeon a permis d'organiser un concert dans les jardins en terrasse de l'établissement. Bien cachés entre les murs de la vieille ville de Tournon, ils bénéficient d'une acoustique idéale.

Cigales et grillons ont interrompu leurs stridulations lorsque les quatre jeunes musiciens du quatuor Yako ont fait leur entrée. Les violonistes Pierre Maestra et Ludovic Thilly, Vincent Verhoven à l'alto et Alban Lebrun au violoncelle, ont interprété le Quatuor N°1 op 33 de Haydn, puis l'incontournable Petite musique de nuit de Mozart, avant d'aborder le romantisme avec le Quatuor N°11 op 95 de Beethoven. Un rafraîchissement servi dans le patio de l'hôtel a permis de faire connaissance avec les sympathiques musiciens, tout en profitant du décor de l'hôtel particulier et de ses terrasses. Entre impressionnante glycine centenaire, bigogne flamboyante et hortensia délicat, la vue sur le château et la collégiale se découpant sur les vignobles au crépuscule, est magique.

Gérard Lacombe, Directeur artistique du Festival a éclairci un mystère : le quatuor Yako a remplacé au pied levé le quatuor Nostos, car deux musiciens grecs de ce dernier ont été convoqués sans préavis au service militaire dans leur pays ! Une obligation que l'on ne connaît plus en France. Fort heureusement, Lyon est une pépinière de musiciens, où la musique de chambre est très représentée, grâce à l'Académie de Nouveaux talents du festival Cordes en Ballade. Un autre quatuor, Arethusa, a d'ailleurs assuré un concert l'après-midi à l'EHPAD de la rue des Cévennes. Quand musique et solidarité vont de pair ...
La dernière partie du concert a été consacrée au Quatuor op 80 en fa mineur de Mendelssohn. 
Une musique sombre et émouvante, dont l'interprétation a été ovationnée. Elle a permis au public d'admirer la virtuosité, la concentration et la cohésion des musiciens, imperturbables même lorsque les cloches de Saint Julien ont sonné l'heure. Le charme d'un jardin au clair de lune.

Article publié dans le JTT du jeudi 14 juillet.

Immersion dans Linaë

Enfin, c'est ouvert ! Dès le 6 juillet, les amateurs ont investi le superbe centre aquatique de Tain l'Hermitage. Avec une température extérieure de 35°, et une température de l'eau de 28°, difficile de résister. Le premier jour plus de 560 personnes ont afflué, le deuxième jour, on comptait déjà 450 entrées à 16h, alors que la piscine reste ouverte jusqu'à 21h30. Un grand succès, plébiscité par les enfants, pour qui les vacances commencent dans les joies de la baignade et du pentagliss.

Après avoir payé son entrée, on accède aux vestiaires. Et là, les dimensions impressionnantes du centre deviennent réalité : tout est si vaste ! Couloirs, vestiaires numérotés, où des casiers sont à disposition moyennant 1€ (récupéré à la fin de l'utilisation). La signalétique est bien en place, mais à condition d'y faire attention, sinon on se perd. L'imposant alignement de douches perturbe : les bassins, c'est où ? Tout au fond !
Nous y voilà. Étourdis d'un coup par toutes les sensations qui se mêlent, clarté irradiante, cris, éclaboussures. Il faut quelques secondes pour se repérer. Le bassin d'apprentissage, envahi d'enfants, sous la surveillance de deux maîtres-nageurs en rouge. Le bassin de natation, moins prisé, seuls quelques grands font des concours de plongeons sous le regard vigilant de deux autres maîtres-nageurs. La pataugeoire, où de jeunes parents savourent le plaisir de l'eau avec leurs petits. Les gradins, pour papoter en gardant un œil sur l'ensemble de l'espace aquatique, comme le vigile qui fait des rondes régulières pour assurer la tranquillité de tous.

Dehors, les familles, les bandes de copains et les amoureux sont installés le long d'allées aménagées pour profiter du repos, du soleil et de la superbe vue sur le Rhône et l'Ardèche. Attention aux gabions qui délimitent les différentes zones ! Les gamins réclament des glaces, des boissons, ils savent que la vente est assurée à l'accueil. Mais pour profiter du restaurant, il faudra attendre la fin du mois, il manque encore un apprenti cuisinier.
Si on préfère nager au calme, il faut privilégier le matin ou le soir. De nombreuses activités sportives encadrées sont alors proposées, ainsi que l'accès aux salles de musculation et de détente (planning disponible à l'accueil). Avec une ouverture de 10 h à 20 h ou 21h, tous les amateurs de plaisirs aquatiques peuvent être satisfaits.

Les débuts sont prometteurs. Linaë, divinité de l'eau chantée par Homère, a donné son nom à l'espace aquatique. Mais c'est une autre naïade, Sophie, la directrice de l'établissement, efficace et disponible, qui, avec son équipe,  veille au bien-être de tous.

Article publié dans le JTT du jeudi 14 juillet.

vendredi 8 juillet 2016

Chronique littéraire : Charlotte, de David Foenkinos

Qui est Charlotte ? Une artiste berlinoise juive, née en 1917, réfugiée dans le sud de la France pendant la deuxième guerre mondiale. Elle sera dénoncée, déportée et gazée à 26 ans, mais ses toiles, confiées à un ami, témoignent d’une peinture originale et passionnée.
L’histoire de Charlotte Salomon, c’est aussi la tragédie d’une famille ravagée par le silence, les secrets cachés, les suicides. Et celle de Berlin, où triomphe le nazisme, où Charlotte doit se faire transparente pour suivre ses cours de dessin, et vivre un amour dévorant.
Pour raconter le destin dramatique de cette artiste, D. Foenkinos a choisi la poésie en prose. Etrangement, on s’y habitue, et l’hommage devient élégie.

David Foenkinos a fait plus pour Charlotte. Son livre étant couronné par de nombreux prix, l’œuvre picturale dont il est question a aiguisé la curiosité des lecteurs, qui ont voulu la découvrir. David Foenkinos a alors publié son roman Charlotte dans un deuxième format, en y joignant une cinquantaine de reproductions de gouaches. Un album magnifique, hommage vibrant à une artiste moderne, au tempérament de feu. Une exposition au musée Masséna de Nice a suivi, révélant cette peinture au grand public.
Troisième format pour le roman Charlotte : sa sortie en poche chez Folio.

David Foenkinos est né en 1974. Ecrivain, scénariste et musicien, ses romans légers sont toujours de grands succès populaires. Avec Charlotte, il a changé radicalement de style et de ton, mais toujours avec le même bonheur.

Chronique publiée dans le JTT du jeudi 7 juillet.

vendredi 1 juillet 2016

Le tilleul d’Ivory veille sur la Comté

C’est un des plus vieux et des plus imposants tilleuls de France. Il a été planté en 1477, à l’occasion du mariage de Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, avec Maximilien d’Autriche, héritier du Saint-Empire. A l’époque, la région d’Arbois-Salins, et toute la Franche-Comté, n’étaient pas terres françaises. Sujets de la Bourgogne ou du Saint Empire, les Comtois affrontaient régulièrement les troupes des rois de France qui voulaient annexer leur patrie. C’est lors de ces guerres qu’aurait émergé la fameuse devise de la Franche-Comté : « Comtois rends-toi ! Nenni ma foi. », en hommage à leur détermination et leur courage.

Combien de batailles, de fêtes, de rendez-vous galants, se sont déroulés au pied du grand tilleul depuis 539 ans ? En 1678, soit 200 ans après sa plantation, la Comté a été rattachée à la France. Cette année, la Bourgogne fusionne avec la Franche-Comté … un revirement de l’histoire.
De la détermination, il en faut cependant à l’amateur de botanique pour arriver au vénérable tilleul, qui brouille les pistes. Il se cache sous plusieurs appellations : tille de Bracon, tilleul d’Ivory, tilleul de Grange Sauvaget, tous noms de lieux-dits proches de Salins. Mais la route d'accès étant coupée, il est conseillé de venir depuis Arbois, et d’avoir une bonne carte ! 

Si le plaisir de la découverte se fait attendre, il n’en est que plus grand. La vue de cet arbre majestueux, éprouvé par les siècles, est émouvante. Avec un tronc d’environ 13 m de circonférence, et une hauteur de 19 m, c’est un colosse trapu, mais toujours bien vert. Plus que ses frondaisons, ce qui frappe, c’est son tronc, ses troncs plutôt, entremêlés, noués, troués, aux formes fantastiques.   Si on a la chance d’y venir un jour de juin, le parfum enivrant de ses fleurs l'enveloppe dans un nuage sucré.

Le tilleul d’Ivory est protégé depuis 1996. Mais peut-être qu’avec ses fruits on pourrait fabriquer un élixir de longévité ?