Ce court roman présente avec justesse et émotion l’arrivée des migrants venus du monde entier vers l’Amérique, au début du
XXème siècle. Ellis Island, c’est la Porte d’Or, Golden Gate dans le célèbre film avec Charlotte Gainsbourg. Juste à
côté de la Statue de la
Liberté. Le dernier gardien de Ellis Island, imaginé par l'auteur, est un fonctionnaire
zélé qui a passé 30 ans sur l’île, jusqu’à sa fermeture en 1954. Dans son journal
intime, il note la vie quotidienne, les chagrins et les joies, avec un
mélange de rigueur et compassion.
De l’île on aperçoit Manhattan, synonyme d’une vie nouvelle,
pour tous ceux qui ont fui la misère, la guerre ou la répression. Ils
ont vécu un voyage éprouvant, entassés dans les cales des paquebots, sans
confort ni hygiène. A l’arrivée, ils se sont parés de leurs plus beaux atours, pour
faire honneur à l’Amérique et paraître dignes. Ils débarquent sur Ellis Island,
dans l’espoir d’être acceptés sur le sol américain. Mais tous ne resteront pas.
Désinfection, hébergement, examens médicaux, administratifs,
étude des compétences, tout est organisé dans le centre d’accueil pour repérer
les meilleurs sujets, les plus solides. Rejet des autres, malades, faibles, déchirement
des familles, rêves brisés. Ellis Island est surtout un centre de tri, une
machine qui broie toutes ces populations bigarrées, Russes, Italiens,
Espagnols, Norvégiens … pour en extraire une race d’Américains motivés.
Un beau travail de fiction, dans un style sobre, concret, sans
pathos. On s'imagine au milieu des migrants, aussi bien que si on visitait le fameux
Musée de l’Immigration, installé actuellement sur l’île. Ce symbole du
melting-pot américain perpétue par une mise en scène d’objets, statistiques, photos,
et une liste interminable de noms, le souvenir des millions d’hommes remplis
d’espoir accostant à Ellis Island.
Roman disponible en poche chez J’ai lu.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 11 février 2016.
Chronique publiée dans le JTT du jeudi 11 février 2016.
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